Geôles, jour. Arthur arrive et voit la Dame du Lac enchaînée au mur. |
Arthur |
Ah mais vous êtes là... mais c'est pas vrai, ça fait depuis ce matin que je vous cherche partout ! |
La Dame du Lac |
(Sous le choc.) Ils m'ont arrêtée... je me suis fait attraper cette nuit dans le couloir... |
Arthur |
Dans le couloir, mais qu'est-ce que vous foutiez dans le couloir ? Je vous avais interdit de sortir... |
La Dame du Lac |
Mais j'avais faim ! Je... j'étais allée me chercher un petit bout de pain dans les cuisines... mais j'avais bien fait attention d'attendre quatre heures du matin pour croiser personne. |
Arthur |
À quatre heures du matin y a Karadoc, déjà, dans les cuisines. |
La Dame du Lac |
Ah non mais Karadoc vous m'aviez dit qu'il y était à deux heures ! |
Arthur |
Oui, il y est aussi à quatre ! Et puis je vous avais dit, je vous avais dit, je vous avais surtout dit de pas sortir de votre piaule ! |
La Dame du Lac |
Je suis claustrophobe, dans ma piaule ! |
Arthur |
Parce que... ici, vous l'êtes pas ? |
La Dame du Lac |
(Regarde autour d'elle.) Ah oui j'y avais pas pensé... |
(Ouverture.) |
Geôles, jour. Arthur discute avec la Dame du Lac, enchaînée au mur. |
Arthur |
J'ai interdit, j'ai interdit. C'est tout ! Si vous avez besoin de quelque chose, vous demandez ! |
La Dame du Lac |
Mais vous rentrez à point d'heure, et des fois vous allez vous coucher directement, sans même passer voir si j'ai besoin de quelque chose ! |
Arthur |
Je passe quand je passe ! J'ai pas forcément que ça à glander ! |
La Dame du Lac |
Vous me libérez, oui ? |
Arthur |
Oui. (Se ravisant.) Euh.. non. Enfin... si, mais... parce que c'est plus compliqué que ça. |
La Dame du Lac |
Qu'est-ce qui est compliqué ? |
Arthur |
Bah c'est-à-dire que pour les autres, vous êtes une clodo. |
La Dame du Lac |
Et quoi, vous pouvez pas libérer une clodo ? |
Arthur |
Si, non mais normalement c'est pas moi qui m'en occupe, des clodos, excusez-moi... enfin, j'ai peur que... les autres se posent des questions. |
La Dame du Lac |
Alors je... je reste attachée ? |
Arthur |
Ah mais zut, là ! Je réfléchis ! |
La Dame du Lac |
Mais vous réfléchissez à quoi ? Vous allez pas me dire que vous pouvez pas libérer qui vous voulez dans votre château... |
Arthur |
Si, mais si je vous libère, vous allez être reconduite à l'entrée, et les gardes vont vous foutre dehors, ils vont pas vous libérer euh... là, dans les couloirs ! Bon. Alors après il va falloir que je trouve une combine pour vous faire rerentrer en douce. Hein, alors et puis excusez-moi... encore une fois j'ai pas que ça à faire. Alors là il va falloir que je trouve un moyen pour vous faire libérer, sans vous faire... foutre dehors. |
La Dame du Lac |
Hé bah c'est fastoche, euh... bon, vous avez qu'à dire que vous êtes passé là par hasard... |
Arthur |
(Sarcastique.) Oui, ce qui est pas le truc improbable, déjà. |
La Dame du Lac |
Bah pourquoi ? |
Arthur |
Mais parce que... je passe jamais ici par hasard ! Là ça va que y avait vraiment qu'ici que je vous avais pas cherchée ! |
La Dame du Lac |
Oui bon bah, vous trouvez une raison, hein, je sais pas... et puis, vous allez voir la garde, vous lui dites que vous m'avez vue... et que vous voulez qu'on me libère, parce que vous avez envie de me... hein, et hop, je reste au château. |
Arthur |
Parce que j'ai envie de vous ? |
La Dame du Lac |
Ben ça va, vous avez compris... |
Arthur |
Oh non mais s'il vous plaît, hein... il faut quand même que ça reste crédible deux minutes ! |
La Dame du Lac |
Alors là, attention parce que... il faudrait quand même pas pousser le bouchon trop loin. |
Arthur |
Mais enfin vous avez vu dans quel état vous êtes ? Non bah d'accord d'accord d'accord, non non mais je vais voir la garde, je vais leur dire « Bonjour, la garde... », déjà, politesse, euh... « ...voilà, donc euh je passais par hasard dans les oubliettes... », le truc pas pourri... et puis, euh... je suis tombé sur vous et je me suis dit « Tiens, euh... alors celle-ci, il faudrait qu'on me la libère pour euh... » |
La Dame du Lac |
Bah parce que vous allez me faire croire que c'est jamais arrivé ? Hein ? Vous avez jamais profité d'une prisonnière, peut-être ? |
Arthur |
Non, figurez-vous, non, ça n'est jamais arrivé, je n'ai jamais profité d'une prisonnière ! Moi mes gonzesses à moi, elles sont lavées, parfumées, bien fringuées ! J'ai pas l'habitude de les recruter dans les oubliettes ! |
La Dame du Lac |
Hé ben... laissez-moi moisir ici, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise... |
Arthur |
Mais j'ai pas dit ça, nom de nom... seulement c'est pas si simple ! |
La Dame du Lac |
Enfin... c'est sûr que... lavée, parfumée, bien fringuée, c'est fastoche hein... |
Arthur |
(Lève les yeux au ciel.) |
(Fermeture.) |