Feue La Poule De Guethenoc
❰ Livre III – épisode 36 ❱
Village de Guethenoc, jour. Roparzh se tient au milieu du village, Guethenoc s'approche de lui. | |
Guethenoc | Excusez, y a moyen de vous entretenir deux secondes ? |
Roparzh | Oui c'est à quel sujet ? |
Guethenoc | Non c'est parce que je suis passé par hasard hier matin devant vos enclos. |
Roparzh | Oui tout à fait. |
Guethenoc | Et j'ai vu que vous avez une jolie petite poule blanche, là. |
Roparzh | Une poule blanche, oui. |
Guethenoc | Oui une poule blanche bien mignonne, voyez, le bel animal. |
Roparzh | Bien sûr, c'est au sujet de quoi t'est-ce ? |
Guethenoc | C'est au sujet qu'en fait c'est la mienne, et que je vais vous mettre un painpain (n.m.) Coup de poing En savoir plus dans la gueule mais quelque chose de... violent. |
Roparzh | Mais tout à fait ! Hé bien je dirais également que le genou peut partir dans les noixnoix (n.f.) Testicule En savoir plus de manière assez soudaine, et que ça pourrait éventuellement vous faire sortir les ballochesballoche (n.f.) Testicule En savoir plus par les oreilles. N'y voyez aucune malice ! |
(Ouverture.) |
Village de Guethenoc, jour. Roparzh et Guethenoc se tiennent au milieu du village ; un attroupement s'est formé autour d'eux. | |
Guethenoc | (Criant.) Si j'ai pas ma poule dans cinq minutes, votre baraque part en fumée ! |
Roparzh | Mais faut rentrer chez vous, là Monsieur ! Faut laisser travailler les honnêtes paysans ! Sans ça vous allez récolter des fourches dans le cul ! |
Guethenoc | Dernier ultimatum ! Si vous livrez pas la poule je désintègre toute la vallée, moi ! Attention hein ! Vous avez affaire à un passionné de violence ! Je serais à votre place je me méfierais ! |
Roparzh | Oh ben merde ! La tuile ! Je suis bien confus ! Hé ben votre poule elle est entièrement décédée ! J'ai retiré la tête du reste, pas plus tard que ce matin ! J'espère que ça va pas vous faire défaut ! |
Guethenoc | Vous avez tué ma poule ? Mais comment ? Est-ce que vous êtes pas un peu marteaumarteau (adj.) Fou En savoir plus ? Parce que là moi ça y est, hein, j'ai les nerfs qui commencent à vriller, je vous montre hein. (Mimant ses promesses.) Moi... moi je bondis, comme ça là, après je vous arrive dessus en piqué diagonal, et là c'est l'hymne à la cruauté, attention hein. Un autel dressé au culte de... de la barbarie. |
Roparzh | Hé ben moi votre poule, je l'ai donnée à becqueterbecqueter (v.) Manger En savoir plus à mon chien, et ça sera le même programme pour vos michesmiche (n.f.) Fesse En savoir plus si vous décarrez pas d'ici ! |
Guethenoc | Non mais c'est bon, y a rien à regretter vous êtes un malade. (Aux badauds.) Messieurs dames, dans quelques instants, le grand spectacle de la souffrance. Hein, si vous pouvez tâcher moyen de vous éloigner de vingt-cinq piedspied (n.m.) Ancienne unité de longueur valant, en équivalent moderne, 32,660 centimètres En savoir plus, bons piedspied (n.m.) Ancienne unité de longueur valant, en équivalent moderne, 32,660 centimètres En savoir plus, hein parce que ça va gicler un peu. |
(Guethenoc et Roparzh se ruent l'un sur l'autre et s'empoignent.) |
Salle du trône, jour. Arthur est assis sur son trône, Léodagan à côté de lui. Devant eux se tient Guethenoc, au visage tuméfié. | |
Guethenoc | Non mais je suis venu simplement pour vous prévenir, pour pas que y ait de malentendu, je me suis vu dans l'obligation d'empoisonner une grande partie des vaches et des moutons de la région. |
Léodagan | Empoisonner les vaches ? |
Guethenoc | Et les moutons, aussi. Enfin pas tous hein, bon j'ai fait une sélection quoi. |
Arthur | Une sélection, mais une sélection selon quoi ? |
