La Kleptomane
❰ Livre I – épisode 67 ❱
Couloir du château, jour. Arthur arrive dans un couloir et y trouve Karadoc, désemparé. | |
Arthur | Qu'est-ce que vous foutez là, vous ? |
Karadoc | Je crois que je me suis fais piquer un truc. |
Arthur | Piquer un truc ? Par qui ? |
Karadoc | Bah j'en sais rien, mais bon, je croise votre nouvelle maîtresse dans le couloir, je dis pas que c'est elle, j'avais une crêpe aux champignons, pas moyen de remettre la main dessus ! |
(Ouverture.) |
Salle à manger, jour. Arthur mange dans la salle à manger avec Léodagan. | |
Léodagan | Tiens, ça me fait penser... l'autre jour, je descends aux cuisines, hein, je sais plus ce que je foutais, j'avais pris la dalle« avoir la dalle » / « prendre la dalle » (loc.) Avoir faim, ressentir un sentiment de faim En savoir plus, pour demander à l'autre gros con de me faire des tartines. Je débarque là-dedans : personne. Alors j'appelle, je commence à gueuler... pas un rat dans cette cuisine. Et puis comme c'était quand même deux heures du mat', je me suis dit : « Qu'ils aillent chier, tous, je vais me servir tout seul. » J'ouvre les placards, je racle un peu dans les coins et puis je finis par dénicher un reste de terrine et puis un bout de pain, hein. |
Arthur | Merde, j'espère que vous avez une chute à tout ça parce que l'intro est comaccomac (adj.) Comme ça En savoir plus ! |
Léodagan | Attendez, laissez-moi finir, je vais perdre le fil ! Bon, « Une fois n'est pas coutume », je me dis, « je vais becqueterbecqueter (v.) Manger En savoir plus dans la cuisine. » Et allez, je m'assois et puis j'entame la tortoretortore (n.f.) Nourriture En savoir plus, quoi. Et juste à ce moment-là... accrochez-vous, hein ! |
Arthur | Ah bah, je m'accroche, je fais que ça ! Vous pouvez me croire ! |
Léodagan | Votre nouvelle maîtresse... la jeune, là... mauvais genre, malpolie... |
Arthur | Azénor ? |
Léodagan | Ouais, voilà, ouais ! Cette machine-là, elle débarouledébarouler (v.) Arriver de façon violente ou soudaine En savoir plus du fond de la pièce, alors elle devait être planquée depuis le début hein, j'en sais rien, elle arrive à ma hauteur, tac ! elle attrape ma terrine, mon bout de pain et elle se fout le camp par le couloir du fond ! |
Arthur | Aïe... |
Léodagan | Disparue ! Désintégréedésintégrer (v.) Disparaître En savoir plus avec ma bectancebectance (n.f.) Nourriture En savoir plus ! Hein ? Qu'est-ce que vous dites de celle-là ? |
Arthur | Ben, je sais pas... |
Léodagan | Ah ouais, mais le plus chiant, c'est que la loi est formelle à propos des voleurs à la tire hein... vous allez pas être embêté avec une maîtresse qui a plus de mains ? Hein ? |
Salle à manger, jour. Arthur est à table avec Léodagan et Azénor. | |
Azénor | Je suis désolée, j'ai toujours tout piqué, c'est comme ça. |
Léodagan | « C'est comme ça »... bon ben nous, on a un système judiciaire implacable, c'est comme ça, c'est pareil ! |
Azénor | Oui bah là d'où je viens, c'est dès qu'on marche, qu'on apprend à voler sa bouffe ! Sinon, on survit pas. |
Arthur | Non mais là d'où vous venez, c'est une chose, mais enfin maintenant vous êtes à Kaamelott, bon bah ça va vous êtes pas une mendiante ! |
Azénor | (Digne.) Jamais, j'ai mendié ! Pas une seule fois ! |
Léodagan | Ah bah non, ça fait clodoclodo (n.m.) Clochard En savoir plus ! Tandis que voler, bon ben... ça reste un genre ! |
Azénor | C'est digne ! |
Arthur | Attendez, parce qu'on va reprendre un peu les choses depuis le début. Moi, quand je vous ai demandé de devenir ma maîtresse... |
Azénor | Oui bah, là-dessus aussi on pourrait revenir... |
Arthur | Non mais on y reviendra plus tard si ça vous dérange pas, c'est pas le sujet ! |
