Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. |
Guenièvre |
Allez, écoutez cette fois-ci, on le fait. |
Arthur |
Allez ! D'accord ! (Faussement déçu.) Ah non, non non merde... |
Guenièvre |
Quoi ? |
Arthur |
(Soupire.) Je peux pas. |
Guenièvre |
Mais pourquoi ? |
Arthur |
Parce que dans deux semaines je pars en campagne. |
Guenièvre |
Et alors ? |
Arthur |
Ah ben non, pendant deux semaines euh... (siffle) sinon ça fatigue ! |
Guenièvre |
Quand même... dans deux semaines... |
Arthur |
Ah non non non non non, c'est pas possible ! Enfin ! Vous vous rendez pas compte de l'énergie que ça gaspille ! |
Guenièvre |
J'avoue que j'ai pas bien la notion ! |
(Ouverture.) |
Chambre d'Aelis, nuit. Arthur et Aelis dorment enlacés ; Guenièvre tente de réveiller Arthur. |
Guenièvre |
(Appuie sur le visage d'Arthur.) Hé ! Oh ! |
Arthur |
(Se réveille.) Hein ? Holà ! |
Guenièvre |
(Murmurant.) Je suis désolée de vous déranger. |
Arthur |
Mais qu'est-ce qui se passe ? |
Guenièvre |
Je voulais savoir si vous comptiez vous payer ma fiole encore pendant longtemps ? |
Arthur |
Comment ? |
Guenièvre |
Ben je croyais que vous pouviez pas vous fatiguer ? |
Arthur |
Hé ben ? |
Guenièvre |
Ben, vous allez certainement me soutenir qu'Aelis et vous-même vous êtes sagement endormis dans cette position sans rien faire ! |
Arthur |
Hé ben euh... forcément, puisque je peux pas. |
Guenièvre |
Tous les deux nus comme des vers, euh, vous avez pas bronché ! |
Arthur |
Non mais dites, s'il vous plaît, on sait se tenir quand même ! |
Guenièvre |
Et elle dort toujours comme ça, la petite ? |
Arthur |
Euh... non. C'est que... d'habitude elle dort sur le dos, mais simplement voilà elle ronfle. Du coup, elle euh... dort sur le ventre. |
Guenièvre |
Sur vous. |
Arthur |
Sur moi... ben non mais parce que j'étais... il se trouve que j'étais en dessous à ce moment-là... |
Guethenoc |
Ah d'accord... vous me prenez vraiment pour la reine des pécorespécore (n.m.) Paysan En savoir plus, hein. |
Arthur |
Mais pas du tout, enfin ! Bon attendez, (à Aelis) hé, réveillez-vous. Pst ! Réveillez-vous ! |
Aelis |
(Se réveille.) Qu'est-ce qui se passe ? |
Arthur |
Comment... on n'a rien fait, euh... hier soir ? |
Aelis |
Hier soir, quand ça ? |
Arthur |
Hier soir avant de s'endormir, on n'a... on n'a rien fait. |
Aelis |
Bah euh... si. |
Arthur |
Non, non, pas hier soir. |
Aelis |
Ah bon. |
Arthur |
Voilà. Hé non, parce que... dans deux semaines, qu'est-ce qui se passe dans deux semaines ? |
Aelis |
Dans deux semaines... |
Arthur |
Voilà, je... pars... je pars en... |
Aelis |
Voyage ? |
Arthur |
Voilà. En campagne. Voilà, enfin... en voyage. |
Chambre d'Aziliz et Tumet, nuit. Aziliz et Tumet sont au lit, Arthur est debout à côté du lit, à torse nu. |
Guenièvre |
(Arrive.) |
Arthur |
Qu'est-ce qui se passe ? |
Guenièvre |
Rien, je me balade. Vous êtes essoufflé, hein. |
Arthur |
Non. Euh... non si. Si parce que, comment... on a déplacé le lit. Alors euh... |
Guenièvre |
Mais il était là, le lit ! |
Arthur |
Euh... oui, parce que on l'a... on l'a d'abord... on l'avait mis là-bas, puis on l'a remis là. Parce que c'était pas bien, là-bas, hein ? C'était... |
Guenièvre |
(À Aziliz et Tumet.) Vous vous êtes restées dans le lit sans l'aider ? |
Arthur |
Ben j'allais pas les faire porter le lit ! |
Guenièvre |
Mais elles sont quand même essoufflées ! |
Arthur |
Tout à fait ! Parce qu'elles ont... parce que déjà moi je... comme j'ai... je suis essoufflé, alors ça marche un peu aussi par euh... comment on appelle ça... je me souviens plus, et puis donc du coup après, on... comme il faisait... il fait chaud, là. |
Guenièvre |
Non, il fait froid. |
Arthur |
Bah si... non, oui là il fait froid. Déjà j'ai chaud, parce qu'elles ont chaud parce que moi j'ai chaud, parce que j'ai transporté le lit, et en plus là bas il faisait... chaud, et c'est pour ça que ça nous a pas plu qu'on l'a remis là, le lit. (Agacé.) Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce qu'il y a ? Vous croyez que quoi ? Qu'on a fait euh... c'est ça ? |
Guenièvre |
Ah j'avoue que... l'idée m'a traversé l'esprit, oui ! |
Arthur |
Oui hé ben non ! Hé ben non, voilà. Parce que, alors tout ça en plus c'est très simple, (à Aziliz et Tumet) parce que, pourquoi ? |
Aziliz |
Pourquoi quoi ? |
Arthur |
Pourquoi quoi ? On en a parlé tout à l'heure, je vous prie de faire un petit effort aussi, faut pas que je me fatigue, pourquoi ? Parce que dans deux semaines... dans deux semaines... je... je pars... voilà. Je pars en... |
Tumet |
Voyage ? |
Arthur |
Voilà. En voyage-campagne. Et puis c'est tout. |
(Fermeture.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont allongés en travers du lit, ravis et essoufflés. |
Arthur |
Alors ? |
Guenièvre |
Ah non c'est vraiment bien, hein ! |
Arthur |
Vous êtes contente ? |
Guenièvre |
Ben oui ! Et puis au moins, d'ici, on voit la fenêtre ! C'est quand même plus sain. |
Arthur |
Pas de regret hein ? Vous êtes sûre ? (Tapotant sur le lit.) Parce que on le redéplace pas dans une demi-heure, le machin ! |
Guenièvre |
Ah non non non ! C'est parfait ! |
(Noir.) |
Guenièvre |
Non et puis je voudrais pas vous fatiguer quand même, avec votre campagne dans deux semaines... |
(Stab final.) |