Cabanon, jour. Arthur et Léodagan entrent en hâte, alors qu'une bataille fait rage alentour. |
Arthur |
(Fait signe à Léodagan de ne pas faire de bruit.) |
Léodagan |
(À voix basse.) Hé ! Vous croyez qu'ils nous ont vus entrer ? |
Arthur |
Bah on va vite le savoir hein... |
Léodagan |
Et qu'est-ce qu'on fait si ils arrivent là à trente ? |
Arthur |
Bah vu la porte, ils vont pas rentrer à trente d'un coup, déjà ! |
Léodagan |
Alors quoi, on les allume au fur et à mesure qu'ils rentrent ? |
Arthur |
Bon, ils rentrent pas, là ! Alors bouclez-la ! |
Léodagan |
C'est marrant hein ? Même dans une situation comme ça, vous êtes... désagréable. |
Arthur |
(Lève les yeux au ciel.) |
(Ouverture.) |
Cabanon, jour. Arthur et Léodagan se cachent. |
Léodagan |
Hé... vous avez une idée de qui c'est, tous ces lousticsloustic (n.m.) Individu quelconque En savoir plus ? |
Arthur |
Je suis pas sûr. Le peu que je les ai entendus baragouiner, j'ai l'impression que c'est des Germains... |
Léodagan |
J'aurais dit des Wisigoths, moi. |
Arthur |
Oui bah oui. Bah les Wisigoths c'est des germaniques. |
Léodagan |
(Vexé.) Oh oui oh, ça va... vous êtes balaisebalaise (adj.) Doué, fort En savoir plus en géographie ? Oh ben mettons que ça compense la tactique ! Parce que si on est là à se retrouver faits comme des rats, c'est quand même grâce à vos idées à la con... |
Arthur |
J'ai pas besoin de vos avis. Parce que votre tactique à vous je la connais ! On bouge pas d'un pouce, on attend qu'ils arrivent et puis on sort les catapultes ! |
Léodagan |
Exactement ! Et au prix où on les paie les machins, ça me fait un peu mal au cul de me retrouver à cavaler la campagne sous prétexte de... sous prétexte de quoi d'ailleurs ? Euh je m'en souviens même plus ! |
Arthur |
J'ai essayé de prendre leur chef de guerre par le flanc ! Là ! Seulement voilà, je croyais pas qu'ils seraient aussi nombreux... |
Léodagan |
Comme prise par le flanc ça se pose là... on n'a même pas eu le temps de comprendre si c'était des Germains ou des Wisigoths, les gars... |
Arthur |
Et qu'est-ce que ça peut foutre ? Hein ? Si c'est des Touaregs vous changez de tactique ? Non, bah alors foutez-moi la paix ! |
Léodagan |
Ah non mais on peut même plus parler. |
Arthur |
(Lève les yeux au ciel.) |
(On entend quelqu'un approcher.) |
Arthur |
Ah attention, y en a un qui se pointe ! |
Léodagan |
Ah bah comme ça on saura qui c'est... |
Roparzh |
(Entre en hâte dans le cabanon.) |
Arthur |
Mais... mais c'est vous, mais qu'est-ce que vous foutez là ? |
Roparzh |
Oh mais oh, il est à moi le cabanon ! J'entrepose mes outils là-dedans depuis quinze ans ! |
Léodagan |
Ah bah bravo... vous êtes soigneux... |
Roparzh |
C'est vous qui avez défoncé le loquet là ? |
Arthur |
Oui bah bon, bah il fallait qu'on se planque... |
Léodagan |
On était à deux doigts de se faire botter le cul par les Wisigoths ! |
Roparzh |
Ah je croyais que c'était des Saxons, moi ! |
Léodagan |
Ah non, non non non non non euh, d'après leur parler, c'est des... c'est des Germaniques ! |
Arthur |
Oui bah oui ! Bah oui non mais bon, les Saxons c'est des Germaniques, aussi ! |
Léodagan |
Eux aussi ? Ah bah mon vieux, j'irai pas y passer mes vacances, en Germanie, moi... |
Roparzh |
Ouais n'empêche que... ils sont en train de tout foutre en l'air les touristes, pendant que vous restez planqués là ! On peut attendre les secours hein ! |
Léodagan |
Non mais on se planque pas, euh... on élabore. |
Arthur |
Parce que selon d'où ils viennent, c'est pas tout à fait la même tactique, figurez-vous. |
Roparzh |
Bah vous... je croyais que vous saviez pas d'où ils venaient... |
Léodagan |
Hé bah justement, du coup bah voilà, on piétine. |
Arthur |
Voilà. |
(On entend quelqu'un approcher.) |
Roparzh |
Attention, y en a un qui se radine là ! (Va s'abriter vers Arthur.) |
Cabanon, jour. Arthur, Léodagan et Roparzh se cachent, devant eux se tient Guethenoc. |
Guethenoc |
Comment, comment, qu'est-ce que je fous là ? C'est mon cabanon je vous ferais dire, ça moi y a vingt-cinq ans que j'entrepose mon merdier là-dedans. |
Roparzh |
De quoi ? Mais c'est quoi la tisane, là ? Il est à moi le machin ! |
Guethenoc |
À vous ? Mais vous faites des rêves éveillés ou quoi ? Ce cabanon on se le passe de père en fils figurez-vous, ça remonte à mon arrière-grand-père ! |
Roparzh |
(Rit moqueusement.) Ça pourrait bien remonter à Ramsès II, je m'en fous pas mal, vous me l'avez vendu ! |
Guethenoc |
Je vous l'ai vendu, celui-là ? |
Roparzh |
Remarquez, c'est pas la première fois que vous me vendez un truc et que vous continuez à l'utiliser comme si c'était toujours à vous, hein ! |
(On entend quelqu'un approcher.) |
Guethenoc |
(Va s'abriter vers Léodagan.) |
(Fermeture.) |
Cabanon, jour. Arthur, Léodagan, Roparzh et Guethenoc se cachent. |
Guethenoc |
Qu'est-ce qu'il fout l'Ostrogoth, là, il rentre ou il rentre pas ? |
Arthur |
Vous allez la fermer, oui ? |
Guethenoc |
On va pas rester dans ce gourbi jusqu'à demain, non ? Regardez-moi ça, regardez-moi ça... y a un demi-pied de saloperie sur toute la surface ! Il pourrait être un tout petit plus soigneux hein ! |
Roparzh |
Tout à fait ! Et je vais me lever, et je vais soigneusement vous coller mon pied dans les parties prénatales ! |
Léodagan |
Bon bah je suis désolé mais y a personne qui rentre, là, hein ? |
(Noir.) |
Roparzh |
C'est bizarre, d'habitude y a un gros con à moustache qui se présente et qui dit que la cabane est à lui. |
(Stab final.) |