La Joute Ancillaire
❰ Livre II – épisode 58 ❱
Chambre d'Arthur, soir. Arthur et Guenièvre sont au lit, Arthur lit un parchemin à la lueur d'une bougie. | |
Arthur | Bon allez, j'éteins... |
Guenièvre | (Outrée.) Oh vous pourriez me demander, quand même ! |
Arthur | Qu'est-ce qu'il faut que je demande ? |
Guenièvre | Si je suis d'accord pour que vous éteigniez ! |
Arthur | (Après un instant.) Je peux éteindre ? |
Guenièvre | (Gênée.) Bon... ben allez-y... |
Arthur | (Sarcastique.) Super... (Souffle sur la bougie.) |
(Ouverture.) |
Salle à manger, jour. Arthur et Guenièvre sont à table. | |
Guenièvre | Hé ben... c'est gai... |
Arthur | Pas tellement, non... |
Guenièvre | On peut savoir euh... ce qui va pas ? |
Arthur | Qu'est-ce que j'en sais, moi ? C'est pas gai parce que... c'est pas gai, c'est tout... |
Guenièvre | Et on peut faire quelque chose pour que ce soit plus gai ? |
Arthur | Non mais oh, ça va, non ? Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse, moi ? |
Guenièvre | Bah quoi, c'est de ma faute, peut-être ? |
Arthur | Mais c'est ni de votre faute ni de la mienne ! C'est pas gai parce que... voilà, on bouffe, on se fait chier... |
Guenièvre | Ah ça nous fait des belles soirées... |
Arthur | C'est peut-être pas avec moi que vous devriez les passer, aussi... |
Guenièvre | Qu'est-ce que vous voulez dire ? |
Arthur | Je veux dire que je trouve pas normal que vous vous démerdiez pas pour faire un petit repas avec une copine ou deux, là, vous rigoleriez sûrement plus... |
Guenièvre | Mais quelles copines ? |
Arthur | Hé ben ouais, c'est bien le problème, vous n'en avez pas. |
Guenièvre | (Vexée.) Comment, mais je ne vous permets pas, j'ai de très bonnes copines ! |
Arthur | Où ça, dans votre pays natal ? |
Guenièvre | Ici ! À Kaamelott ! |
Arthur | Ici à Kaamelott, vos copines c'est mes maîtresses. |
Guenièvre | Et alors ? |
Arthur | Bah et alors c'est d'abord mes maîtresses avant d'être vos copines... et puis ne me prenez pas pour une billebille (n.f.) Individu peu expérimenté En savoir plus, s'il vous plaît, vous n'avez pas de copines parce que vous êtes pas foutue de vous en faire. |
Salle à manger, jour. Arthur et Guenièvre sont à table, Angharad est assise à côté de Guenièvre. | |
Arthur | Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous me faites, là ? |
Guenièvre | À quel propos ? |
Arthur | À propos que, sauf erreur de ma part, on est en train de bouffer avec votre bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus. |
Angharad | Oh ben je vous en prie, je suis gouvernante ! |
Arthur | Oui enfin... vous changez les draps, quoi. Hein ? Je suis déjà pas poli avec les empereurs romains, je vais pas me gratterse gratter (v.) Être contraint de renoncer ou de se passer de quelque chose En savoir plus pour une gouvernante. |
Guenièvre | Vous apprendre qu'Angharad est ici en qualité d'amie ! Et non en tant qu'employée de maison. |
Angharad | Entre parenthèses... euh, je sais que c'est un effet de votre bonté, mais enfin si je dois être franche euh... je me sens plus mal à l'aise qu'autre chose. |
Guenièvre | Soyez tranquille, vous êtes mon amie, il ne peut rien vous arriver ! |
Angharad | Si, d'être mal à l'aise... |
Arthur | (À Guenièvre.) Sans déconner, c'est tout ce que vous avez trouvé comme amie ? |
Guenièvre | Figurez-vous que c'est pas si simple de trouver une femme bretonne de moins de trente-cinq ans qui soit pas votre maîtresse ! |
