Coin du feu, nuit. Arthur et Ygerne sont assis devant un feu de cheminée. |
Arthur |
Bon, je vais aller me coucher moi. |
Ygerne |
Oh bah... vous avez bien cinq minutes ? Non ? Pour une fois qu'on peut parler tranquillement... |
Arthur |
Mais de quoi est-ce que vous voulez me parler ? |
Ygerne |
Mais... de rien en particulier... déjà, comment allez-vous ? |
Arthur |
Comment je vais ? C'est-à-dire ? |
Ygerne |
Ben en général... vous vous en sortez ? |
Arthur |
Ben je m'en sors, oui enfin ça dépend de quoi... |
Ygerne |
Moi je vais vous dire, avec toutes les responsabilités que vous avez, je me demande comment vous faites. |
Arthur |
Oui non mais c'est sûr, c'est sûr, c'est pas... pas marrant tous les jours... |
Ygerne |
Le problème c'est pas tellement vous, vous bon vous êtes un meneur, vous ne ressentez pas la fatigue, voilà vous êtes une exception. Ce qui me gêne, je vous le dis en toute franchise, c'est votre entourage. |
Arthur |
Mon entourage ? Lequel ? |
Ygerne |
Le plus proche. Ah attention, je me permettrais pas de critiquer. |
Arthur |
Non bien sûr non, c'est surtout pas votre genre. |
Ygerne |
Moi, tant que vous êtes content... |
Arthur |
Non mais quand même, développez parce que ça m'intéresse. |
Ygerne |
Je trouve que les gens qui vous collent de près ne sont pas ceux qui vous soutiennent le plus. Cette belle-famille, au demeurant charmante, vit quand même parfaitement à vos crochets. |
Arthur |
Au demeurant charmante ? Ma belle-famille ? Vous êtes sûre que vous couvez pas quelque chose, vous ? |
Ygerne |
Ce n'est pas d'eux que vous obtiendrez le soutien, l'encouragement dont vous avez besoin. |
Arthur |
Oui, non mais ça c'est sûr que depuis le temps, j'ai un peu abandonné l'idée. |
Ygerne |
Pourquoi ne vous rapprochez-vous pas de vos racines ? Des gens de votre sang ? La Carmélide c'est bien gentil mais... sans être blessante... c'est quand même un peuple de paysans perdus là-haut vers le mur d'Hadrien... Tintagel c'est autre chose, en plus en cette saison c'est magnifique. Tiens, j'y pense ! C'est la fête de l'hiver dans une semaine, profitez-en pour passer quelques jours ! |
Arthur |
J'en étais sûr que vous reviendriez me gonfler avec votre fête pourrie ! Combien de fois il faut que je vous dise que j'y foutrai pas les pieds ? |
Ygerne |
(Criant.) Arthur, ne soyez pas borné ! |
Arthur |
M'en fous, j'irai pas ! (Se lève et part.) |
Salle du trône, jour. Arthur est assis sur son trône, Léodagan à côté de lui. Devant eux se tient Ygerne. |
Arthur |
Vous n'avez rien à faire ici. |
Ygerne |
Bien au contraire, je ne saurais être plus à ma place. |
Léodagan |
Ah attention hein, parce que votre numéro de duettistes, je commence à le connaître par cœur. Alors j'avise, vous êtes en séance de doléances, au premier propos qui ne concerne pas le gouvernement, on arrête tout. Et Madame, avec tout le respect que je vous dois, vous rentrez chez vous. C'est clair ? |
Arthur |
Oh bah elle peut rentrer chez elle tout de suite hein, parce que j'irai pas ! |
Ygerne |
Mais j'ai compris ! Tant pis pour vous, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous ne savez pas profiter des belles choses de votre pays natal. |
Léodagan |
Non mais vous me prenez pour un cèpecèpe (n.m.) Imbécile En savoir plus tous les deux, j'ai dit pas de trucs privés ! |
Arthur |
(Moqueur.) « Les belles choses de mon pays natal »... |
Léodagan |
Mais vous m'entendez, ou pas ? |
Arthur |
Et la tante Cryda, elle en fait partie des belles choses ? Parce que moi je la classe dans les quinze premières connasses du monde celte ! |
Ygerne |
Cette femme a beaucoup souffert ! |
Léodagan |
Oh bon bah on arrête tout, je suis désolé mais c'est n'importe quoi là. |
Ygerne |
Une seconde ! J'ai un message du conseil des anciens de Tintagel à adresser au gouvernement de Kaamelott. |
Arthur |
Les anciens de Tintagel je les em... |
Léodagan |
Stop ! Ça suffit. (À Ygerne.) On vous écoute. |
Ygerne |
Les anciens ont décidé qu'a compter d'aujourd'hui, Tintagel ne paierait plus aucune taxe au gouvernement de Kaamelott, à moins que le roi de Bretagne ne réponde favorablement à l'invitation de la grande fête de l'hiver qui lui est adressée. |
Arthur |
(S'effondre sur sa chaise, abattu.) |
(Fermeture.) |
Salle du trône, jour. Arthur est assis sur son trône, Léodagan à côté de lui. Devant eux se tient Ygerne. |
Léodagan |
(À Arthur.) Quand même, vous croyez pas que vous exagérez ? |
Arthur |
Je veux pas y aller. |
Léodagan |
Vous avez une idée du pognon sur lequel on s'assoit avec vos conneries ? |
Arthur |
Je veux pas y aller. |
Léodagan |
Tout Tintagel qui verse plus un rondrond (n.m.) Pièce de monnaie, sou En savoir plus jusqu'à nouvel ordre ! Et on peut même pas envoyer l'armée parce que c'est votre mère ! |
Arthur |
Oui mais je veux pas y aller ! |
Léodagan |
Mais vous croyez pas que vous devriez faire passer les intérêts du gouvernement avant vos petites histoires de famille ? |
(Noir.) |
Arthur |
Si, mais je veux pas y aller ! |
(Stab final.) |