Lac, jour. Arthur se trempe les pieds, assis sur la rive. |
Morgane |
(Arrivant.) Dites... |
Arthur |
Quoi ? Mais... qu'est-ce que vous foutez là ? Ah vous allez pas me dire que je suis mort là, je fais rien, je me trempe les pieds ! |
Morgane |
Non, c'est bon, c'est pas pour ça que je viens. |
Arthur |
C'est pour quoi alors ? |
Morgane |
Les Prophéties, ça vous dit quelque chose ? |
Arthur |
Les Prophéties ? |
Morgane |
Un bouquin... moi je serais vous je jetterais un œil dedans. |
Arthur |
Mais euh... pourquoi ? |
Morgane |
Parce qu'à force de se foutre de la gueule des dieux, de se mettre à la colle avec une femme de chevalier, de laisser la reine partir avec l'autre, on est bien d'accord que y a forcément un truc qui va finir par vous tomber sur le coin de la gueule... |
Arthur |
« Forcément », « forcément »... euh non, pourquoi « forcément » ? C'est marqué nulle part, ça... |
Morgane |
Si, justement, c'est marqué dans ce bouquin. |
Arthur |
Ah bon. Et il est où, ce bouquin ? |
Morgane |
Ah, j'en sais rien... c'est un vieux truc qui date de Pendragon, tout ce que je sais c'est que y a peut-être une prophétie qui vous concerne dedans... ça peut être instructif... (Part.) |
Salle des archives, jour. Arthur se tient devant le père Blaise. |
Le père Blaise |
« Les Prophéties », « Les Prophéties », mais vous me faites rire... je dois avoir une cinquantaine de bouquins qui s'appellent « Les Prophéties » ! |
Arthur |
Non mais là, euh... d'après ce que j'ai compris, ce serait un truc qu'on aurait récupéré du temps de Pendragon... un super vieux machin. |
Le père Blaise |
Oui, bah... si c'est du temps de Pendragon, à mon avis, il doit être chez votre mère à Tintagel. |
Arthur |
Bon bah peut-être, mais enfin, on peut quand même regarder ici ? |
Le père Blaise |
Mais je veux bien regarder tout ce que vous voulez, mais si vous avez pas plus d'indications que ça... enfin bon, vous vous rendez compte des quantités de trucs que... (S'interrompt soudain, comprenant quelque chose.) Non mais attendez... vous voulez pas dire que c'est... |
Arthur |
Que c'est quoi ? |
Le père Blaise |
(Saisit discrètement son crucifix.) Ah ouais ouais ouais, oui... ah « Les Prophéties », ouais ouais... ouais ouais... hé bah moi, je ne le touche pas, ce bouquin. |
Arthur |
Parce qu'on l'a ? |
Le père Blaise |
Oui, on l'a. Mais je ne le toucherai pas. Je vous dis où il est, vous faites ce que vous voulez avec, mais moi je me tire. Et je veux pas savoir ce qu'il y a dedans. |
Arthur |
(Agacé.) Mais qu'est-ce que c'est que ce cirquecirque (n.m.) Comportement outrancier et exagéré En savoir plus, que vous me faites ? |
Le père Blaise |
Et si je peux vous donner un petit conseil... |
Arthur |
Non ça va, non écoutez ça va comme ça, j'ai pas besoin de vos conseils, alors vous allez me montrer où il est, et puis vous allez foutre le camp, espèce de péteux. Allez ! |
Le père Blaise |
(Lève la main comme pour se dédouaner, et part en direction des rayonnages.) |
(Fermeture.) |
Salle des archives, jour. Arthur observe le livre "Les Prophéties" ; le père Blaise se tient à distance, agrippé à son crucifix. |
Arthur |
Bon bah voilà, c'est un livre, quoi ! |
Le père Blaise |
Sire, je vous en conjure, allez le reposer ! Ça fait je sais pas combien d'années que personne ne l'a ouvert, doit bien y avoir une raison ! |
Arthur |
Bon alors écoutez, soit vous restez, soit vous restez pas, mais vous arrêtez de me bourrer le mou avec vos peurs débiles ! (Semble soudain pris d'un doute.) Bah... c'est vous qui l'avez ouvert ? |
Le père Blaise |
(Effrayé.) Hein ? Quoi, mais... mais j'ai pas bougé de là, moi ! |
Arthur |
Ah bon... bon bon bon bon bon, bah c'est moi, voilà ! |
Le père Blaise |
(Tétanisé.) Il s'est ouvert tout seul ! |
Arthur |
Oh non, mais arrêtez vos conneries, s'il vous plaît ! |
Le père Blaise |
Ah, non ! (Part en courant.) |
Arthur |
Mais... non mais revenez, espèce de taré ! Évidemment que c'est moi qui l'ai ouvert ! Oh, voilà, comme ça je tombe sur une page au hasard, et puis euh... et je peux vous lire, tenez regardez, je vous en lis un morceau ! Oh ! Vous allez voir que y a aucun problème ! Regardez : « Siècle des larmes, hurlements ». Voilà, très bien... « Au jour, dieu roi de... » (relit, étonné) « ...roi de LogresIl s'agit d'Arthur. » ? « ...fait affront... du Lac combattant frère à l'épéeL'ancien français ne connaissait pas d'ordre fixe pour les mots, ou à tout le moins autorisait davantage de liberté à cet égard ; il faut lire ici « combattant à l'épée le frère du Lac », autrement dit Lancelot., femme de VannesIl s'agit de Mevanwi. épousée commet faute. Panique, ruine, fin d'un monde... sur Terre sans démons ni sorcières, vient dieu des morts solitaire d'effrayeurEt non pas « des frayeurs » ; Astier emprunte sans doute cette tournure à une prédiction de Nostradamus : « L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois, Du ciel viendra un grand Roy d'effrayeur: Resusciter le grand Roy d'Angolmois, Avant après Mars regner par bon heur. », du ciel à l'insulte... la réponseMéléagant se définira lui-même sous ce nom.. » (Réfléchit longuement.) |
(Noir.) |
Arthur |
Là ça pue du cul, mais violent. |
(Stab final.) |