Maison de Caius, jour. Caius dort. |
(À l'extérieur, Arthur et Léodagan crient.) |
Arthur |
Oh, mais ouvrez ! |
Arthur |
Hé ho ! Hé ouvrez bon Dieu Caius, c'est nous ! |
Caius |
(Lève la tête.) Qui ça, « nous » ? |
Léodagan |
Bah nous ! |
Arthur |
Mais c'est nous ! C'est moi ! C'est moi, c'est le roi Arthur, allez ouvrez bon Dieu ! |
Caius |
Bah allez-y entrez c'est ouvert... |
Léodagan |
Mais non ! |
Arthur |
Ah non, là c'est fermé, là. |
Caius |
Mais non, c'est ouvert. |
Arthur |
Non, c'est fermé. |
Caius |
Mais non. |
Arthur |
Si ! |
Caius |
Mais non ! |
Arthur |
Mais si ! |
Caius |
(Hurlant.) Bon ça va, je vous dis que c'est ouvert, de toute façon elle peut être qu'ouverte, elle ferme pas la porte ! |
Arthur |
Mais on s'en fout, bon Dieu, venez ouvrir ! |
Léodagan |
Mais on peut pas ouvrir là, magnez-vous ! |
Caius |
Mais c'est ouvert ! |
Arthur |
Hé bah non c'est fermé ! |
Léodagan |
Non c'est fermé ! |
Caius |
Putain mais vous... c'est quoi le truc là, vous voulez quoi ? Vous voulez qu'on se batte ? |
Léodagan |
On a les mains prises, ducon ! |
Arthur |
Alors même si elle est ouverte, il faut venir ouvrir, parce que là pour nous c'est comme si c'était fermé ! |
Caius |
(Se levant, hors de lui.) Putain mais c'est vraiment trop pourri, la Bretagne hein ! |
(Ouverture.) |
Maison de Caius, jour. Caius a ouvert sa porte, Arthur et Léodagan entrent, portant Yvain à grand peine. |
Caius |
Qu'est-ce... qu'est-ce que... |
Arthur |
On pose on pose on pose on pose, je glisse ! |
Léodagan |
Oh bon Dieu ! |
(Arthur et Léodagan posent Yvain sur le lit de Caius puis s'assoient, haletants.) |
Caius |
Mais qu'est-ce qui se passe ? |
Léodagan |
On s'est fait attaquer... |
Yvain |
(Souffrant.) Ah, j'ai été sauvagement blessé ! |
Léodagan |
Ouais oh... |
Caius |
Attaquer par qui ? |
Arthur |
Bah par des... ouais, des bandits de grand chemin, on peut dire, ils nous sont tombés sur le râble« tomber sur le râble » (loc.) Assaillir, agresser En savoir plus là, à la sortie du sentier... |
Léodagan |
Et ils en ont eu pour leur compte hein, ces blaireaux. |
Yvain |
J'ose pas regarder ! J'ai été sauvagement blessé ou pas ? |
Caius |
Mais attendez, je comprends pas, les mecs vous les avez dérouillés ou pas ? |
Léodagan |
Ben évidemment ! C'était à moitié des clodos ! Y en a même un, il était sur une patte. |
Arthur |
(Désignant Yvain.) Sauf que celui-là... je sais pas comment, il s'en est pris une. |
Yvain |
Oh... il m'a blessé mais trop sauvagement, quoi ! Je suis trop blasé, quoi. |
Caius |
Non je pige pas, ça vous est arrivé juste là, là ? |
Léodagan |
Ouais... |
Caius |
Bah... le chemin, je le prends tous les jours, je comprends pas, je... ah c'est pas les trois moisis, là, qui campent à la sortie de la forêt ? |
Léodagan |
Si, c'est ceux là ! |
Caius |
Attendez, vous vous foutez de moi ou quoi, là ? Les mecs ils tiennent à peine debout, on leur gueule dessus un petit peu fort et ils ont les dents qui tombent... |
Léodagan |
Hé bah voilà, bah c'est eux. |
Caius |
Bah attendez, les mecs ils sont beurrés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, y en a même un il lui manque une guitareguitare (n.f.) Jambe En savoir plus ! |
