Boudoir, jour. Guenièvre et Séli discutent. |
Séli |
Je ne comprends pas que vous laissiez votre pitre de mari se balader avec ses maîtresses devant tout le monde. |
Guenièvre |
C'est sa maîtresse, il fait ce qu'il veut hein... |
Séli |
Oh non mais ça, mais moi la polygamie j'arriverai jamais à m'y faire ! |
Guenièvre |
C'est pas votre culture, mère ! |
Séli |
À votre père non plus c'est pas sa culture, seulement à force de voir l'autre se promener avec des poules, ça pourrait bien le devenir. |
(Ouverture.) |
Parc du château, jour. Arthur et Demetra se promènent sur un chemin. |
Demetra |
À quoi vous pensez ? |
Arthur |
À rien. |
Demetra |
Vous êtes bien ? |
Arthur |
Ça va, oui. |
Demetra |
Vous êtes détendu ? |
Arthur |
Plus ou moins. |
Demetra |
(Soupire.) Vous pourriez faire un effort, quand même ! |
Arthur |
Qu'est-ce qu'il faut que je fasse, comme effort ? |
Demetra |
Bah, prendre du plaisir pour être avec votre amoureuse ! |
Mevanwi |
(Arrive en sens inverse.) Bonjour Sire ! (Passe entre Arthur et Demetra.) Pardon. |
Arthur |
Bonjour... |
Demetra |
Pourquoi vous m'avez lâché la main ? |
Arthur |
Ben pour qu'elle passe ! |
Demetra |
Bah oui mais vous l'avez lâchée vachement avant ! |
Arthur |
Ben je l'ai lâchée, je l'ai lâchée... |
Demetra |
Et puis elle aurait très bien pu passer à côté, mais qu'est-ce que c'est que ce genre de me rentrer dedans comme ça ? |
Arthur |
Mais enfin vous arrêtez de vous énerver, oui ? |
Demetra |
Non mais qu'est-ce qu'elle fiche au milieu, le château est pas assez grand ? Pour une fois que je suis un peu tranquille avec vous, ça arrive presque jamais ! |
Arthur |
Oui ben vu l'ambiance, ça arrivera plus ! (Part.) |
Tente de Prisca, jour. Arthur et Prisca sont sous la tente de cette dernière. |
Arthur |
Hé, ça m'a fait drôle de te revoir l'autre jour quand même. |
Prisca |
Je pense bien, ça faisait combien ? Quinze balais ? |
Arthur |
Pff ouais, à une vache prèsà une vache près (loc.) À peu près, environ. En savoir plus ouais... |
Prisca |
Je sais plus qui c'est à Rome qui m'avait dit qu'à la sortie du camp militaire, ils t'avaient bombardé euh... dux... je sais pas quoi. |
Arthur |
Dux bellorum. |
Prisca |
Voilà c'est ça. Qu'est-ce que c'est au juste ? Parce qu'il avait pas su me dire, le mec. |
Arthur |
C'est chef de guerre. |
Prisca |
Ah, et tu l'es toujours ? |
Arthur |
Non mais je suis tauliertaulier (n.m.) Patron En savoir plus moi ici ! C'est moi le roi du bledbled (n.m.) Pays, ville ou village quelconque En savoir plus ! |
Prisca |
Non ! |
Arthur |
Non mais attends, mais tu pourrais quand même te renseigner où tu fous les pieds ! |
Prisca |
Ah bah attends, « Arthur de Bretagne » tu vas pas me dire que c'est toi quand même ? |
Arthur |
Mais évidemment que si ! |
Prisca |
Ah carrément. Et pourquoi Arthur ? |
Arthur |
Mais Arturus c'était que pour Rome, c'est Arthur mon vrai nom, ça a toujours été. |
Prisca |
Hé ben ! Bon mais hé dis donc, euh... tu m'excuses mais c'est pas en buvant des canons avec toi que je vais faire ma recette moi ! Qu'est-ce que c'est chiant la divination ! La vraie je sais pas, mais l'arnaque c'est crevant. |
Arthur |
(Gêné.) Ouais, et à propos c'est... c'est un peu pour ça que je passais aussi, parce que euh... c'est vraiment du flan tes augures ou y a... y a un fond de vrai ? |
Prisca |
Un fond de vrai ? Ah non désolée c'est que de la flûte. Pourquoi, t'as des inquiétudes ? |
Arthur |
Oh le train-train, quoi... |
Prisca |
Je t'aurais bien rendu service, mais je vais pas te michetonner comme un pèlerin ! C'est à propos de quoi ? De blé ? |
Arthur |
Non. |
Prisca |
De gonzessegonzesse (n.f.) Femme ou jeune femme En savoir plus ? |
Arthur |
Ouais c'est un peu compliqué. |
Prisca |
Sans vouloir te blesser, ça l'a toujours été, je t'ai toujours connu dans les emmerdes sentimentales. |
Arthur |
Ouais je sais bien mais là c'est... en plus c'est particulier, enfin... |
Prisca |
(Entre en transe, les yeux lumineux.) Ne touche pas à la femme du chevalier Arthur, les dieux le prendront comme un affront. (Retourne à son état normal.) |
Arthur |
De quoi ? |
Prisca |
Quoi « de quoi » ? |
Arthur |
Qu'est-ce que tu viens de dire ? |
Prisca |
Ben, que je t'ai toujours connu dans les emmerdes sentimentales ! Pourquoi, ça t'embête que je dise ça ? |
Arthur |
Mais... |
Prisca |
Non mais je parle pas de nous... nous c'était euh... comme ça quoi, je te reproche rien... |