Haunted

Livre I – épisode 52

Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit.
(Quelqu'un frappe à la porte de la chambre.)
Arthur (Se réveille en sursaut.) Ha !
Guenièvre Qu'est-ce qu'il y a ?
Arthur (Confus.) « Qu'est-ce qu'il y a »... vous ronflez !
Guenièvre Ah ! Pardon...
Arthur Ouais, « pardon » oui... vous m'avez réveillé ! Vous pourriez faire gaffe quand même, je me lève tôt ! (Se rendort.)
(Quelqu'un frappe à nouveau à la porte.)
Arthur (Se relève dans son lit, confus.)
(Ouverture.)
Salle du trône, nuit. Arthur et Bohort se tiennent dans la salle du trône, éclairés d'un chandelier.
Arthur (Exaspéré.) Y a rien, Bohort.
Bohort Attendons encore quelques minutes... Ça va peut être revenir !
Arthur Mais ça fait un quart d'heure qu'on se gèle les roupesroupe (n.f.) Testicule
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en plein milieu, là ! Je me lève dans quatre heures, moi, mon petit pote ! Alors vous avez rêvé, y a personne, bonne nuit.
Bohort Mais je suis pourtant pas fou ! (Pointe du doigt le trône.) Votre père se trouvait là, sur votre trône ! Sa chevelure tout ébouriffée ! Il était entouré d'un halo blanc vaporeux ! Il disait qu'il allait revenir prendre le pouvoir et...
Arthur Soyons francs, Bohort. Je ne sais pas ce que vous avez bouffé avant de vous mettre au plumardplumard (n.m.) Lit
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mais vous m'avez tout l'air d'avoir fait ce qu'on appelle communément un mauvais rêve.
Bohort Mais votre père, Sire...
Arthur Mon père, il est calanchécalancher (v.) Mourir
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depuis longtemps. Il est enterré dans la crypte avec sa couronne, son armure et tout le barda : je vois difficilement comment est-ce qu'il pourrait revenir prendre le pouvoir, d'autant qu'il a jamais été foutu de le garder de son vivant.
Bohort Kaamelott est hantée, Sire !
Arthur Mais non.
Bohort Pendragon est venu reprendre sa place !
Arthur Mais Pendragon, sa place, ça a jamais été là ! Kaamelott ça existait même pas, de son temps.
Bohort Mais pourtant, c'était lui ! Je l'ai reconnu !
Arthur Mais non. Mon père il était pas ébouriffé, déjà. Il avait une coupe à la con, mais c'était plutôt aplati. Et puis il était pas vaporeux. Allez, au lit. (Part.)
Couloir du château, nuit. Arthur et Bohort se tiennent devant la chambre de Bohort.
Arthur C'est bon maintenant ? Je peux aller me coucher ?
Bohort Attendez, Sire ! Vous allez pas me laisser seul ici ?
Arthur Vous êtes à votre chambre ! Qu'est-ce que vous voulez de mieux ?
Bohort À ma chambre... et qui va m'accompagner jusqu'à mon lit ?
Arthur Ha mais c'est pas vrai ! Mais vous allez me gonfler jusqu'à quand ? Une heure, que je crapahutecrapahuter (v.) Marcher, se déplacer
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dans tout le château avec ma bougie ! Ça va bien, maintenant !
Bohort Sire ! Je vous en conjure, il ne faut pas qu'on se sépare ! Le spectre de votre père crie vengeance !
Arthur Vous savez Bohort, que pas plus tard que la semaine dernière en Orcanie, le roi Loth a fait arracher la langue et les ongles d'un de ses chevaliers parce qu'il lui avait renversé du jus de viande sur les pompespompe (n.f.) Chaussure
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 ?
Bohort Mais quel rapport avec le fantôme ?
Arthur Vous trouvez pas que, comme souverain, je fais quand même partie des souples ? Vous me réveillez en pleine nuit, sous prétexte que mon père se balade dans les couloirs, moi, bonne pomme« bonne pomme » (loc.) Serviable, gentil, conciliant
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, je me lève, je vais voir, j'attends pendant des plombesplombe (n.f.) Heure
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, et au bout d'un moment, quand manifestement y a rien, parce que manifestement y a rien, Bohort, admettez-le, je vous raccompagne jusqu'à votre porte parce que vous chiez dans vos caleçons !
Bohort Je ne chie pas dans mes caleçons, Sire ! Je vous réveille pour un cas de force majeure ! Uther Pendragon crie vengeance, vous êtes en danger !
Arthur Non mais moi, ça va, Bohort, je vous remercie de votre sollicitude mais je vais me débrouiller.
Bohort Vous partez ?
Arthur Oui je pars ! Je pars me coucher, figurez-vous !
Bohort Je vous accompagne !
Arthur Pas question !
Bohort Je ne fais que mon devoir ! Le roi est en danger, je lui fais escorte !
Arthur Donc vous m'accompagnez jusqu'à ma porte et vous revenez ?
Bohort Voilà. Sauf que quand je reviens, il faut me raccompagner.
Couloir du château, nuit. Arthur ouvre la porte de sa chambre et trouve Bohort devant.
Arthur (Résigné.) Mais, Bohort, je vais vous faire mettre aux cachots...
Bohort Attendez, écoutez-moi !
Arthur Non mais je vous écoute ! Je vous écoute, simplement je vous préviens, je vous le dis, je vais vous faire descendre en cabanecabane (n.f.) Prison
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avec un pichet de flotte et un bout de pain sec... je suis désolé, je suis démuni... je vois pas d'autre solution. Et puis je pense que ça vous donnera un peu l'occasion de... de réfléchir un peu à tout ça à tête reposée, de prendre un peu de recul sur les choses... parce que, Bohort, on ne réveille pas son roi en pleine nuit pour des conneries ! Encore moins deux fois de suite !
Bohort J'ai très nettement entendu des cris dans le couloir !
Arthur Mais oui, mais comment expliquez-vous le fait que moi, je ne les aie pas entendus ?
Bohort Mais parce que vous dormiez !
Arthur Précisément !
Bohort Alors, qu'est-ce qu'on fait, Sire ?
Arthur Bah vous allez vous recoucher ou je vous fais foutre au troutrou (n.m.) Prison
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.
Bohort Bon. Libre à vous de ne pas tenir compte de mes mises en garde.
Arthur Merci bien.
Bohort Par contre, il faut me raccompagner à ma chambre.
(Fermeture.)
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur se recouche auprès de Guenièvre.
Guenièvre (Somnolente.) Mais qu'est-ce que vous trafiquez depuis tout à l'heure ?
Arthur Je me tapese taper (v.) Se charger d'une tâche pénible ; endurer
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Bohort.
Guenièvre (Regarde Arthur, surprise.)
Arthur Enfin, « je me tape Bohort »...
Guenièvre Oh vous faites ce que vous voulez, hein...
Arthur Non mais... oh bref.
(Quelqu'un frappe à la porte.)
(Noir.)
Arthur Ce coup-là, je me le fais« se faire (quelqu'un) » (loc.) Battre, frapper quelqu'un
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.
(Stab final.)