Salle de la Table ronde, jour. Arthur et Venec discutent. |
Arthur |
Dites, euh... j'espère que vous avez fermé votre gueule ? |
Venec |
Euh... à propos de quoi ? |
Arthur |
À propos de l'espion. |
Venec |
Ah bah oui oui, a priori oui, euh... oui enfin il me semble ! |
Arthur |
Il vous semble ? |
Venec |
Non mais... quand je suis en voyage d'affaires, bon je vais pas vous raconter de conneries hein, je le dis, c'est pas plus mal pour ma cote que les gens sachent que je vous fournis en espions ! |
Arthur |
Bon Dieu ça fait cinquante fois que je vous dis de la fermer, imaginez que ça vienne à se savoir au camp de Lancelot ! |
Venec |
Mais non, ça risque rien ! |
Arthur |
Bon en tout cas il vient tout à l'heure faire son rapport, votre espion. |
Venec |
Tenez bah, lui aussi il le dit, qu'il est votre espion ! |
Arthur |
Quoi ? |
Venec |
Non mais enfin il va pas le crier sur les marchés mais euh... quand il peut placer discret qu'il espionne pour le roi Arthur... c'est important aujourd'hui, les curriculums... |
(Ouverture.) |
Grand salon, jour. Arthur, Venec et Nathair discutent. |
Nathair |
Juste avant mon compte-rendu, j'aurais besoin de quelques petites précisions encore. |
Arthur |
Allez-y, je vous écoute... |
Nathair |
Y a encore quelques petites choses qui m'échappent. |
Venec |
(À Arthur.) C'est normal hein, c'est quand même pas super simple... |
Nathair |
Euh par exemple, un truc que j'ai du mal à comprendre : à quelle époque vous les avez envoyés là-bas ? |
Arthur |
À quelle époque j'ai envoyé qui où ça ? |
Nathair |
Hé bah... Lancelot et compagnie ! |
Venec |
(À Nathair.) Oh non mais là... quand même, non ! |
Nathair |
Bah quoi qu'est-ce qu'il y a ? |
Arthur |
Lancelot je l'ai envoyé nulle part, moi. Il m'a trahi. |
Venec |
Même moi je l'ai compris, ça... sans déconner, vous me faites passer pour quoi ? |
Nathair |
Mais ils le savent, les autres ? |
Arthur |
(Lassé.) Quels autres ? |
Nathair |
Les soldats qui sont là-bas, ils le savent qu'ils sont plus avec vous ? |
(Arthur et Venec échangent un regard ; Venec est gêné.) |
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Léodagan, Calogrenant, Perceval, Bohort, Yvain, Gauvain et Hervé de Rinel sont à la Table ronde ; le père Blaise se tient à son pupitre. |
Léodagan |
Alors ? |
Arthur |
Alors quoi ? |
Léodagan |
Quoi « alors quoi », vous l'avez pas eu votre rapport ? |
Arthur |
Mon rapport avec qui ? |
Léodagan |
Quoi ? Enfin c'est moi qui ai rien pigé ou quoi ? |
Calogrenant |
Mais vous aviez pas rendez-vous avec votre espion, ce matin ? |
Arthur |
Que... rendez-vous... qu'est-ce que c'est que cette histoire d'espion, j'ai pas d'espion ! |
Perceval |
Attendez Sire, tout le monde le sait ça ! On l'a décidé ensemble ! |
Léodagan |
Bah oui ! Et puis c'est une bonne chose, en plus. Pour une fois... |
Arthur |
Non mais c'est dingue cette histoire ! On l'a décidé ensemble d'accord, enfin après j'ai plus rien dit à personne ! Je l'ai fait venir dans le feutré« dans le feutré » (loc.) En douce, discrètement, par derrière En savoir plus et tout, j'ai fait gaffe ! |
Calogrenant |
Bah... faut croire pas assez... parce qu'on est tous au courant. |
Bohort |
On est même au courant que vous aviez rendez-vous ce matin... |
Léodagan |
Bon alors ? Il a dit quoi ? |
Arthur |
Oh non, mais ça me scie les pattes cette histoire... bah il a dit quoi, qu'est-ce que vous voulez qu'il dise, euh... j'en sais rien, moi... déjà il faut bien comprendre une chose, c'est qu'il est assez particulier comme espion. |
Hervé de Rinel |
Mais d'habitude, c'est pas moi qui m'en occupe, de l'espionnage ? |
Arthur |
Mmh si. Mais... là, comment... on avait... c'était quand même plutôt sérieux... |
Léodagan |
Mmh, il fallait pas un abruti qui pige rien à rien et qui se fait repérer comme un faisan au bout de cinq minutes. |
Hervé de Rinel |
Ah d'accord, je préfère. |
Arthur |
Voilà. Ceci dit euh, je sais pas si j'ai eu tellement meilleur compte de prendre l'autre. Mais bon. Bref ! En tout cas, euh... bon bah, d'après ce que j'ai compris, en face... disons que ça s'organise, voilà. Ils en sont pas encore à la forteresse, mais enfin... le camp s'agrandit. |
Bohort |
Mon Dieu, c'est affreux... nous nous dirigeons vers un conflit de premier plan ! |
Léodagan |
(Souffle.) Ah me faites pas marrer, si y avait pas ma fille avec eux, y a longtemps qu'il serait désherbé leur lopin... et eux à cette heure-ci ils roupilleraient pendus à des arbres, et Lancelot en tête... |
Gauvain |
(À Arthur.) Qu'es-ce que vous comptez faire, mon oncle ? |
Yvain |
Et si euh... on envoyait quelqu'un qui se faufile dans leur camp sans se faire repérer pour observer leurs faits et gestes ? |
Hervé de Rinel |
Moi je peux le faire, moi. J'ai l'habitude. |
Yvain |
Ou alors ça fait doublon avec l'espionnage ? Je me rends pas compte. |
(Fermeture.) |