Chambre d'Arthur, nuit. Demetra et Guenièvre discutent, assises sur le lit de cette dernière. |
Guenièvre |
Ce que je comprends pas, c'est pourquoi il fait ces choses-là avec vous et pas avec moi. Je suis quand même sa femme ! |
Demetra |
Quand il revient d'avec vous, ne le prenez pas mal hein, mais il est à cran, il est tout triste ! Alors du coup, moi, tac ! Je le réconforte ! Il a juste besoin de câlins... |
Guenièvre |
Oui mais moi, quand il revient d'avec vous, il va très bien ! Il a juste besoin que je lui foute la paix... |
(Ouverture.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Demetra et Guenièvre discutent, assises sur le lit de cette dernière. Demetra tient une fiole, Guenièvre une coupe. |
Guenièvre |
Vous êtes sure que ça risque rien ? |
Demetra |
Mais qu'est-ce que vous voulez que ça risque ? C'est une potion de chagrin ! |
Guenièvre |
Moi, tout ce qui est magique... |
Demetra |
Mais c'est basique, ça. Merlin en fait quinze gallons par semaine, il a jamais eu de pépin ! |
Guenièvre |
Oui mais quand même... |
Demetra |
Dépêchez-vous, Arthur va revenir d'une minute à l'autre ! (Verse une goutte du contenu de la fiole dans la coupe que tient Guenièvre.) Voilà ! Avec ça il sera tout triste et après, vous, hop ! Il vous restera plus qu'à le consoler. |
Guenièvre |
Mais vous êtes sure qu'il aura envie de faire des... des choses avec moi, s'il est tout triste ? |
Demetra |
Je sais comment il marche, vous pouvez me faire confiance. |
Guenièvre |
Alors qu'est-ce que je fais, une fois qu'il a bu ? |
Demetra |
Ah bah la potion ça fait pas tout... il vous reste votre charme naturel, votre animalité... la potion, c'est juste un coup de pouce ! |
Guenièvre |
(Prend la fiole des mains de Demetra et en verse tout le contenu dans la coupe.) |
Demetra |
(Lui retient la main.) Hé ! Mais vous êtes dingue ! |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit, Arthur pleure. |
Arthur |
Ah, chienne de vie alors ! |
Guenièvre |
Il faut pas dire ça... |
Arthur |
Bah, et qu'est-ce que vous voulez dire d'autre ? Ah non y a des jours, moi je vous le dis hein... je suis à deux doigts de tout laisser tomber ! |
Guenièvre |
Il faut pas dire ça... |
Arthur |
Et puis alors je me dis : « Bon bah vas-y, essaie, quoi, je sais pas, tu verras, peut-être ça vaut le coup ! » Alors là je repars, je remonte la pente, et puis... je fais tout ce que je peux pour maintenir la tête hors de l'eau... |
Guenièvre |
Il faut pas dire ça... |
Arthur |
Et puis tout retombe comme un soufflé. Non, ça vaut pas le coup... qu'est-ce que j'ai dans ma vie, moi ? Hein ? Alors bah voilà, qu'est-ce que j'ai ? |
Guenièvre |
Vous m'avez moi. |
Arthur |
(Pleure de plus belle.) Non, rien. Rien rien rien ! |
Guenièvre |
(Place son bras autour des épaules d'Arthur et le serre contre elle.) |
Arthur |
Hé ben quoi, ben qu'est-ce que vous faites, vous êtes dingue ! |
Guenièvre |
Laissez-vous faire, deux minutes ! |
Arthur |
Mais mince, vous voyez pas que je suis pas dans mon assiette, non ? |
Guenièvre |
Mais essayez, qu'est-ce que ça vous coûte ? Fermez les yeux et essayez de vous calmer. |
Arthur |
(Ferme les yeux et se calme un peu.) |
Guenièvre |
Voilà. Vous êtes à cran, ça va passer. (Embrasse Arthur sur le front.) Vous savez ce qu'on devrait faire pour que vous soyez parfaitement détendu ? |
Arthur |
(Fond à nouveau en larmes.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. |
Arthur |
(Souffle.) Je suis désolé, hein... je sais pas ce qui m'a pris... c'est pourtant pas mon genre ! Enfin c'est les nerfs aussi hein, avec les journées de taré que je me farcisse farcir (v.) Endurer, supporter En savoir plus, c'est normal que ça craque... |
Guenièvre |
Mais c'est pas grave, vous savez bien que je suis là pour ça ! |
Arthur |
Ah ouais non mais quand même, c'est... vous encaissez, vous encaissez... vous trouvez quand même le moyen de trouver de la tendresse au milieu de tout ça... non, c'est... non non, c'est... c'est vraiment gentil. (Sourit et caresse la joue de Guenièvre.) Heureusement que je vous ai quand même ! |
Guenièvre |
(Sourit.) |
Arthur |
(Embrasse Guenièvre sur la joue, puis dans le cou.) Attendez, j'éteins. (Saisit sa coupe et boit le reste de son contenu.) |
Guenièvre |
(Horrifiée.) Oh non ! |
Arthur |
Quoi « oh non » ? Je finis ma tisane... |
Guenièvre |
(Abattue.) Oh non c'est pas vrai... |
Arthur |
Quoi, mais quoi, mais qu'est-ce que j'ai fait encore ? (Fond en larmes.) |
Guenièvre |
(Cache son visage dans sa main.) |
(Fermeture.) |