Forêt, jour. Bohort, blessé, est transporté par des soldats, sous le regard d'Arthur et Léodagan. |
Bohort |
(Gémissant.) À moi, je souffre... |
Léodagan |
Bon bah posez-le ! Vous allez pas le balader comme ça jusqu'à demain, si ? |
Bohort |
Sort injuste, se resserre à présent sur mon âme l'étreinte griffue de ton funeste projet... |
Arthur |
(À Léodagan.) Qu'est-ce que vous avez foutu ? |
Léodagan |
Mais le coup dur, quoi ! Ils se sont mis à trois dessus, et puis... voilà ! |
Arthur |
Combien de fois je vous ai dit « Faites gaffe à Bohort » ? |
Léodagan |
Mais je fais gaffe ! |
Bohort |
Arbre, mon ami, majestueux témoin de ma gloire abattue, entends avec moi le céleste appel... |
Arthur |
Et je suppose qu'on n'a personne pour le rafistolerrafistoler (v.) Soigner En savoir plus ? |
Léodagan |
Merlin est pas revenu. |
Arthur |
Vacherie, alors... |
Léodagan |
Bon bah on plie boutique, et on le ramène à Kaamelott. |
Arthur |
Parce que vous croyez qu'il est transportable ? |
Léodagan |
Bah si il canne en route... c'est qu'il l'était pas. (Faisant signe aux soldats de relever Bohort.) Allez. |
Bohort |
(Se relève en hurlant de douleur.) |
Laboratoire de Merlin, jour. Arthur, Léodagan et Merlin sont dans le laboratoire de ce dernier. |
Merlin |
(Verse le contenu d'un pichet dans des verres tenus par Arthur et Léodagan.) C'est bon, vous inquiétez pas, il est sorti d'affaire. |
(Arthur et Léodagan goûtent ce que Merlin leur a servi et semblent confus.) |
Merlin |
Ah, ça a pas été sans mal hein, je vous cacherai pas qu'il a failli me claquer deux-trois fois dans les pattes, mais là, c'est fini ! |
Arthur |
Vous êtes sûr, hein ? Vous nous faites pas une fausse joie ? |
Merlin |
Mais y a pas de doute possible, vous sentez pas l'acidité qui revient ? Hein, ça attaque le palais, c'est signe que le système est reparti. |
Léodagan |
Mais l'acidité qui revient d'où ? |
Merlin |
Goûtez encore, vous avez pas fait attention. |
Arthur |
Mais qu'est-ce que c'est qu'on boit, là ? |
Merlin |
Bah le sang de Bohort... |
Arthur |
(Criant.) Le sang de Bohort ? |
Léodagan |
(Criant.) Le sang de Bohort ? |
Merlin |
Bah oui, pas le mien... |
Arthur |
(Crache par terre.) |
Léodagan |
Oh mais vous êtes complètement con ! |
Merlin |
Bah quoi, qu'est qu'il y a encore ? |
Arthur |
Bon allez ça va comme ça, hein, Bohort est guéri... merci bien, on s'en va. |
Merlin |
Attendez, attendez, je pars avec vous, je vais annoncer la bonne nouvelle au miraculé. |
Léodagan |
Parce qu'il le sait pas ? |
Merlin |
Quoi ? |
Léodagan |
Qu'il est miraculé ! |
Merlin |
Ah bah non, pour lui c'est la fin. Tous les jours il me dit « Je passerai pas la nuit. » Là si ça ce trouve, il va pas me croire ! |
Arthur |
Non mais c'est bon je vais lui dire, moi. Par contre vous êtes sûr hein ? Je vais pas lui annoncer qu'il est sauvé si il calanchecalancher (v.) Mourir En savoir plus dans cinq minutes. |
Merlin |
Passez vos coupettescoupette (n.f.) Verre, récipient En savoir plus. Vous allez voir, (saisit une fiole) avec la pisse, c'est plus net. |
Chambre de Bohort, jour. Arthur est au chevet de Bohort. |
Bohort |
(Faiblement.) Sire, vous êtes venu recueillir les larmes de mon dernier soupir. Que vous êtes bon. |
Arthur |
Attendez, attendez, parce que j'ai quelque chose à vous dire. |
Bohort |
Non Sire, je vous en conjure, j'ai à peine le temps... |
Arthur |
Non mais vous avez tous le temps qu'il vous faut. |
Bohort |
Sire, je dois vous confier un secret, il est temps pour moi aujourd'hui de soulager mon âme. |
Arthur |
Ah bon ? |
Bohort |
(Plein d'espoir.) Ah moins que... notre brave Merlin vous aurait-il entretenu au sujet de mon état ? |
Arthur |
(Mentant.) Euh... ouais... il sait pas. Il sait pas, il euh... parce qu'à un moment il a cru que ça allez mieux, hein... il me l'a dit, tout ça... et puis euh en fait, euh... en fait non. |
Bohort |
(Déçu.) Je vais donc partir pour le dernier continent. |
Arthur |
Oui oui, c'est... la vacherievacherie (n.f.) Chose pénible, désagréable En savoir plus, quoi. Sinon, vous aviez quelque chose à me dire ? |
Bohort |
Vous devez me promettre de ne divulguer à personne l'aveu que je vais vous faire. |
Arthur |
Oui oui ça c'est bon ça, d'accord, allez-y, je vous écoute ? |
Bohort |
Sire, je n'ai jamais reçu la moindre éducation militaire, je n'ai jamais fait mes classes... pardonnez-moi... |
Arthur |
(Part.) |
(Fermeture.) |
Perron du laboratoire de Merlin, jour. Bohort et Merlin se tiennent sur le perron devant le laboratoire de ce dernier. |
Bohort |
(Émerveillé.) Je tiens debout, j'y vois clair, j'ai presque plus de fièvre ! Vous allez peut-être me dire que je suis condamné ? |
Merlin |
Le roi vous a dit que vous étiez sauvé, ne soyez pas con ! |
Bohort |
Mais il m'a soutenu que j'allais y passer ! |
Merlin |
Mais non ! De toute façon on s'en fout de ce qu'il vous a dit, vous êtes guéri, ça vous va pas ? |
Bohort |
(Prenant conscience de la situation.) Mais, mais, mais... |
(Noir.) |
Bohort |
(Criant.) C'est une catastrophe ! |
(Stab final.) |