Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. Dehors, un orage fait rage. Guenièvre est visiblement apeurée. |
Guenièvre |
Il se rapproche hein... |
Arthur |
Qui ça qui se rapproche ? |
Guenièvre |
L'orage ! |
Arthur |
L'orage ? Eh ben qu'est-ce que ça fout, ça ? |
Guenièvre |
Ça me fait peur ! Voilà ! J'ai peur de l'orage. Vous êtes content ? |
Arthur |
Peur de l'orage ? Mais pour quoi faire ? |
Guenièvre |
Oh mais ne soyez pas stupide ! J'ai peur parce que les dieux sont en colère ! |
Arthur |
Oh non mais ne racontez pas de conneries, je vous en prie ! Il a fait chaud hier, froid aujourd'hui, ça pète, c'est normal ça. |
Guenièvre |
Mais votre oncle Systennin qui est mort par la foudre alors qu'il venait juste de passer devant un temple ! Comme par hasard ! |
Arthur |
La foudre est tombée sur le temple et lui il s'est ramassé une pierre sur la tronche. C'est pas tout à fait pareil. |
Guenièvre |
Mais qu'est-ce que ça change ? |
Arthur |
Ça change que je vois pas ce que les dieux viennent foutre là-dedans. |
Guenièvre |
Avec la vie de dévoyé qu'il avait eue ! Il avait passé son temps à boire, il a été puni par la foudre ! |
Arthur |
Hé ben si tous les sujets de Bretagne qui picolentpicoler (v.) Boire de l'alcool, s'enivrer En savoir plus se prennent un coup de tonnerre, il va y avoir une sacrée chute démographique, je vous le dis, moi ! |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. Dehors, un orage fait rage. Guenièvre est visiblement apeurée. |
Guenièvre |
J'ai peur, j'ai peur hein ! Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? |
Arthur |
Hé ben et moi ? |
Guenièvre |
Je suis désolée, j'ai été élevée comme ça ! La foudre, c'est la colère divine, point ! |
Arthur |
Hé ben merci, bonjour l'éducation ! |
Guenièvre |
Oh, ça se rapproche encore... je suis sure que c'est pour moi ! |
Arthur |
Mais pourquoi pour vous spécialement ? On doit être au moins soixante-dix, au château ! |
Guenièvre |
Un pressentiment ! Je me suis mal conduite et voilà ce qui m'attend ! Brûlée vive par la foudre ! |
Arthur |
Ah non mais on rêve... mon oncle Systennin, encore je veux bien mais vous, vous picolezpicoler (v.) Boire de l'alcool, s'enivrer En savoir plus pas, que je sache ! |
Guenièvre |
Mais y a pas que la boisson qui est punie ! |
Arthur |
Quoi d'autre ? |
Guenièvre |
Mais je sais pas moi... la trahison ! |
Arthur |
Mais qui c'est que vous avez trahi ? |
Guenièvre |
Mais personne ! |
Arthur |
Hé bah alors voilà, tout va bien ! |
Guenièvre |
Y a l'adultère ! |
Arthur |
Vous m'avez trompé ? |
Guenièvre |
Moi ? non ! |
Arthur |
Comment « vous, non » ? Mais qu'est-ce que ça veut dire, ça ? |
Guenièvre |
Par exemple, en ce moment, vous êtes bien l'amant de le femme du duc d'Armorique, non ? |
Arthur |
Non. |
Guenièvre |
Non ? |
Arthur |
Non, je suis désolé, je ne sais pas qui vous raconte ça mais c'est faux. Des maîtresses, j'en ai assez ici pour pas aller les chercher en Armorique ! |
Guenièvre |
Oui enfin bref, avec vous ou pas, cette femme commet l'adultère. |
Arthur |
Mais qu'est-ce que ça fait, ça ? |
Guenièvre |
Eh ben c'est de l'adultère, c'est tout ! |
Arthur |
Alors les dieux viendraient vous cramercramer (v.) Brûler En savoir plus vous parce que la duchesse d'Armorique se tapese taper (v.) Avoir des relations sexuelles avec quelqu'un En savoir plus la moitié de la Gaule depuis quinze ans ? |
Guenièvre |
Mais j'ai peur, je vous dis ! Oh, je réfléchis pas ! |
Arthur |
Oui bah ça se voit ! |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. Dehors, un orage fait rage. Guenièvre est visiblement apeurée. |
(Un coup de tonnerre retentit, accompagné d'un coup de tonnerre.) |
Guenièvre |
Oh mon Dieu, c'est la fin ! |
Arthur |
Ah non mais c'est pas possible, elle me foutra pas la paix hein ! |
Guenièvre |
(Hystérique.) J'ai peur ! Faites quelque chose ! |
Arthur |
Mais « faites quelque chose », vous me prenez pour un druide ? Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse, moi ? Y a de l'orage, y a de l'orage ! |
Guenièvre |
Alors si vous n'y pouvez rien, laissez-moi mourir tranquille ! (Se cache sous la couverture.) |
Arthur |
(Lève les yeux au ciel.) |
Guenièvre |
(Sanglote sous la couverture.) |
Arthur |
(Lève son bras.) Bon allez, venez. |
Guenièvre |
(Sort de sous la couverture.) Quoi ? |
Arthur |
(Montre son torse.) Venez là. |
Guenièvre |
Pour quoi faire ? |
Arthur |
Mais vous verrez bien pour quoi faire, merde ! Venez ! |
Guenièvre |
(Se blottit contre Arthur.) |
Arthur |
Voilà, ça va pas mieux là ? |
Guenièvre |
Ben... si. |
Arthur |
Bon bah voilà. Respirez. |
Guenièvre |
(Respire à fond.) |
Arthur |
(Soupire.) J'espère qu'il va pas y avoir trop d'orages, cette saison... |
(Fermeture.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. Au loin, un orage débute. |
Guenièvre |
C'est pas de l'orage, ça ? |
Arthur |
Non. |
Guenièvre |
Bah si. |
Arthur |
Non non non non, c'est... chut, écoutez... |
(L'orage gronde à nouveau.) |
Arthur |
Voyez ? |
Guenièvre |
Eh ben, si ! |
Arthur |
Non, c'est... non, c'est pas de l'orage, ça. Ça c'est du... c'est... autre chose, mais c'est pas de l'orage. Voilà. |
Guenièvre |
Ah bon. |
(Noir.) |
Arthur |
Ça va bien maintenant, hein. |
(Stab final.) |