Devant la taverne, jour. Arthur et Perceval marchent. |
Arthur |
(S'arrêtant et attrapant Perceval.) Dites-donc, vous. Je vous préviens que si vous êtes encore en train de m'embarquer dans une histoire à deux ronds cinquante, vous allez vous faire botter le cul mais quelque chose de concret ! |
Perceval |
Attendez Sire, pour une fois que c'est moi qui vous trimballe en mission... |
Arthur |
Mmh, vous pouviez pas faire ça avec votre pote, non ? |
Perceval |
C'est trop balaisebalaise (adj.) Doué, fort En savoir plus. Faut quelqu'un qui ait le sang chaud sur ce coup-là ! |
Arthur |
(Soupire.) Le sang froid. |
Perceval |
Ah ouais... ça se dit pas « le sang chaud » ? |
Arthur |
Non... si, ça... non mais là, dans le contexte, le sang chaud, je vois pas ce que j'en foutrais ! (Poussant Perceval en avant.) Oh et puis tirez-vous... |
(Ouverture.) |
Devant la taverne, jour. Arthur et Perceval font le point. |
Arthur |
Donc c'est dans cette taverne-là ? |
Perceval |
Voilà. Les chambres sont au premier. Ça fait plusieurs fois que y a des mecs de passage qui prennent une piaule... ils s'endorment, tout bien... et en plein milieu de la nuit, boum ! Ils se font attaquer, dérouillerdérouiller (v.) Tuer En savoir plus, et piquer tout leur fric. |
Arthur |
Donc la logique voudrait que y ait une bande de malfrats qui sévisse... |
Perceval |
Non je pense pas qu'il y ait des sévices, mais bon, c'est quand même craintu. Moi je dis que y a matière à faire une belle mission. En plus j'ai tout préparé au poil de cul, vous inquiétez pas ! |
Arthur |
Oh non mais si vous avez tout préparé, je m'inquiète pas... allez... |
Taverne, jour. Arthur et Perceval, dissimulés sous des capuchons, discutent. |
Perceval |
Bon évidemment, vous allez encore dire que c'est pourri. |
Arthur |
De quoi ? |
Perceval |
Bah mon plan. Vous allez trouver ça mité. Mais je m'en fous, je vous le dis quand même. |
Arthur |
Allez-y... |
Perceval |
Ce qu'on fait : on fait courir le bruit dans la salle qu'on est des voyageurs et qu'on est bourrés de blé. Et puis dans une heure ou deux, on prend une chambre, on monte, et on fait semblant de dormir. Avec un peu de bol, les bandits entrent dans la piaule pour nous attaquer, et nous hop ! On les attrape. |
Arthur |
Hé ben non, mais c'est pas pourri du tout, c'est bien ! C'est probablement quelque chose comme ça qu'il faut faire. |
Perceval |
Mais ? |
Arthur |
Mais pour se faire passer pour des voyageurs plein de pognon, fallait peut-être pas se déguiser en miséreux... |
Perceval |
Ah bah voilà ! Connerie ! C'est pas vrai hein... je peux jamais rien faire comme il faut d'un bout à l'autre... |
Arthur |
Non non non non mais attendez, non mais c'est déjà très très bien ! Moi je suis vachement content que vous cherchiez des missions à faire. Vraiment. Après le reste, ça viendra petit à petit. On sait combien ils sont les bandits ? |
Perceval |
Ah non, j'en sais rien... |
Arthur |
Ouais bah voilà, ça par exemple la prochaine fois ce serait bien de le savoir. Parce que si ce soir on se fait attaquer à vingt-cinq contre deux... on va probablement mourir... voyez, c'est des petits trucs... |
Chambre de la taverne, nuit. Arthur et Perceval sont allongés et attendent. |
Perceval |
(À voix basse.) Sire, vous dormez ? |
Arthur |
Ah bah non, je dors pas, non ! |
Perceval |
Je sais pas comment vous faites ! Moi dans un lit et dans le noir, j'ai qu'une envie c'est pioncer. |
Arthur |
Soyez un peu sur le coup ! Ça vaudra mieux pour votre cul que vous soyez pas endormi quand ils arrivent... |
Perceval |
Et les mecs, il faut les tuer ou pas ? |
Arthur |
Faudrait essayer que non ! Mais c'est plus difficile de pas tuer, surtout dans le noir... défendez-vous déjà, vous occupez pas du reste. |
(On entend marcher dans l'escalier.) |
Perceval |
Hé ! Y a quelqu'un qui monte ! |
Arthur |
OK, taisez-vous ! Faites semblant de dormir, vous attaquez au dernier moment ! |
Perceval |
(Fait semblant de ronfler très bruyamment.) |
Arthur |
(Alarmé.) Que... qu'est-ce que vous faites ? |
Perceval |
Vous m'avez pas dit de faire semblant de dormir ? |
Arthur |
Fermez-la, espèce de con ! |
(La porte s'ouvre lentement ; trois hommes encapuchonnés entrent et attaquent Arthur et Perceval, qui se défendent.) |
(Fermeture.) |
Devant la taverne, jour. Arthur et Venec discutent ; Perceval prépare son bagage. |
Arthur |
Attaquer les mecs pendant leur sommeil, c'est quand même pas jojo, excusez-moi... |
Venec |
C'est mon activité qui veut ça... à ce compte-là, le reste, c'est pas tellement jojo non plus... |
Arthur |
Non mais quand même, le pauvre gars en train de ronquer... et puis alors dites donc, excusez-moi, mais... vous n'y allez pas de main morte hein ! |
Venec |
Si le type se réveille pas, moi je pique le blé et au revoir messieurs-dames ! Vous, vous vous êtes réveillés, je tape pas pour mon plaisir hein ! |
Arthur |
Bah non, ni pour le mien... |
Perceval |
Non mais ça c'est moi, Sire ! |
(Noir.) |
Perceval |
Dans la panique, je vous ai mis un taquet. |
(Stab final.) |