Camp de Lancelot, jour. Galessin s'adresse à Lancelot, qui prépare son paquetage avec l'aide de Ferghus. |
Galessin |
Pour la dernière fois, n'y allez pas ! Vous voyez bien que c'est un piège ! |
Lancelot |
C'est moi qui ai demandé à le voir, ça peut pas être un piège, alors foutez-moi la paix et laissez-moi faire ! |
Galessin |
Je vous rappelle quand même que je suis censé assurer votre protection ! |
Lancelot |
Ouais, vous êtes surtout censé être sous mes ordres, alors vous restez là et vous me lâchez les sabots, c'est compris ? |
Galessin |
Laissez-moi au moins vous accompagner. |
Lancelot |
(S'emportant.) Non ! Y a rien à craindre ! Et puis je serai de retour avant la nuit. Et puis... si je suis pas de retour avant minuit, bah... vous envoyez quelqu'un. |
Galessin |
Ah ! Vous voyez que vous n'êtes pas tranquille. Je vous préviens, si vous ne me laissez pas venir avec vous... |
Lancelot |
Hé ben quoi ? |
Galessin |
Hé ben... c'est pas gentil. Voilà. |
Lancelot |
(Part.) |
(Ouverture.) |
Poterne, jour. Arthur quitte le château, dissimulé sous un capuchon ; Venec se presse derrière lui. |
Venec |
Non, non, Sire ! N'y allez pas... |
Arthur |
Pourquoi j'irais pas ? |
Venec |
Mais parce que ça pue ! Dans le genre traquenard, avouez que ça se pose là ! |
Arthur |
Mais c'est dans un lieu public, qu'est-ce que vous voulez qu'il m'arrive ? |
Venec |
Parce que si ils comptent vous buter, vous croyez peut-être que c'est trois clodos qui vont les intimider ? |
Arthur |
Si ils comptent me buter, y a quand même des façons plus simples que d'organiser un rendez-vous secret dans une taverne... |
Venec |
Attendez. Moi je m'y connais en saloperies, et je peux vous dire que ce coup-là, il sent le moisi à trente pieds ! |
Arthur |
Ah ben c'est tout à fait curieux, puisque c'est vous qui l'avez organisé... |
Venec |
Organisé ? Moi j'ai organisé le rendez-vous, je suis pas responsable de ce qui se passe une fois que vous êtes assis ! |
Arthur |
(Impatient.) Bon, on y va, là ? |
Venec |
Euh ouais... en fait je pensais juste une chose... si je vous laissais y aller... sans moi ? |
Arthur |
Tiens donc ! |
Venec |
Non mais, je... je vous accompagnerais bien, mais en cas d'embuscade, j'ai peur d'encombrer. |
Arthur |
Mais... je croyais qu'il fallait balancer un mot de passe avant d'arriver à la taverne ! |
Venec |
Mais moi je vous le dis, le mot de passe ! |
Arthur |
Mais c'est pas vous qui deviez le faire ? |
Venec |
(Hausse les épaules.) Ça, c'est... c'est pas grave ! |
Arthur |
Non, attendez. On fait tout comme c'est prévu. Sans ça ils vont trouver ça bizarre, ça va les mettre de travers« mettre (quelqu'un) de travers » (loc.) Contrarier, fâcher quelqu'un En savoir plus. |
Venec |
Bon, d'accord, vous partez devant, je vous suis à une demi-heure... comme ça on se gênera pas pour marcher. |
Forêt, jour. Lancelot marche, suivi par Ferghus. |
Ferghus |
Dites, je pensais à une chose... |
Lancelot |
Vous pouvez pas y penser en marchant ? |
Ferghus |
Non mais, je me disais... vu que c'est sûrement un piège, et que c'est plutôt vous qui êtes visé, est-ce que c'est vraiment utile que je me fasse tuer, juste parce que je vous accompagne ? |
Lancelot |
La chevalerie, ça vous dit quelque chose ? |
Ferghus |
Euh... vaguement, mais je suis pas chevalier, alors... |
Lancelot |
Mmh. Et le sacrifice, vous connaissez ? |
Ferghus |
Pareil, de nom, mais j'ai jamais pratiqué. |
Lancelot |
Hé ben voilà. Une bonne occasion de vous y mettre. |
Devant la taverne, jour. Arthur et Venec marchent. |
Venec |
(Soupire.) Elle est interminable, cette route ! |
Arthur |
Bah je pense bien... surtout qu'en se retournant sans arrêt sur soi-même, on fait plus de bornes... |
Venec |
Je suis désolé d'être vigilant ! |
Arthur |
Mmh. Ben c'est le moment de l'être, là. Allez-donc m'annoncer. |
Venec |
(Fait quelques pas en direction de la taverne, puis se retourne.) Et qu'est-ce qu'ils vont penser quand ils vont me voir rentrer tout seul ? Si ils croient que je vous ai pas amené, ils vont peut-être se mettre en rogne ? |
Arthur |
Mais... attendez, je croyais que c'était convenu comme ça, je croyais que vous deviez rentrer, tout seul, avec le mot de passe... |
Venec |
Bah oui ! |
Arthur |
Hé ben alors ? |
Venec |
Et si ils ont oublié ? |
Arthur |
Vous savez, quitte à se faire buter, ça peut très bien être par moi, aussi. |
Venec |
OK. (S'approche de la taverne avec prudence, les poings levés.) |