Le Dragon Gris
❰ Livre IV – épisode 56 ❱
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Perceval, Bohort, Léodagan, Calogrenant, Yvain, Gauvain et Hervé de Rinel sont à la Table ronde. Le père Blaise se tient à son pupitre. | |
Le père Blaise | Alors moi, j'ai une proposition là, je sais même pas de qui elle vient... (Lisant.) « La quête du dragon gris ». |
Arthur | Oui, tout à fait, il s'agit de notre camarade Perceval, qui s'en va bientôt à la chasse au dragon, hein, avec Karadoc, selon des renseignements qu'ils ont glané... alors bon je me souviens plus du détail... |
Perceval | Bah c'était un voyageur, qui s'est arrêté à la taverne pour boire un coup. Il revenait d'un bledbled (n.m.) Pays, ville ou village quelconque En savoir plus, perdu là-bas dans les îles. Il s'était barré, parce que le village est sans arrêt attaqué par un dragon gris. Alors bon... c'est un petit dragon, voyez hein. Mais quand même ! Y a de la bestiole. |
Calogrenant | Et vous avez décidé de partir sauver le village. |
Perceval | Exactement. Pas toujours les mêmes à ramener les hourras, ou les... bravos, je sais plus comment on dit. |
Bohort | Hé bien sachez que nous sommes tous avec vous. |
Perceval | Ah non non, vous êtes pas avec nous, c'est juste Karadoc et moi. Enfin... à moins que ça ait changé non ? C'est chaud quand même. |
(Ouverture.) |
Devant la taverne, jour. Perceval et Karadoc marchent, en tenue de route et portant des baluchons. | |
Perceval | Sans déconner, faut qu'on arrête de se faire piquer nos chevaux pour un oui ou pour un non. Ça, on va vraiment finir par passer pour des cons maintenant ! |
Karadoc | Pourtant je le sais qu'il faut faire gaffe, mais pas moyen. |
Perceval | J'espère qu'ils ont des chevaux à nous prêter à la taverne, sinon on est marron« être marron » (loc.) Être mal pris En savoir plus. |
Karadoc | On est déjà la taverne ? On a fait hyper vite ! |
Perceval | Parce qu'on est motivés ! Je la sens bien cette quête, moi. |
Karadoc | Euh, par contre je voudrais pas faire mon lourdingue, mais on s'était promis qu'on s'arrêterait pas à la taverne. |
Perceval | Ah mais on s'arrête pas, c'est hors de question. |
Karadoc | Hé bah et les chevaux ? |
Perceval | Bah on demande s'ils ont des chevaux, ils en ont, ils en ont pas, merci zizi, au revoir messieurs-dames. |
Karadoc | Et s'il les a pas sous le coude, les chevaux ? Si faut qu'il aille les chercher dans un pré de l'autre côté de la vallée ? On va pas rester debout dans la taverne comme des cons, sans s'asseoir ? |
Perceval | Ah mais on peut s'asseoir, c'est pas ça. Seulement on consomme pas. Il revient avec les chevaux et on se tire. On perd pas notre temps à canonner ou à se bourrer de tartines. |
Karadoc | Ouais on fait ça. Dès qu'il revient avec les chevaux, on fout le camp. |
Perceval | À la limite, euh... bon. |
Karadoc | Ouais. |
Perceval | C'est vrai que c'est un peu con. Quitte à l'attendre des plombes, autant se désaltérer ! |
Karadoc | On prend un petit truc à grailler. |
Perceval | Comme ça on se cale les boyaux avant de partir. |
Karadoc | Voilà ! Ce qui est important, c'est qu'on reste pas trop longtemps. |
Perceval | On se pose, on bouffe, on prend une ou deux heures pour se détendre, et hop ! Top départ. |
Karadoc | Parce que si il peut être déjà le milieu de l'après-midi passé, c'est pas pour ça qu'on va faire une étape ici ! |
Perceval | Ah non, c'est pas le genre ! Après le frichti, tard ou pas tard, on décolle ! |
Karadoc | Parce qu'on sait comment ça finit ici ! Faut se refoutre à table pour le souper, et après du coup il fait nuit, alors on prend une chambre en haut ! |
Perceval | Ah non non non, nous on se barre vite fait. À moins qu'il nous ramène les chevaux en pleine nuit... |
Karadoc | Attends, les chevaux ils sont pas loin, il les a pas mis à quinze bornes ! |
Perceval | OK, donc on résume : on entre, et on dit au type de nous ramener deux chevaux. |
Karadoc | Pendant ce temps, rien ne nous empêche de nous asseoir à une table... |
Perceval | On commande des trucs... on s'en fout, puisque l'autre s'occupe des bourrinsbourrin (n.m.) Cheval En savoir plus. |
Karadoc | Dès qu'il revient avec, on regarde l'heure, et selon, soit on part direct, soit on dort ici. |
Le tavernier | (Sort de la taverne.) Tiens ! Qu'est-ce qu'ils manigancent, les deux héros ? |
Perceval | Dites donc tavernier, vous avez des chevaux à nous prêter ? |
Le tavernier | Ah désolé, non je vais pas en avoir. |
Karadoc | Bon. |
Perceval | Bah tant pis. On va souper ici et prendre une piaule pour la nuit. |
Karadoc | Ouais c'est plus simple. |
(Fermeture.) |
Devant la taverne, jour. Perceval et Karadoc dépose leurs baluchons, le tavernier s'adresse à eux. | |
Le tavernier | Dites, je vous ai pas demandé, c'est pour combien de nuitées la chambre ? |
Karadoc | Ah bah une seule, on est en plein boulot là ! |
Perceval | On est partis dégommer du dragon, on va pas rester là une semaine ! |
Le tavernier | Oui. Bah c'est vous qui me dites, de toute façon j'ai de la place. |
Karadoc | Oui mais de la place pour combien de temps ? |
Perceval | Ah oui, c'est ça aussi ! |
Le tavernier | Oh bah j'ai pas le nez sur le registre, mais à vue de pied, si vous partagez la chambre, vous êtes tranquilles pour trois-quatre bons jours. |
Karadoc | (À Perceval.) Ouais un peu moins d'une semaine... ça va ? |
Perceval | Voilà. |
(Noir.) | |
Perceval | On reste une semaine maxi, et on décanille ! |
(Stab final.) |