Arthur | Hé ben rien ne vous empêche de taper dans« taper dans » / « taper dedans » (loc.) Se servir de quelque chose, généralement d'un aliment ; consommer En savoir plus le troisième âge, ça réglerait le problème de la gaieté des repas du soir, ils sont tous couchés à cette heure-ci. |
Angharad | Si Monsieur et Madame préfèrent s'envoyer des fions dans l'intimité, je peux aussi me retirer... |
Arthur | Personne vous retient. |
Guenièvre | Restez, c'est un ordre. |
Angharad | Un ordre, un ordre... je suis pas casquée pour surveiller les cuillères pendant les séances d'engueulade, moi ! |
Arthur | Vous donnez des ordres à vos amis, maintenant ? Je comprends que vous n'en ayez pas des masses« des masses » (loc.) Beaucoup En savoir plus... |
Guenièvre | Mais je suis vos conseils, mon bon ami. Je m'entoure ! Je me fais des relations. |
Arthur | Ah non non mais... c'est prestige... |
Angharad | J'ai jamais dit que j'étais du prestige... |
Arthur | Non non, vous avez bien fait. |
Guenièvre | De toute façon je suis la reine, j'invite qui je veux à ma table. |
Arthur | OK. |
Salle à manger, soir. Arthur et Guenièvre sont à table, Angharad est assise à côté de Guenièvre, une servante à côté d'Arthur. | |
Guenièvre | Qu'est-ce vous manigancez, encore ? |
Arthur | Bah quoi ? Vous invitez vos amis, je peux bien inviter les miens, non ? |
Guenièvre | (Criant.) Ce n'est pas votre amie, c'est une bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus ! |
Arthur | Bah et alors ? La vôtre c'est la duchesse d'Aquitaine, peut-être ? |
Angharad | (Vexée.) Non non, moi je suis gouvernante. Elle en revanche c'est une vraie bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus. |
Guenièvre | (À Arthur.) Vous savez même pas comment elle s'appelle... |
Angharad | Laissez, c'est une esclave grecque... elle parle même pas la langue ! |
Arthur | Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Si j'ai envie d'avoir des amis qui parlent pas la langue ! |
Guenièvre | Attention, hein ! Si c'est votre maîtresse, ça compte pas comme amie ! |
Arthur | Mais j'ai jamais dit que c'était ma maîtresse ! |
Guenièvre | C'est pas votre maîtresse ? |
Arthur | (Mal à l'aise.) Peu importe ! Et si ça se trouve, vous en Angharad, hein moi je vais pas tout vérifier ! |
Angharad | Ah non mais c'est la plus forte de la semaine, celle-là ! |
Guenièvre | Laissez... c'est de la provocation... |
Arthur | Bon bah allez, on va pas s'engueuler hein ! Une belle soirée entre potes comme ça ! (À la servante.) Allez, euh... euh... machine. Faites péter votre coupettecoupette (n.f.) Verre, récipient En savoir plus ! |
(La servante ne réagit pas.) | |
Arthur | (Faussement enjoué.) On s'entend comme larrons en foire ! (Sert un verre à la servante.) |
(La servante ne réagit toujours pas.) | |
Angharad | (Pouffe de rire avec mépris.) |
(Fermeture.) |
Chambre d'Arthur, soir. Arthur et Guenièvre sont au lit, Arthur lit un parchemin à la lueur d'une bougie. | |
Guenièvre | Je suppose que vous ne venez pas au grand pique-nique dans les collines, demain. |
Arthur | Si ! |
Guenièvre | Si ? Je croyais que vous supportiez pas les sorties de groupe ! Je vous préviens on est huit, hein ! |
Arthur | On n'est pas huit, on est neuf. |
Guenièvre | Quoi ? |
Arthur | Je viens avec ma copine. |
Guenièvre | Oh non mais c'est ridicule, vous allez pas venir avec une esclave, vous savez même pas comment elle s'appelle ! |
Arthur | J'en ai rien à foutre de comment elle s'appelle... |
(Noir.) | |
Arthur | C'est ma copine ! |
(Stab final.) |