Arthur |
Oui, c'est ce qu'on vous dit depuis une heure ! |
Léodagan |
Hé bah y en a quand même un qui a réussi à taper... |
Yvain |
Oh, il s'est acharné sur moi avec une sauvagerie mêlée de férocité. |
Arthur |
Mais j'ai rien vu moi, c'était lequel ? |
Yvain |
Celui qui avait qu'une jambe... |
Arthur |
Oh... |
Léodagan |
Et en même temps, ça m'étonne... qu'à moitié. |
Yvain |
Oui bah du coup c'était le plus hargneux ! C'est comme euh... si il se vengeait sur moi de sa jambe, avec une sauvagerie mêlée de férocité, alors... c'est bon, quoi... |
Maison de Caius, jour. Léodagan, Arthur et Yvain observent la blessure de ce dernier, assis sur le lit de Caius. Caius les regarde faire. |
Arthur |
Non mais c'est à peine coupé, faut arrêter de déconner, maintenant ! |
Léodagan |
C'est pour ça que vous avez gueulé à ameuter tout le pays ? |
Yvain |
Non mais c'est parce que tout à l'heure ça pissait, bon là ça pisse plus mais bon... tout à l'heure ça pissait trop, quoi ! |
Léodagan |
Oh... « ça pissait » ! |
Caius |
(Bâille.) Vous voulez que je regarde si j'ai des petits trucs pour mettre dessus ? |
Yvain |
Non non non, c'est bon ça va piquer, je préfère qu'on laisse à l'air ! |
Léodagan |
Oui bah, vous laisserez à l'air en marchant. Allez levez-vous, on se casse. |
Yvain |
Mais... mais je peux pas me lever ! Si je me lève, ça va faire jouer le muscle et ça va repisser... |
Arthur |
Putain j'en ai marre, là... sans déconner j'en ai marre. |
Yvain |
Ouais. Ça pique trop de la vie, quoi. Ça pique, ça lance, et derrière comment ça repique trop... |
Caius |
Mais je comprends pas comment vous avez fait votre compte, parce que moi dès que je sors du sentier, je marche un tout petit peu vite... à peine... bah les clodos ils arrivent pas à me rattraper. |
Yvain |
Ouais, mais... c'est parce que j'avais repéré un bosquet à fraises... et euh... j'avais pas vu que y en avait un qui faisait ses besoins. |
(Fermeture.) |
Maison de Caius, jour. Léodagan, Arthur et Yvain sont sur le lit de Caius, qui les observe. Yvain examine sa blessure, Léodagan attend et Arthur se repose. |
Yvain |
Vous croyez que ça peut être héréditaire comme blessure, ou pas ? |
Caius |
Héréditaire ? |
Léodagan |
(Agacé.) Qu'est que vous chantez, encore ? |
Yvain |
Ben si, comme quand y en a un qui a un rhume et qui le passe à un autre... |
Arthur |
« Contagieux ». |
Yvain |
Ouais, bah c'est pareil, mais vous croyez que ça se peut ? |
Caius |
De quoi qui se peut ? Je comprends rien... |
Léodagan |
Non, on pige rien à ce que vous bavezbaver (v.) Dire, parler En savoir plus. |
Yvain |
Ben... le fait que celui qui m'ait tapé il ait qu'une seule jambe... vous croyez que ça se peut que ce soit héréditaire ? |
Arthur |
« Contagieux ». |
Yvain |
Je vais trop perdre ma jambe, en fait ! |
Caius |
Mais non, vous allez pas perdre votre jambe, crétin... |
Léodagan |
Vous mériteriez quand même des baffes à répétition. |
Yvain |
N'empêche, c'est celui qui a plus de jambe qui me tape à la jambe... |
(Noir.) |
Yvain |
Comme par hasard... |
(Stab final.) |