Chambre de Demetra, nuit. Guenièvre est dans le lit de Demetra et console celle-ci. Arthur est assis sur le bord du lit. |
Demetra |
Il était même pas vieux... |
Arthur |
C'est le cœur, ça. Tout va bien, tout va bien puis un jour, crac ! |
Demetra |
Quelle horreur ! |
Guenièvre |
Mais faut pas vous mettre dans des états pareils, c'est qu'un serviteur. Demain vous en aurez un autre et puis voilà. |
Demetra |
J'ai peur de l'Ankou. |
Guenièvre |
Ah ça, l'Ankou... |
Arthur |
C'est sûr c'est pas bien marrant, mais enfin bon voilà, il arrive, il prend le cadavre et il s'en va. |
Demetra |
Ça m'angoisse ! Je supporte pas le bruit de sa charrette, on sait jamais si c'est lui ou... ou un mauvais présage... eh puis j'ai toujours peur que ce soit pour moi... |
(Au loin, on entend le bruit d'une charrette grinçante.) |
Demetra |
(Terrorisée.) Ça y est, c'est lui ! |
Guenièvre |
Cette nuit au moins, on sait pour qui il vient. |
Arthur |
Il pourrait quand même mettre un coup de graisse à son essieu. |
(On entend frapper à la porte de la chambre.) |
Demetra |
C'est lui, il vient me chercher ! |
Guenièvre |
Mais non... mais non, mais non. |
Arthur |
(Va ouvrir.) |
Cuisines, nuit. Arthur et l'Ankou sont aux cuisines. |
L'Ankou |
Je suis désolé de vous faire lever hein, mais comme je suis toujours un petit peu embêté quand je viens faire un enlèvement ici, alors je me suis dit bah, tiens tu vas en toucher deux mots, c'est pour ça. Ça s'est bien passé le décès ? |
Arthur |
Ça s'est... bien... j'en sais rien... parce que j'étais pas là. |
L'Ankou |
Ah ! C'est de la famille ? |
Arthur |
Non c'est un grouillotgrouillot (n.m.) Subalterne chargé de petites besognes, serviteur, domestique En savoir plus. |
L'Ankou |
Oh bah tant mieux hein. Non parce que quand c'est de la famille c'est vrai c'est triste quand même. Les gens sont plus... hein forcément ça leur fait un vide. Alors moi du coup j'arrive hein, bon puis c'est triste quand même, quoi. |
Arthur |
Ouais... qu'est-ce que c'est qui... vous embête, exactement ? |
L'Ankou |
Ah oui oh, vous allez voir, c'est nigaud. Parce que, normalement, je frappe à la grande porte, hein, bon, ça fait partie du... hein. Je monte, hein, les gens m'entendent marcher dans le couloir alors bon ça met l'ambiance, hein et puis après moi je prends le corps et puis hein... au revoir messieurs dames. |
Arthur |
Oui, mais c'est bien toujours ce que vous avez fait ? Jusqu'à maintenant. |
L'Ankou |
Oui non mais là le truc c'est que je suis en charrette, moi, alors euh, pour descendre de la grande porte à la charrette, y a au moins soixante marches, alors avec le colis sur le dos je vous raconte pas la suée. |
Arthur |
Oui non mais d'accord, mais de toute façon vous allez pas monter la charrette par les escaliers ? |
L'Ankou |
Oui non mais c'est pour ça, alors le plus simple c'est que je passe par la cuisine. Comme ça moi, je viens directement là, me mettre à cul, ici, et après comme ça bah, moi je suis de plain-pied pour repartir ! |
Arthur |
Ouais... oui mais alors du coup, enfin je comprends pas, parce que c'est le macchabée qu'il faut descendre ici après, les escaliers si vous vous les farcissez pas dehors, vous vous les farcissez dedans. |
L'Ankou |
Oui, mais bon, mettons que je vous demande un petit coup de main pour charrier le gars, ha bah moi je préfère vous faire descendre par les escaliers intérieurs plutôt que de vous faire sortir en chemise de nuit... |
Arthur |
Parce que vous comptez me demander un coup de main ? |
L'Ankou |
Ah non non, non mais bon, un larbinlarbin (n.m.) Serviteur, domestique En savoir plus ou deux ça suffit... |
Arthur |
Je comprends pas parce que d'habitude vous vous démerdez bien tout seul ? |
L'Ankou |
Oui mais bon là, c'est un grouillotgrouillot (n.m.) Subalterne chargé de petites besognes, serviteur, domestique En savoir plus hein, c'est pas bien grave si c'est pas moi qui le porte. Hé, le jour où c'est la reine, ou du gratin, ou... ou même vous, hein bon ça peut arriver hein, alors là vous inquiétez pas hein hé, je le fais moi. |
(Fermeture.) |
Cuisines, nuit. Arthur et l'Ankou sont aux cuisines et mangent une collation. |
L'Ankou |
Non mais quand j'arrive vraiment, les gens qui m'entendent c'est normal hein ! Mais c'est quand j'arrive pas, alors là celui qui m'entend en avance, c'est qu'il va mourir dans la journée. |
Arthur |
Ah voilà c'est ça, ça y est. |
Karadoc |
(Entre.) Bonsoir. |
L'Ankou |
Bonsoir ! |
Karadoc |
Sire, je suis désolé, y en a un qui a collé sa charrette juste devant l'entrée des stocks. |
L'Ankou |
(Amusé.) Non non non, c'est moi, j'y vais ! |
Arthur |
Non mais hé ho, bah non mais quand même, le petit dernier ! |
L'Ankou |
Bon bah alors euh... la moitié d'un... |
(Noir.) |
L'Ankou |
Et puis après je filoche, hein. |
(Stab final.) |