Couloir du château, jour. Mevanwi se tient devant la chambre d'Arthur, qui vient d'en ouvrir la porte, mal réveillé. |
Mevanwi |
Oh pardon Sire, je suis vraiment navrée. |
Arthur |
Hein ? Non non, non non c'est pas grave, j'étais euh... je dormais. |
Mevanwi |
Oh je suis confuse, je venais voir la reine. |
Arthur |
Ah, alors... mais elle est en Carmélide. Voilà. Si je peux vous être utile... |
Mevanwi |
Oh non non, je vous ai assez dérangé comme ça, c'était pour une histoire de fleurs. |
Arthur |
Une histoire de ? De fleurs ? |
Mevanwi |
Non c'est sans importance, je verrai ça au retour de la reine. |
Arthur |
Ouais non non mais attention, parce que c'était... c'était urgent ou pas ? |
Mevanwi |
Non non, aucun problème ! |
Arthur |
Ouais... (Hésite.) Non c'est bon, laissez-moi une minute j'arrive. |
(Ouverture.) |
Cour du château, jour. Arthur croise le père Blaise. |
Arthur |
Ah dites, alors euh... voilà je suis désolé mais je peux pas venir. |
Le père Blaise |
Quoi, vous rigolez ? Qu'est-ce qui se passe ? |
Arthur |
Alors voilà, qu'est-ce qui se passe, il se passe un truc urgent. |
Le père Blaise |
Mais j'avais dit que le manuscrit serait prêt pour demain... |
Arthur |
Hé oui, non mais je sais bien, seulement voilà... je peux pas, je peux pas ! |
Le père Blaise |
Oui, mais alors quand est-ce qu'on va s'en occuper ? |
Arthur |
J'en sais rien, mais une autre fois. |
Le père Blaise |
Oui, une autre fois quand ? |
Arthur |
Je m'en tape« s'en taper » (loc.) Se désintéresser d’une chose ou y être totalement indifférent En savoir plus, je vous dis, c'est dingue ça. Et en plus de ça je vais vous dire un truc, vos séances d'écriture ça me gonfle. |
Le père Blaise |
Oui mais moi ça me met dans la purée, et après j'aurai plus le temps. |
Arthur |
Bon, il m'arrive une tuile de dernière minute, il faut que je m'en occupe tout de suite, voilà c'est capital. |
Le père Blaise |
Capital ? |
Arthur |
C'est capital. |
Parc du château, jour. Arthur et Mevanwi marchent sur un chemin fleuri. |
Mevanwi |
Vous voyez tout ça c'est des glycines, c'est très joli mais votre femme a évoqué l'envie de changer. |
Arthur |
D'accord. |
Mevanwi |
Alors voilà, y a deux propositions. Soit arracher les glycines pour mettre autre chose, moi personnellement je trouve ça dommage, soit conserver les glycines et essayer de faire courir une autre plante par-dessus. |
Arthur |
Tout à fait. |
Mevanwi |
Voilà, en même temps, je sais pas si vous vous sentez tellement concerné... |
Arthur |
Attention, tout ce qui se passe à Kaamelott me concerne. |
Mevanwi |
Non je veux dire, vous avez peut-être des choses plus graves à régler. |
Arthur |
Chaque chose a son importance, d'autant qu'arracher des glycines n'est pas une décision qui se prend à la légère. |
Mevanwi |
Ah surtout qu'on fait venir des pousses de très très loin, ce serait dommage. |
Arthur |
Bah ! Non non non non, on laisse les glycines où elles sont. |
Mevanwi |
La reine avait évoqué aussi la possibilité de changer les glycines contre des plantes à fleurs rouges. |
Arthur |
C'est de la merde. |
Mevanwi |
Pardon ? |
Arthur |
De la merde, pourquoi elle dit « des plantes à fleurs rouges », parce qu'elle est allée chez un cousin, ou je sais pas quoi, elle a vu une plante à fleurs rouges alors du coup elle rentre, il faudrait tout arracher pour foutre du rouge partout ! Elle commence à me gonfler légèrement, celle-là ! |
Mevanwi |
Il faut pas dire ça, Sire... elle fait de son mieux ! |
Arthur |
Hé ben ça suffit pas ! Vous croyez pas que j'aurais le droit moi d'avoir quelqu'un qui a un tout petit peu de bon sens ? Je lui demande pas de m'aider sur les stratégies martiales ou sur le choix des alliances claniques, mais enfin les fleurs... j'estime que ça devrait rouler quand même un minimum sans que je sois forcément obligé de mettre mon nez dedans ! |
Mevanwi |
Elle est probablement distraite... |
Arthur |
(Soupire.) Mais enfin c'est pas compliqué, quel est l'intérêt de cet endroit ? |
Mevanwi |
Je sais pas, de... de se promener. |
Arthur |
Exactement. Se promener. Avec quelqu'un... avec qui on a envie de se promener, à qui on a envie de dire des choses, voilà sous les fleurs blanches. Pas rouges, rouges c'est pour les passions affichées ! Y a toute l'allée centrale là-bas, de mai à juillet, c'est bourré de fleurs rouges. Ici c'est pour les passions inavouées. Voilà, alors il faut des fleurs blanches. Ou jaunes... à la limite. On va faire venir du jasmin. |
Mevanwi |
Du jasmin ? |
Arthur |
De Chine. Jaune. |
Mevanwi |
Jaune ? |
Arthur |
Jaune. Du jasmin d'hiver, quoi. Comme ça on aura des fleurs toute l'année. |
Gauvain |
(Arrive en courant.) Mon oncle ! Mon oncle ! |
Arthur |
Qu'est-ce qu'il y a ? |
Gauvain |
Regardez ce que j'arrive à faire, mon oncle... (Plisse les yeux et allonge son visage.) |
Arthur |
Qu'est-ce que c'est que ça ? |
Gauvain |
(Surexcité.) Je cligne de l'œil, mon oncle ! Rendez-vous compte, hier encore j'en étais incapable ! (Recommence sa grimace.) |
(Fermeture.) |