La Potion De Vivacité
❰ Livre III – épisode 8 ❱
Cour du château, jour. Arthur et le père Blaise sont dans la cour du château. | |
Le père Blaise | Alors comme je leur disais, euh... « Je peux pas faire une aventure épique avec des chiens qui vous courent après », vous les connaissez, ils se sont vexés, ils ont dit que j'y mettais de la mauvaise volonté, que c'était... (Remarque qu'Arthur semble absent.) Sire, vous m'écoutez ? |
Arthur | Comment... euh non... pardon, excusez-moi, je suis très fatigué, alors... |
Le père Blaise | Dites tout de suite que ça vous intéresse pas... |
Arthur | Non c'est pas ça, je vous dis, je suis très fatigué, voilà. |
Le père Blaise | Enfin fatigué... |
Arthur | Oui alors je suis très fatigué, en plus de ça, vos histoires j'en ai rien à secouer« n'en avoir rien à secouer » (loc.) Se désintéresser d’une chose ou y être totalement indifférent En savoir plus, voilà. (Part.) |
(Ouverture.) |
Perron du laboratoire de Merlin, jour. Arthur frappe à la porte du laboratoire de Merlin. | |
Merlin | (Ouvre.) Ah c'est vous ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ? |
Arthur | De quoi ? |
Merlin | J'ai pas pu faire de connerie, j'ai pas bougé d'ici ! |
Arthur | Mais vous êtes barré, non ? Je viens vous demander quelque chose. |
Merlin | Ah. |
Arthur | Je sais pas ce que j'ai, je suis hyper crevécrevé (adj.) Extrêmement fatigué En savoir plus en ce moment. Enfin si, je sais ce que j'ai, je dors pas. |
Merlin | Et pourquoi vous dormez pas ? |
Arthur | Je sais pas, je me fais du mouron. |
Merlin | À propos ? |
Arthur | À propos... mais on s'en fout enfin, je suis fatigué, c'est tout ! Alors donnez-moi un truc qui me file un coup de fouet ! |
Merlin | Une potion de vivacité ? |
Arthur | Euh... oui, par exemple, oui... |
Merlin | Pourquoi c'est pas ça ? |
Arthur | Si si si si, non mais si, mais ça me fait bizarre que vous sachiez faire ça. |
Merlin | Ah non mais je l'ai achetée celle-là, justement pour savoir comment on fait. |
Arthur | Bon allez envoyez ! |
Merlin | Bon il faut déjà que je la retrouve. (Retourne dans son laboratoire.) Faut vraiment que je mette de l'ordre dans ce merdier, c'est pas compliqué on dirait ma piaulepiaule (n.f.) Chambre En savoir plus ! |
Arthur | Vous pouvez vous grouiller ? |
Merlin | Voilà. (Ressort en tenant une fiole.) |
Arthur | (Prends la fiole.) Combien j'en prends ? |
Merlin | C'est marqué dessus. |
Arthur | Oui, c'est du druidique, je sais pas lire. |
Merlin | (Reprend la fiole.) Ah merde moi non plus. |
Arthur | Quoi ? |
Merlin | Non non mais c'est, c'est... c'est « un », ça. Le chiffre « un ». C'est la fiole en une fois, c'est toujours comme ça de toute façon. |
Arthur | (Reprend la fiole et boit son contenu.) |
Merlin | (Reprend la fiole et relit l'étiquette.) |
Arthur | Ah la vache, c'est raide ! |
Merlin | Et ça c'est « goutte ». « Une goutte ». |
Arthur | Une goutte de quoi ? |
Merlin | Ah merde, c'était une goutte. |
Grande porte du château, jour. Le maître d'armes fait les cent pas en tentant de se réchauffer. | |
Arthur | (Arrive en dérapant.) Excusez-moi j'étais en affaire. |
Le maître d’armes | (Criant.) Ah ! Tout de même ! |
Arthur | (Criant.) Ah attention hein, c'est pas le jour de me faire chier, je vous préviens. |
Le maître d’armes | Non mais dites donc ? |
Arthur | Allez hop, entraînement ! Et je vous signale tout de suite que j'ai pas que ça à foutre. |
Le maître d’armes | Tâchez déjà d'y mettre un peu d'énergie ! Pas comme la dernière fois où vous étiez pas capable de mettre un pied devant l'autre ! |
Arthur | Allez allez, feu, vous ferez des commentaires plus tard ! |
Le maître d’armes | Faisons déjà quelques passes d'échauffement. |
Arthur | Non non non non, c'est bon, allez je suis chaud, défouraillez qu'on en finisse ! |
Le maître d’armes | Moi je ne suis pas chaud, vous permettez ? Donc quelques passes d'échauffement. C'est bien la moindre des choses, après m'avoir fait poireauterpoireauter (v.) Attendre En savoir plus huit jours dans les courants d'air, non ? |
Arthur | (Dégaine Excalibur.) Allez, vite ! (Se rue sur le maître d'armes et lui assène une série de coups très rapides, jusqu'à le désarmer.) |
Le maître d’armes | Non mais ça va pas ? C'est comme ça que vous vous entraînez ? |
Arthur | En tout cas maintenant moi je suis chaud ! Allez hop ! (Empoigne le maître d'armes et le mord, luttant contre lui au sol.) |
Chambre de Demetra, nuit. Demetra est au lit et lit un parchemin. | |
Arthur | (Entre, très nerveux.) Vous êtes d'attaque ? |
Demetra | D'attaque pour quoi ? |
Arthur | Pour la même chose que d'habitude. |
Demetra | Hé bah euh... je dis pas non. |
Arthur | Alors en piste. (Retire la couverture et commence à se déshabiller.) |
Chambre d'Aziliz et Tumet, nuit. Aziliz et Tumet sont au lit et lisent des parchemins. | |
Arthur | (Entre, à moitié nu.) Allez hop ! Les frangines, c'est le moment de vous distinguer ! |
Aziliz | Mais qu'est-ce qui se passe ? |
Arthur | Il se passe que y a du pain sur la planche. Et vous serez pas trop de deux. Partantes ? |
Tumet | Bah nous toujours... |
Arthur | Alors c'est parti. (Retire la couverture.) |
(Fermeture.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Guenièvre est au lit. | |
Arthur | (Entre, vêtu uniquement d'un drap.) Allez hop ! C'est pas que ça m'enchante, mais il reste plus que vous. |
Guenièvre | Plus que moi pourquoi ? |
Arthur | Vous êtes toujours en phase avec l'importance capitale d'un héritier au trône de Bretagne ? |
Guenièvre | Euh... oui ? |
Arthur | Alors c'est le moment ou jamais. Vous vous sentez les épaules« se sentir les épaules » (loc.) Se sentir capable d’affronter une épreuve En savoir plus ? |
Guenièvre | Ah bah ça, ça se refuse pas ! |
Arthur | Alors top départ ! (Retire la couverture.) Ah ! Non c'est bon. Non ça va, c'est bon, c'est bon. |
Guenièvre | Mais comment ça ? |
Arthur | (Bâille.) Il faut que je pioncepioncer (v.) Dormir En savoir plus. (Tombe en travers du lit, sur Guenièvre.) |
(Noir.) | |
Arthur | (Ronfle.) |
(Stab final.) |