Grand salon, jour. Arthur et Ygerne discutent. |
Arthur |
Donc si je comprends bien, vous êtes venue me voir depuis Tintagel... pour me raconter un rêve ? |
Ygerne |
Un rêve prémonitoire... une vision ! |
Arthur |
Oui mais... qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans moi, j'y étais dans votre rêve ? |
Ygerne |
Non ! Mais... votre père oui. Et surtout un labyrinthe. |
Arthur |
Un labyrinthe ? |
Ygerne |
Vous en connaissez un ? |
Arthur |
De ? Labyrinthe ? Oui, enfin j'en connais un ou deux, oui... |
Ygerne |
Alors on y va. C'est une question de vie ou de mort. |
Arthur |
Ah bon. Oui mais on va dans lequel ? Parce qu'on va pas tous les faire hein ! Il ressemblait à quoi dans votre rêve ? |
Ygerne |
Bah la seule chose dont je me souvienne c'est que c'était très difficile de s'y orienter. |
Arthur |
(Acquiesce, agacé.) |
(Ouverture.) |
Labyrinthe à la sculpture, jour. Arthur, Ygerne et Grüdü marchent dans un couloir. |
Grüdü |
Je veux pas ramener ma fraise, mais il me semble qu'on est déjà passés par ici. |
Arthur |
Ah non, commencez pas hein ! On est dans un labyrinthe, on a l'impression de passer par les mêmes endroits, seulement non ! |
Grüdü |
Ben n'empêche que tout à l'heure, on est passés par un virage, on est passés sous une voûte, comme par hasard ! |
Arthur |
Bon, fermez-la, et suivez le mouvement. |
Grüdü |
Je fais que ça. |
Arthur |
(Après un moment.) Ça va, mère ? Vous avez pas mal aux pieds ? |
Ygerne |
Je vous en pose des questions, moi ? |
Arthur |
Hou là, attendez, vous allez pas commencer à me parler de travers« mettre (quelqu'un) de travers » (loc.) Contrarier, fâcher quelqu'un En savoir plus parce que je vais vous larguer tous les deux au milieu du machin et puis bonsoir messieurs-dames hein ! |
Ygerne |
Ça vous intéresse vraiment de savoir si j'ai mal aux pieds ? |
Arthur |
Mais qu'est-ce que j'en ai à secouer« n'en avoir rien à secouer » (loc.) Se désintéresser d’une chose ou y être totalement indifférent En savoir plus, de si vous avez mal aux pieds ? Je m'en fous, moi, c'est histoire de causer ! |
Ygerne |
Si vous voulez tout savoir, je ne me concentre pas sur mes pieds à l'heure actuelle, j'essaie de me repérer. |
Arthur |
D'accord, et alors, ça donne quoi ? |
Ygerne |
Rien ! On marche, on marche... ça me dit rien. J'ai mal aux pieds ! C'est tout ce que je sais. |
Grüdü |
Euh, un truc, euh... (Tend son bras droit.) Ça, c'est le bras... gauche ? |
Arthur |
Non, c'est votre bras droit, ça. |
Grüdü |
Ah merde. Non parce depuis la porte d'entrée j'ai retenu « gauche-gauche-gauche, droite, gauche-droite, gauche, gauche-gauche-droite ». Alors là, du coup... c'est la merde. On est d'accord ? |
Arthur |
Bah euh oui, sauf que si vous inversez tout, ça va, vous vous y retrouvez ! |
Grüdü |
Ah ouais... donc ça ferait... « droite... » (Soupire.) Ouais non ça me gonfle. |
Arthur |
(Soupire.) Ouais, moi aussi en plus. Donc écoutez, Mère, euh... là ça fait quand même un bon moment qu'on est rentrés dans le machin, ça vous dit toujours rien, est-ce que ça vaut vraiment le coup qu'on insiste ? |
Ygerne |
Après, si vous ne voulez pas faire d'effort... |
Arthur |
Mais qu'est-ce que je fais d'autre, là, vous croyez que j'ai que ça à foutre, de crapahuter dans les labyrinthes avec le boulot que j'ai ? |
Ygerne |
(Pointant du doigt quelque chose.) Ah ! Ça ça y était ! |
Arthur |
De quoi ? |
Ygerne |
(Part en direction de ce qu'elle a reconnu.) |
Arthur |
Non Mère, pas toute seule... non non non putain... (Suit Ygerne.) |
Grüdü |
Ah ouais non, on se sépare pas, après ça va être la misère... (Suit Arthur.) |
Labyrinthe à la sculpture, jour. Arthur, Ygerne et Grüdü se tiennent autour d'une sculpture en métal, pointue et ouvragée. |
Ygerne |
Ça ça y était. J'en suis sûre. Pile poil le même. |
Arthur |
Et donc ? |
Ygerne |
Et donc quoi ? |
Arthur |
Bah et donc, qu'est-ce qui se passait après dans le rêve ? |
Ygerne |
Dans le rêve, euh... je tombais là-dessus, et... puis après, je me suis réveillée. |
Arthur |
Quoi, c'est tout ? |
Ygerne |
Mais je me suis réveillée avec la conviction de devoir me rendre à ce point là, précis. |
Arthur |
Pour ? |
Ygerne |
Pour... j'en sais rien. Fallait que je vienne. Ça c'est sûr. |
Grüdü |
Bah moi une fois j'ai rêvé que y avait quelqu'un qui venait me voir... il arrive, il me dit euh... « Vous avez jamais connu vos parents ? » Alors moi je lui dis euh... « Non. » Et il me fait : « Bah vous inquiétez pas, ils sont fromagers. » |
(Fermeture.) |
Labyrinthe à la sculpture, jour. Arthur, Ygerne et Grüdü se tiennent autour d'une sculpture en métal, pointue et ouvragée. Arthur et Grüdü mangent une collation, Ygerne semble ailleurs. |
Grüdü |
Ah mais je sais pas... on avait parlé de scorpions toute la soirée, euh... et dans mon rêve, il était mi-ours, mi-scorpion, et re-mi-ours derrière. |
Arthur |
(Acquiesçant.) ...re-mi-ours derrière. |
Ygerne |
Ah ! Ah d'accord ! (Rit.) |
Grüdü |
Ça vous fait rire ? |
Ygerne |
Non non... c'est Pendragon qui vient de me parler en songe... la forme de mon rêve, c'était pas ça ! C'était la pointe qui est perchée sur une tour d'un château où on avait été en vacances une fois. C'est vrai que ça ressemble à ce truc-là, mais... c'est pas ça. |
(Noir.) |
Ygerne |
Bon, ben allez ! On va pas moisir ici, non ? |
(Stab final.) |