Taverne, jour. Perceval et Karadoc sont à la taverne. |
Perceval |
Comment ils appellent Lancelot, déjà, les gens du peuple ? |
Karadoc |
« Beau Trouvé ». |
Perceval |
Ça pète quand même les surnoms. |
Karadoc |
En Gaule, ils l'appellent « Blanc Chevalier » je crois. |
Perceval |
Il a même un surnom en Gaule, vous vous rendez compte ? |
Karadoc |
Vous en avez bien un, vous, de surnom ? |
Perceval |
En Gaule ? Non... |
Karadoc |
Bah en Gaule peut-être pas... |
Perceval |
Dans le Languedoc, ils m'appellent « Provençal »... mais c'est moi qui me suis gourése gourer (v.) Se tromper En savoir plus en disant mon nom. Sinon en Bretagne, c'est « le Gros Faisan » au sud, et au nord, c'est juste « Ducon ». |
(Ouverture.) |
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Lancelot et le père Blaise sont à la Table ronde. |
Arthur |
Bon, je crois qu'on a tout vu. |
Lancelot |
Euh, juste une chose, Sire, il paraît que vous n'avez toujours pas répondu à la requête des chefs de clans. |
Le père Blaise |
Ouais, c'est vrai que ce serait bien de le faire, ça. |
Arthur |
La requête des chefs de clans, qu'est-ce que vous me chantez ? |
Lancelot |
Mais je vous avais fait passer une lettre, euh... |
Arthur |
Une lettre passée par qui ? |
Le père Blaise |
Bah par moi, je l'avais mise dans la reliure avec les autres. |
Arthur |
Y avait que des conneries dans la reliure, un truc des chefs de clans je m'en souviendrais ! |
Le père Blaise |
(Remarque une lettre près de lui.) Mais elle est là, c'est vous qui l'avez remise dans le tas ? |
Arthur |
De quoi ? |
Lancelot |
Vous avez oublié de lui donner ? |
Le père Blaise |
Mais pas du tout ! Je la mets dans la reliure, elle revient là, c'est quand même pas ma faute ! |
Arthur |
Ah mais non mais si, mais celle-là mais si, c'est moi qui l'ai remise celle-là, elle est pas pour moi ! |
Le père Blaise |
Vous... rigolez, Sire ? |
Lancelot |
Elle est adressée au « Sanglier de Cornouailles »... |
Le père Blaise |
C'est écrit en gros. |
Arthur |
Ouais, « le Sanglier de Cornouailles », c'est qui ça ? |
Lancelot |
Mais euh... c'est vous, le Sanglier de Cornouailles... |
Arthur |
« Le Sanglier de Cornouailles » c'est moi ? Vous êtes marteaumarteau (adj.) Fou En savoir plus ? |
Le père Blaise |
Mais la moitié du monde connu vous appelle comme ça depuis des années ! |
Lancelot |
Sans rire, vous êtes pas au courant ? |
Arthur |
(Agacé.) Enfin mais c'est débile cette histoire ! Pourquoi est-ce qu'on m'appellerait « le Sanglier de Cornouailles », c'est complètement con ! |
Le père Blaise |
Moi je vous ai toujours appelé comme ça dans tous mes textes, je croyais que vous étiez d'accord ! |
Lancelot |
(Rieur.) C'est Merlin qui vous a donné ce nom-là à l'époque, hein... |
Arthur |
Merlin ? |
Le père Blaise |
Bah vous aviez pas décidé ça ensemble ? |
Laboratoire de Merlin, jour. Arthur et Merlin sont dans le laboratoire de ce dernier. |
Merlin |
Mais c'est très bien les surnoms, ça fait légende. Regardez Alexandre le Grand, on l'appelait bien « Le Grand », hé bah il en faisait pas toute une histoire... |
Arthur |
Alexandre le Grand, on l'appelle pas « le Sanglier de Macédoine », que je sache ! |
Merlin |
Qu'est-ce que vous avez contre les sangliers ? |
Arthur |
J'ai rien contre les sangliers mais qu'est-ce qui vous a pris de m'appeler comme ça ? |
Merlin |
Mais je sais plus ! De toute façon le sanglier c'est un animal sacré chez les druides. |
Arthur |
Mais je suis pas druide moi, si vous avez envie de vous appeler « le Sanglier », rien ne vous en empêche ! En plus moi c'est « Arthur », ça veut dire « ours », alors je vois vraiment pas ce que vous venez m'emmerder avec votre sanglier. |
Merlin |
Parce qu'un ours c'est mieux peut-être ? |
Arthur |
Mais je dis pas ça, je dis que c'est mon nom. |
Merlin |
Un sanglier blessé ça peut être très dangereux figurez-vous, ça peut très bien attaquer un ours alors méfiez-vous ! |
Arthur |
Non allez ça devient débile, je m'en vais. |
Merlin |
C'est ça, partez, c'est plus facile que de dire merci ! |
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Lancelot et le père Blaise sont à la Table ronde. |
Lancelot |
Alors ? Ça vient de qui cette histoire de sanglier ? |
Arthur |
Ah non c'est bon, non c'est rien, c'est parce qu'on s'était mal compris, mais c'est... c'est rien du tout. |
Le père Blaise |
Et qu'est-ce que je fais pour les écritures, je continue de vous appeler « le Sanglier de Cornouailles » ? |
Arthur |
Ah non, ah non non non, non non moi c'est « Arthur, roi de Bretagne » et c'est marre« c'est marre » (loc.) Locution signifiant “ça suffit”, “c’est réglé” En savoir plus. |
Lancelot |
Mais vous êtes sûr que tout va bien avec Merlin ? |
Le père Blaise |
Oui parce qu'il nous a semblé entendre une petite dispute... |
Arthur |
Non, non non mais c'est... non mais ça va, tout va bien. Non mais c'est pas ça, c'est parce que... bon, au-delà du sanglier, euh... lui, ce qui l'embêtait un petit peu c'est qu'il... il a pas de surnom. Il a Merlin « l'Enchanteur », mais ça c'est plutôt le métier. Donc là, il voulait un surnom. Donc on a trouvé un compromis, à chaque fois que vous parlerez de lui à partir de maintenant, dans les écritures, vous l'appellerez... « Coco l'Asticot ». |
Lancelot |
« Coco l'Asticot » ? |
Le père Blaise |
Euh... mais en référence à quoi ? |
Arthur |
En référence à... rien, c'est lui, il y tient. C'est son oncle je crois, non ? |
Le père Blaise |
Son oncle ? |
Lancelot |
Mais son oncle c'est « Coco » ou « l'Asticot » ? |
Arthur |
Alors attendez, non, c'est... c'est bon donc le problème est réglé, merci beaucoup. |
Le père Blaise |
Bon. Et vous, pas de surnom, vous regretterez pas ? |
Lancelot |
Même pas avec un ours ? |
Arthur |
À la limite si vous y tenez, mais avec un ours hein ! C'est tout. |
Le père Blaise |
Bon, hé bah je verrai. Si je trouve quelque chose de bien, je le garde. |
(Fermeture.) |