Chambre d'Arthur, matin. Arthur est au lit, Mevanwi est debout et l'enjoint de se lever. |
Mevanwi |
Bon allez, allez, c'est pas le jour de lambinerlambiner (v.) Agir avec lenteur, traîner, s'attarder En savoir plus ! |
Arthur |
Mmh ? Que... pourquoi ce serait pas le jour ? |
Mevanwi |
C'est la séance de doléances. Allez ! Si on règle pas le conflit aujourd'hui, on va droit à la catastrophe ! |
Arthur |
Ah oui, ah oui parce que vous la faites avec moi, en fait ? |
Mevanwi |
Mais comment ça, je la fais avec vous ? |
Arthur |
Non parce que normalement aujourd'hui, c'était plus ou moins Bohort, qui devait m'assister... |
Mevanwi |
Non mais, il a pas suivi l'affaire, Bohort, hein euh... laissez-le s'occuper des rosiers de l'arrière-cour, ça vaudra mieux... |
Arthur |
Euh... (Soupire.) Euh non, mais là je sais pas si vous pouvez vraiment tout chambouler, là, comme ça... |
Mevanwi |
Bon, on va pas passer la matinée à discuter, là, hein... moi je prends mes responsabilités de femme de chef d'État, c'est tout. Alors je suis désolée, mais pioncer jusqu'à midi, c'est pas le genre de la maison. Je m'appelle pas Guenièvre, OK ? (Part.) |
(Ouverture.) |
Chambre d'Arthur, matin. Arthur est au lit et mange son petit déjeuner. |
Nessa |
(Arrive.) Vous voulez un autre petit déjeuner ? |
Arthur |
Quoi ? |
Nessa |
Vous voulez tout ça, encore une deuxième fois ? |
Arthur |
Euh... non, ça va non, je vous remercie non... (Donne son assiette à Nessa.) |
Nessa |
(Part, puis revient avec un plateau rempli de nourriture qu'elle pose sur Arthur.) |
Arthur |
Hé, mais... non mais qu'est-ce que vous foutez, je viens de vous dire que j'en voulais pas ! |
Nessa |
Mais c'est pour votre femme, celui-là. |
Arthur |
Ma... attendez, ça fait une heure et demie qu'elle est levée ma femme, et en plus elle prend jamais de petit déjeuner. Il faut vous le dire tous les matins, ça ? |
Nessa |
Alors du coup, pas de petit déjeuner ? |
Arthur |
Non. |
Nessa |
Et elle, vous croyez qu'elle en voudra un deuxième, ou... pas ? |
Arthur |
Euh... non, euh... c'est quoi, là ? C'est... vous voulez quoi ? |
Nessa |
(Part, piteuse.) |
Arthur |
Non euh, hé oh, oh ! Le plateau ! Le plateau. |
Nessa |
Quoi, vous avez fini déjà ? Vous avez rien touché. |
Arthur |
(Perplexe.) C'est celui de ma femme ! Vous le reprenez ! |
Nessa |
Ah mais vous voulez pas prendre celui-là pour votre deuxième ? Vous préférez que j'en fasse un autre ? |
Arthur |
(À bout de nerfs.) Non... là c'est... c'est pas possible, là... non mais je peux pas me farcir des débiles profonds à tous les étages là, (criant) merde mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel ? |
Nessa |
En même temps, je suis pas vraiment responsable de vos problèmes de couple. |
Arthur |
Quoi ? |
Nessa |
Ça se voit que vous avez décidé de vous séparer de votre nouvelle femme, que vous savez pas comment lui dire, n'empêche que tant que vous garderez ça pour vous, vous serez à cran. Je vous mets des œufs durs sur le second plateau ? |
Salle du trône, jour. Mevanwi est assise sur le trône d'Arthur, Bohort est assis à côté d'elle. Devant eux se tiennent Perceval et Karadoc. |
Bohort |
On peut quand même écouter ce qu'ils ont à nous dire... |
Mevanwi |
(Soupire.) Non, je suis désolée, les lois sont formelles ! Les séances de doléances sont pour le peuple et pas pour les chevaliers. |
Perceval |
Je sais. Mais d'habitude, on nous laisse quand même dire deux-trois trucs. |
Mevanwi |
Oui bah d'habitude je sais pas, mais aujourd'hui on va essayer de faire les choses proprement ! |
Bohort |
Qu'est-ce que ça nous coûte ? De toute façon, il n'y a presque personne aujourd'hui. |
Mevanwi |
Hé bah si y a personne, la séance est finie, c'est tout ! |
Perceval |
Ouais mais attention, parce que nous, on en a gros ! |
Karadoc |
Faudrait quand même pas trop se foutre de nos gueules. |
Mevanwi |
Non, vous savez que vous avez la Table ronde hein, pour vous plaindre... |
Karadoc |
Oui mais on n'a pas le droit de parler non plus, à la Table ronde ! |
Perceval |
Dès qu'on veut dire un truc, boum ! Y a plus le temps. |
Bohort |
(À Mevanwi.) Ah c'est vrai ! Le roi ne fait pas toujours montre d'une grande patience quand il s'agit de nos deux amis. |
Mevanwi |
Oui bah le roi, le roi... s'il a oublié les lois, le roi, faudra les lui rappeler ! (À Perceval et Karadoc.) Bon euh, vous deux vous sortez, hein ! |
(Fermeture.) |
Salle du trône, jour. Mevanwi est assise sur le trône d'Arthur, Bohort est assis à côté d'elle. |
Mevanwi |
Vous préfériez peut être la reine d'avant ? Celle qui foutait rien ? |
Bohort |
Je ne me pose pas la question en ces termes... |
Mevanwi |
Je suis désolée hein, mais si être femme de chef d'État c'est s'occuper des pâtisseries et du linge de maison, moi franchement je vois pas l'intérêt. |
Bohort |
Les affaires du gouvernement n'intéressaient pas notre bonne Guenièvre. |
Mevanwi |
(Pouffe de rire.) Elle pigeait rien à rien, vous voulez dire, oui ! Forcément, elle avait décidé que ça la concernait pas ! |
Bohort |
Elle n'a jamais pris cette place-là... |
Mevanwi |
Comment on peut passer à côté d'une occasion pareille de faire quelque chose de sa vie ? Ça... ça m'échappe. |
Bohort |
Moi, je suis en charge des négociations protocolaires, de la surveillance intérieure, de l'inspection de certains postes avancés ! Hé bien voyez-vous, si on me disait : « Bohort, tout ça c'est fini, à partir de maintenant, vous vous occuperez des pâtisseries et du linge de maison. » |
(Noir.) |
Bohort |
Je vous assure, j'hésiterais pas une seconde. |
(Stab final.) |