Cour du château, jour. Bohort, vêtu d'un casque ridicule et armé d'un petit couteau, se tient devant Lancelot, armé d'un immense sabre (rêve). |
Bohort |
Vous êtes sûr que c'est... à mort ? |
Lancelot |
Évidemment Bohort, allons enfin vous connaissez les traditions aussi bien que moi. |
Bohort |
C'est quand même pas malin ! Puisque y a que nous, on peut bien s'arranger ! |
Lancelot |
Écoutez ça va, dites-vous qu'un d'entre nous en réchappera, c'est déjà pas si mal. |
Bohort |
Mais enfin c'est grotesque ! La tradition ne précise-t-elle rien à propos des combats entre cousins ? |
Lancelot |
De quoi ? |
Bohort |
Peut-être que la tradition s'annule dans ce cas-là, c'est même plus que probable ! |
Lancelot |
De quels cousins est-ce que vous parlez ? |
Bohort |
Mais vous et moi ! |
Lancelot |
Je ne suis le cousin de personne. |
Bohort |
Mais bien sur que si... |
Lancelot |
Bohort, je suis un chevalier errant, je n'ai ni attache ni famille ! |
Bohort |
Mais c'est complètement idiot ! Vous êtes le fils du roi Ban ! Il n'y a pas de doute possible ! |
Lancelot |
(Assène un grand coup de sabre sur Bohort.) |
Cuisines, nuit. Karadoc est aux cuisines et se prépare une collation. Arthur et Mevanwi sont assis non loin et le regardent faire (rêve). |
Mevanwi |
(À Karadoc.) Bon, vous vous dépêchez un peu ? |
Arthur |
(Amusé.) Oh, mais alors, mais laissez-le finir ! |
Mevanwi |
Mais il fait exprès, ça m'agace ! Douze ans de mariage, je commence à le connaître ! |
Karadoc |
Il faut bien que je rajoute quelques herbes, sinon, la salade d'endives, c'est fade ! |
Arthur |
Mais oui, surtout que vous avez pas mis de sauce ! |
Karadoc |
Ah non, après, c'est trop gras ! |
Mevanwi |
(Impatiente.) Allez ! |
Karadoc |
Tiens, mon bouillon de poireau est déjà chaud ! |
(Arthur, hilare, couche Mevanwi, riant elle aussi, sur le plan de travail, avant de grimper sur elle, un saucisson entre les dents ; Karadoc mange un fenouil en les regardant faire.) |
Taverne, jour. Perceval et le tavernier sont à la taverne, entourés de villageois. Devant Perceval se trouvent une dizaine de coupes vides (rêve). |
Perceval |
Allez patron, un dernier et je filoche. |
Le tavernier |
Dites, je vous le plains pas là, mais je sais pas si vous allez trouver le chemin du château... |
Perceval |
Attendez, (brandit une des coupes et hurle) aujourd'hui j'ai trouvé le Graal ! |
(Le tavernier et les villageois acclament.) |
Perceval |
Je peux bien m'en jeter un petit pour fêter ça, non ? |
Le tavernier |
Bon allez, comme vous voulez ! (Saisit un pichet.) Allez. |
Perceval |
Merde, c'est lequel ? |
Le tavernier |
Comment ça ? |
Perceval |
Le Graal, c'est lequel ? Je l'avais posé là. |
Le tavernier |
Ah ben j'en sais rien moi ! |
Perceval |
C'est pas vrai, c'est tous les mêmes ! |
Le tavernier |
Bah bien sûr que c'est tous les mêmes, ils viennent du même service ! |
Perceval |
(Paniqué.) Y en a un qui est pas à vous ! Y en a un il file la vie éternelle ! |
Le tavernier |
Merde... |
(Perceval et le tavernier inspectent toutes les coupes ; les villageois s'en mêlent, ajoutant à la cohue générale.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit (rêve). |
Arthur |
(Se réveille en sursaut.) Ha ! |
Guenièvre |
Ben qu'est-ce qui vous arrive ? |
Arthur |
(Hors d'haleine.) Oh la vache ! Oh... |
Guenièvre |
Vous avez fait un mauvais rêve ? |
Arthur |
(Acquiesce en soupirant.) |
Guenièvre |
Et vous voulez pas me le raconter ? |
Arthur |
Non non, ça va merci non, sûrement pas. |
Guenièvre |
(Douce.) Venez... (Retire le bonnet de nuit d'Arthur.) Chut... (Embrasse Arthur sur la joue puis sur le corps, de façon sensuelle.) |