Léodagan | Alors quand ce sera le sujet, je me permettrai de glisser une remarque ou deux, hein. Bon parce que c'est pas pour critiquer, mais vos maîtresses, alors je dis pas qu'il faut que ce soit des marquises à chaque fois hein, mais enfin si vous pouviez éviter de les recruter chez les bandits ! |
Arthur | Des bandits ? Mais c'est une fille de paysans... |
Azénor | (Vexée.) Et alors ? Vous voulez passer quinze jours à la ferme de mes vieux, pour voir ? Je vous préviens, ça va vous changer d'ici ! À force de bouffer des orties et des racines, forcément, on se retrouve toujours à piquer des poulets sur le marché ! C'est fatal. |
Léodagan | La pente du crime. Ah, vous pouvez vous vanter de savoir les choisir hein ! |
Arthur | Je les choisis pas selon leurs origines, figurez-vous ! Je fais pas de l'élevage de setters... |
Léodagan | Bah selon quoi, alors ? |
Arthur | Mais selon quoi ? Selon je ne sais pas ! C'est une histoire de... bon bah... |
Léodagan | Ah si vous me dites « d'amour », je vous préviens hein, je me cassese casser (v.) Partir, s'en aller En savoir plus. |
Azénor | Ah, moi aussi ! |
Arthur | Ce que je veux dire, c'est pas compliqué, maintenant que vous avez de quoi bouffer, hein, essayez d'arrêter le tir un petit peu ! Parce que les larbinslarbin (n.m.) Serviteur, domestique En savoir plus des cuisines se prennent deux voléesvolée (n.f.) Raclée, correction En savoir plus par jour à cause de la bouffe qui disparaît. |
Azénor | Ça va, je vais faire ce que je peux. (Se lève et s'en va.) |
Léodagan | Non vous avez été clair hein, faut reconnaître... |
Arthur | Non mais en plus je vais vous dire, elle est très bien cette fille. Simplement le seul truc qui... (Regarde sa main.) Ah putain la salope ! Elle m'a tirétirer (v.) Voler, dérober En savoir plus ma bague ! |
Léodagan | (Tâte ses poches pour vérifier qu'il ne lui manque rien.) |
Salle à manger, jour. Arthur est à table avec Azénor. | |
Azénor | Je suis désolée, j'ai pas fait exprès. |
Arthur | Celle-là en plus je peux pas vous la laisser... |
Azénor | Mais j'en veux pas ! |
Arthur | Si vous en voulez pas, foutez-lui la paix ! |
Azénor | (Soupire.) Je peux pas prendre de bouffe, je peux pas toucher aux bijoux... moi, j'en ai marre de me faire servir ! Je suis pas une grosse bourgebourge (n.) Personne qui expose son aisance matérielle et financière au travers de signes extérieurs de richesse En savoir plus comme votre femme ! |
Arthur | Ah attention, laissez ma femme en dehors de ça, vous serez gentille ! |
Azénor | (Souffle.) Je peux pas vivre comme ça ! Moi, ce que je bouffe, je le vole ou, ou alors je le bouffe pas ! |
Arthur | (Sourit.) |
Azénor | Qu'est-ce que vous avez à sourire ? Vous vous payez ma tête ? |
Arthur | Mais non... |
Azénor | Alors quoi ? |
Arthur | Rien ! |
Azénor | Mais si ! |
Arthur | J'aime bien votre côté euh... voilà ! Vous êtes toujours euh... (Prend la main d'Azénor dans la sienne.) |
Azénor | C'est vrai, vous trouvez pas ça insupportable ? |
Arthur | Mais non. Je gueule... je gueule un peu, mais je veux dire c'est pas parce que... (Regarde sa main.) Mais n'essayez pas de me la repiquer, maintenant ! Ça va bien ! |
Azénor | Je suis désolée. |
Arthur | (Remet sa bague en place et soupire.) |
(Fermeture.) |
Couloir du château, jour. Arthur arrive dans un couloir et y trouve Karadoc. | |
Arthur | Ben, vous êtes encore là, vous ? |
Karadoc | Non mais en fait, c'était pas votre maîtresse, je l'ai croisée je me suis excusé... la crêpe, elle était tombée dans l'escalier. Parce qu'en fait, (regarde sa ceinture) je les coince toujours par là et... (Soudain inquiet.) Merde... |
Arthur | Qu'est-ce qu'il y a ? |
(Noir.) | |
Karadoc | Je suis pas fou, j'avais un flan aux quetsches ! |
(Stab final.) |