Guethenoc | Ben selon les propriétaires ! Tous les propriétaires qui s'appelaient Roparzh et qui habitaient en face de chez moi, hop ! Poison ! Non mais, ça m'a fait mal au cœur hein. |
Arthur | Vous êtes complètement dingue ! |
Guethenoc | Elles étaient condamnées, de toute façon ! |
Arthur | Condamnées par quoi ? |
Guethenoc | Mais par moi ! Je les avais condamnées ! Alors méfiez-vous, hein, voilà, selon d'où viennent les bêtes, vous risquez de tomber un peu malade, si vous mangez de la viande de vache ou de mouton dans les semaines prochaines. |
Arthur | Mais vous vous rendez compte que je pourrais parfaitement vous faire descendre au troutrou (n.m.) Prison En savoir plus pour un truc pareil ? |
Léodagan | De vache ou de mouton, mais on bouffe que ça ! |
Guethenoc | Ah oui et le lait aussi ! |
Arthur | Le lait aussi ? |
Guethenoc | Oh bah le lait ça vient des vaches, c'est quand même pas de ma faute ! |
Léodagan | Ben heureusement, y a encore le lait de chèvre, au moins pour les mômes ! |
Guethenoc | Oh ben, le lait de chèvre c'est bien pareil hein ! |
Arthur | Mais... vous avez dit les vaches et les moutons ! |
Guethenoc | Oh bah les chèvres aussi j'avais oublié, ah ouais. De toute façon ce qu'il y a de mieux pour les mômes, euh... c'est le lait d'ânesse... |
Léodagan | Oui sauf que des ânesses on n'en a pas autant que des chèvres ! |
Guethenoc | Oui, non et puis en plus je vous dis des conneries ! Parce que les ânes je comptais les empoisonner en rentrant ce soir, alors euh... |
Arthur | Bon dieu et tout ça pour se mettre sur la tronche« se mettre sur la tronche » (loc.) Se battre, échanger des coups En savoir plus avec l'autre crétin ! Je devrais vous envoyer tout les deux aux galères pour vingt-cinq ans ! |
Léodagan | Mais « je devrais », « je devrais », vous commencez à nous faire chier avec vos conditionnels ! Balancezbalancer (v.) Lancer, envoyer, expédier En savoir plus-moi ces deux cons aux galères et qu'on n'en parle plus ! |
Guethenoc | Bah tant qu'a nous envoyer aux galères, essayez de pas nous mettre dans la même, parce que ça risque de partir en vrille avant qu'on soit sortis du port ! |
Arthur | Bon. On va vous donner un antidote pour les bêtes empoisonnées. Vous allez partir avec et vous avez la soirée pour vous rabibocher avec l'autre débile. Si demain matin c'est pas fait, vous pouvez préparer vos valochesvaloche (n.f.) Bagage, valise En savoir plus, je vous garantis que vous allez voir du pays ! |
Léodagan | Ouais, c'est pas mal... seulement y a encore une porte de sortie ! « Si demain matin, tatati, tatata », non ! Non ! Non, moi je dis euh... galères ! Direct. |
(Fermeture.) |
Maison de Guethenoc, jour. Roparzh et Guethenoc sont dans la maison de ce dernier, assis à table. | |
Guethenoc | Alors voilà, c'est l'antidote, on soigne vos bêtes, on efface l'ardoise et merci messieurs dames. |
Roparzh | Bon, vous m'avez fait venir pour me présenter vos excuses, c'est ça ? |
Guethenoc | Je vous présente l'antidote ! Alors prenez ce qu'on vous donne et arrêtez de nous souffler dans les narines« souffler dans les narines » (loc.) Importuner, agacer, exaspérer quelqu’un En savoir plus ! |
Roparzh | Mais tout à fait ! En parlant de... d'antidote, hein euh... je souhaiterais vous suggérer un endroit où vous pourriez éventuellement vous le carrer. En vous remerciant ! |
(Guethenoc et Roparzh se lèvent.) | |
Guethenoc | Mais y a... y a... y a pas de... (Flanque un coup de poing à Roparzh.) |
Roparzh | (Flanque un coup de poing à Guethenoc.) |
Guethenoc | (Saisit un saucisson et frappe Roparzh avec.) |
(Dans la lutte, on entend un bruit de verre brisé ; Guethenoc et Roparzh regardent au sol, paniqués.) | |
Guethenoc | Ha ! |
(Noir.) | |
Guethenoc | Là c'est la galère. |
(Stab final.) |