Fluctuat Nec Mergitur
❰ Livre IV – épisode 79 ❱
| Maison de Caius, jour. Arthur et Léodagan entrent. | |
| Léodagan | Et voilà, il est pas là. Qui c'est qui l'avait dit ? C'est bibibibi (pr.) Moi En savoir plus !  |
| Arthur | Ouais euh non, ça va, hein... |
| Léodagan | Mmh. N'empêche que ça vous arrange bien... |
| Arthur | Ben... attendez, on veut voir Caius, on vient chez lui, hein, c'est pas ma faute s'il y est pas, après. |
| Léodagan | Mais il y est jamais ! Faites pas celui qui est pas au courant. Et puis ça vous arrange bien, parce que ce qu'on a à lui dire, euh... vous osez pas, lui dire en face, mmh ? |
| Arthur | N'importe quoi... |
| Léodagan | Mmh. Vous osez, peut-être ? |
| Arthur | Parfaitement. |
| Léodagan | Ben je sais pas comment vous faites. Moi je pourrais pas. |
| (Ouverture.) |
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| Maison de Caius, jour. Arthur et Léodagan discutent. | |
| Léodagan | Et vous allez formuler ça comment, que je me marre ? |
| Arthur | Ben, je lui dirai... ben ce qu'on a dit, quoi ! Qu'on envisage sérieusement de remettre en question le camp romain... |
| Léodagan | Ah ben oui ! Comme ça... oui, euh... « qu'on envisage de remettre en question... » c'est sûr ! |
| Arthur | Mais quoi ? Vous voulez que je lui balance qu'on va raser le camp, là, comme ça de but en blanc ? |
| Léodagan | Si vous en aviez dans le slibard, c'est ce qu'il faudrait faire, oui. |
| Arthur | OK. Je vais lui dire. |
| Léodagan | Hé bah je sais pas comment vous faites. Moi je pourrais pas. |
| Tente de Caius, jour. Caius est allongé sur un divan et mange du pain. | |
| Arthur | (De l'extérieur.) Ho, c'est moi ! |
| Caius | Entrez ! |
| Arthur | (Entre et fait le salut romain.) |
| Caius | Ah vous faites le salut romain, vous maintenant ? |
| Arthur | (Étonné.) Quoi, je l'ai fait, là ? |
| Caius | Ah ben carrément ! |
| Arthur | (S'allonge sur un divan en face de Caius.) Je m'en suis pas rendu compte, c'est machinal. |
| Caius | Ah, vous avez du mal à oublier vos vieilles petites habitudes, hein ? |
| Arthur | Ouais. Vous savez ce qui me manque le plus ? C'est de plus manger comme ça. (Mime l'horizontalité.) |
| Caius | (Lance un morceau de pain à Arthur.) |
| Arthur | Sur un trône, croyez-le croyez-le pas, hé bah... je digère pas bien. |
| Caius | Mais c'est évident ! Même moi, quand je suis en seigneur breton dans ma bicoque... ben dès que j'ai envie de casser la graine, je me mets au plumardplumard (n.m.) Lit En savoir plus. |
| Arthur | Voilà. |
| Caius | (Désignant son divan.) D'ailleurs ça, je l'aurais bien ramené à la maison mais bon... mais vous allez encore croire que j'ai du mal à passer le cap. |
| Arthur | Mais non, mais... attendez. Si dans votre tête c'est bien clair que maintenant vous êtes breton, vous pouvez bien prendre tout le mobilier romain que vous voulez, j'en ai rien à secouer« n'en avoir rien à secouer » (loc.) Se désintéresser d’une chose ou y être totalement indifférent En savoir plus, moi. |
| Caius | Mmh ? Bon on verra. (Criant.) Hé dis donc machin, tu fais péter du raisin, t'es gentil ! |
| Arthur | Mais qui c'est que vous appelez, là ? |
| Caius | Un grouillotgrouillot (n.m.) Subalterne chargé de petites besognes, serviteur, domestique En savoir plus... |
| Le grouillot | (Entre, portant du raisin sur un plateau.) |
| Caius | Bon ben ça va, fais pas la gueule non plus ! |
| Le grouillot | J'ai rien dit... |
| Caius | Ouais mais t'allais dire ! |
| Le grouillot | (Pose le plateau et part.) |
| Caius | Capricieux, hein ? |
| Arthur | Mais attendez, je comprends plus rien moi, je croyais qu'il restait plus que vous, que vous étiez le dernier Romain sur l'île ? |
| Caius | Moi aussi, mais il était là, lui. Je crois qu'il s'était perdu pendant une patrouille, quand il est arrivé tout le monde s'était barré du camp... bon il est là maintenant, il est là hein... il passe le balai une fois de temps en temps, mais bon il est un peu con, c'est pénible. |
| Arthur | Ah ouais. Ça fait bizarre, un camp tout vide, hein ? |
| Caius | Mmh... moi d'un coté, je me dis : « J'ai plus à faire le troufion »... de l'autre, c'est vrai que c'est... c'est un peu triste... |
| Arthur | Vous croyez pas que... hein ? |
| Caius | Quoi ? |
| Arthur | Bah, je sais pas... est-ce que ça vaut bien coup de garder un grand machin comme ça tout vide ? |
| Caius | Bah ! Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ? On va pas le raser, quand même ? |
| Arthur | Le raser, ouais. Le raser ce serait pas mal. |
| Caius | (Semble profondément blessé.) |
| Arthur | Non mais... attendez, putain vous allez pas vous mettre à chialerchialer (v.) Pleurer En savoir plus, sans déconner... |
| Caius | (Jette son morceau de pain, dépité.) |
| (Fermeture.) |
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| Tente de Caius, jour. Arthur et Caius sont allongés sur des divans. | |
| Caius | Mais bon sang, en quoi il vous gêne, ce camp ? Il dérange personne, il est vide ! |
| Arthur | Ben il est pas si vide que ça, déjà, et moi j'ai dit à mon peuple qu'on était libérés de l'oppression romaine. |
| Caius | Oh ! (Rit moqueusement.) « L'oppression romaine » ! Non mais c'est bon quoi, ça va, on n'a pas été salauds non plus... |
| Arthur | Vous voyez, vous dites « on ». Vous vous êtes pas encore mis dans la tête que vous êtes plus romain ! |
| Caius | J'ai dit « on », j'ai dit « on », ouais j'ai dit « on » ouais, tout à l'heure vous avez bien fait le salut romain, hein ? Alors la ramenez pas... |
| Arthur | Bon écoutez. C'est pas compliqué, on rase le camp. Ça vous empêchera peut-être d'y passer votre vie. |
| Caius | Mais j'y passe pas ma vie, j'y suis dans ma maison pourrie, les deux pieds dans la merde de poule ! Ça vous va ? Non mais je... je veux bien qu'on rase le camp, mais pas tout de suite... |
| (Noir.) |
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| Caius | Vous me le laissez encore un tout petit peu, d'accord ? |
| (Stab final.) |
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