Forêt, jour. Arthur, Perceval et Léodagan sont dissimulés dans un sous-bois. |
Perceval |
On attend quoi là déjà ? Je suis désolé, j'arrive pas à me rappeler. |
Arthur |
On attend que l'espion revienne. |
Perceval |
L'espion, c'est le mec qu'on a envoyé là bas ? |
Léodagan |
Voilà. C'est celui à qui vous avez bourré le mou pendant tout le trajet en lui demandant son métier. |
Perceval |
Ah, c'est pour ça qu'il me disait « espion ». |
Arthur |
Bah oui, parce qu'il est espion. |
Perceval |
D'accord. Ça y est ça rentre. |
Arthur |
Hé bah c'est pas dommage« c'est pas dommage » (loc.) Formule pour exprimer son impatience après une longue attente En savoir plus... |
Perceval |
L'espion, c'est bon, je situe. Mais là, on attend quoi ? |
(Ouverture.) |
Forêt, jour. Arthur, Perceval et Léodagan sont dissimulés dans un sous-bois. |
Léodagan |
Hé... vous croyez pas qu'il s'est fait repérer, votre espion ? |
Arthur |
Paraît que c'est un as ! Je saurais pas quoi vous dire, moi ! |
Léodagan |
Trois quarts d'heure pour faire un rapport d'observation... |
Arthur |
Peut-être qu'il prend son temps ! Si ça peut nous éviter de nous faire fumer, c'est pas moi qui vais le blâmer... |
Perceval |
Mais je croyais qu'il y était pas, Lancelot, dans son camp... |
Arthur |
Non ! D'après ce qu'on sait, il y est pas. |
Léodagan |
Alors après, euh... y a deux genres. Il a pris ses hommes et le camp est désert, et il les a pas pris et le camp est plein à ras bord. |
Arthur |
Ben justement, moi je préfère attendre le retour de l'espion plutôt que de partir à l'aveuglette... |
Perceval |
Ah attendez, d'habitude les espions, ils sont avec les ennemis, et ils viennent chez nous pour regarder ce qu'on fait ! Tandis que celui-là, il travaille pour nous, et il est parti chez les ennemis. C'est tout inversé. Du coup, c'est pas ça qu'on appelle un « contre-espion » ? |
(Arthur et Léodagan ne répondent rien.) |
Léodagan |
Euh... non mais honnêtement... vous voyez bien qu'il s'est fait serrer... |
Arthur |
Mais non, un as je vous dis ! Indétectable. |
Camp de Lancelot, jour. Galessin et Angharad se tiennent devant Nathair, flanqué de Ferghus et d'un autre garde, et l'interrogent. |
Nathair |
Écoutez, franchement, si j'étais un espion, je vous le dirais. |
Galessin |
Mais vous êtes quoi, si vous êtes pas un espion ? |
Nathair |
Mais je vous ai déjà dit : un marchand de passage. |
Galessin |
Oui mais le passage il est interdit. Ici maintenant ce sont les terres du seigneur Lancelot. Toutes les routes sont déviées. |
Angharad |
Si c'est un marchand, où qu'elle est sa marchandise ? |
Galessin |
De quoi ? |
Nathair |
De quoi ? |
Angharad |
Excusez ma curiosité, mais euh... vous vendez quoi au juste ? |
Nathair |
Je vends... des bêtes. |
Galessin |
Des bêtes. Quelles bêtes ? |
Nathair |
Ah bah... toutes sortes de bêtes ! Je vais pas commencer à restreindre mon activité ! |
Galessin |
Et elles sont où, ces bêtes ? |
Nathair |
Je les ai vendues, puisque je suis marchand ! |
Angharad |
Vous les avez vendues où, en pleine forêt ? |
Nathair |
Non, au marché. Ah ah ! Ça vous la coupe« la couper » (loc.) Laisser sans voix, interloquer En savoir plus ça, hein ? |
Angharad |
Ce qui me la coupe« la couper » (loc.) Laisser sans voix, interloquer En savoir plus, c'est que... vous vendiez des bêtes, au marché aux œufs. |
Nathair |
Au marché aux quoi ? |
Angharad |
Aux œufs. Là d'où vous venez, c'est le marché aux œufs. Bon y en a bien... deux-trois qui vendent du lait, mais euh, dans l'ensemble, c'est des œufs. |
Nathair |
Hé ben si y en a qui vendent du lait, je vois pas pourquoi je pourrais pas vendre des bêtes. |
Galessin |
Vous êtes sûr que vous êtes pas un espion ? Il vaudrait mieux le dire, on serait fixés. Ça nous ferait gagner un temps considérable. |
Nathair |
Marchand. |
Forêt, jour. Arthur, Perceval et Léodagan sont dissimulés dans un sous-bois. |
Léodagan |
(Soupire.) Bon allez on rentre, j'en ai marre moi. |
Arthur |
Oh mais zut, là ! C'est pas possible ça, toujours un pet de travers ! |
Léodagan |
Je vais pas dormir dans un bosquet, si ? |
Arthur |
Mais foutez-moi la paix, nom d'un chien ! J'attends mon espion ! |
Léodagan |
Hé bah votre espion, si vous le croisez, vous pouvez lui dire de ma part que... |
Perceval |
Hé attendez, si les ennemis gardent notre espion, et nous en renvoient un de chez eux, pour regarder ce qu'on fait ? Bah ça serait un « bi-contre-espion ». |
(Fermeture.) |
Camp de Lancelot, jour. Galessin et Angharad se tiennent devant Nathair, flanqué de Ferghus et d'un autre garde, et l'interrogent. |
Nathair |
Vous allez pas me retenir prisonnier, on m'attend... |
Galessin |
On vous attend ? Mais où ? |
Nathair |
Mais... là bas, sur le sentier. |
Galessin |
Mais je croyais que vous étiez tout seul. |
Nathair |
Oui... je suis seul, avec mes... mes amis marchands de bêtes. |
Galessin |
Vos amis marchands de bêtes. |
Angharad |
Et avec vos potes marchands de bêtes, vous avez rien trouvé de mieux qu'aller vendre des bêtes au marché aux œufs ? Vous m'avez l'air d'une sacrée bande de flèchesflèche (n.f.) Individu incompétent, bon à rien En savoir plus, hein ! |
Nathair |
On essaie de faire correctement notre métier. Alors oui, on bouscule quelques habitudes. Seulement, si un jour les paysans bretons peuvent vendre des bêtes au marché aux œufs... |
(Noir.) |
Nathair |
...hé bah ce sera grâce à nous. |
(Stab final.) |