Salle de la Table ronde, jour. Perceval et Karadoc sont à la Table ronde, face à Arthur et au père Blaise qui écrit. |
Le père Blaise |
Bon, moi à la limite je peux le tourner comme ça : « Embarqués sur frêle esquif, Perceval et Karadoc estoquèrent le Serpent Géant du Lac de l'Ombre et revinrent glorieux festoyer aux villages alentour. » |
(Perceval et Karadoc se regardent, fiers.) |
Arthur |
(À Perceval et Karadoc.) Ça vous va, ça ? |
Karadoc |
Ah c'est pas mal ! |
Perceval |
Le seul truc, c'est qu'on n'était pas embarqués sur frêle esquif. |
Le père Blaise |
Ah bon ? Et sur quoi, alors ? |
Perceval |
Sur rien du tout, on est restés sur le bord. Moi, j'avais juste enlevé mes bottines. |
Karadoc |
On avait de l'eau... jusqu'aux genoux, à peu près. |
Arthur |
Mais... le Serpent Géant, il est venu vous attaquer juste au bord du lac ? |
Perceval |
Ah oui ! |
Arthur |
(Matérialisant cinquante centimètres avec ses mains.) Dans ça d'eau ? |
Karadoc |
À peu près, ouais... |
(Arthur et le père Blaise se jettent un regard sceptique.) |
Arthur |
Il était grand comment, à peu près, ce serpent géant ? |
Perceval |
Oh, à vue de nez, il était long comme ça... (Écarte ses mains d'une soixantaine de centimètres.) |
Karadoc |
(Pousse la main de Perceval pour réduire l'estimation à une quarantaine de centimètres.) |
Salle de la Table ronde, jour. Perceval et Karadoc sont à la Table ronde, face à Arthur et au père Blaise. |
Perceval |
Je m'excuse, mais c'est justement les petits qui sont les plus durs à attraper ! |
Karadoc |
(Fait un mouvement de vaguelette avec sa main.) Ils se faufilent ! |
Arthur |
En gros, vous avez attrapé une anguille, quoi ! |
Le père Blaise |
(Pour lui-même.) Je vois vraiment pas comment je vais tourner ça, moi. |
Arthur |
Et vous allez me raconter que les villageois vous ont accueillis comme des héros ? |
Perceval |
Ben, ils sont infestés d'anguilles... quand on les attrape, ça leur rend plutôt service ! |
Arthur |
Mais Bon Dieu, vous êtes pas gardes-pêche ! |
Karadoc |
Ah, on a été un peu surpris... |
Perceval |
On nous avait dit « le Serpent Géant »... nous, on s'en était fait toute une histoire ! |
Karadoc |
Et puis on arrive au Lac de l'Ombre, et on tombe là-dessus... |
Perceval |
On a pris ce qu'il y avait ! |
Le père Blaise |
Mais, vous êtes allés au milieu du Lac ? |
Perceval |
Mais y a pas eu besoin puisqu'on est tombés sur le Serpent tout de suite ! |
Arthur |
Mais il y avait peut-être un vrai serpent géant au milieu du Lac ! |
(Perceval et Karadoc de regardent, inquiets.) |
Perceval |
Vous voulez dire qu'il y aurait eu deux Serpents Géants ? |
Arthur |
Non. Ce que je veux dire, c'est qu'à part les anguilles et la petite friture, il y avait sûrement un serpent géant mais qu'il y avait peu de chance de tomber dessus à trois pieds du bord ! |
Le père Blaise |
Bon, en attendant, qu'est-ce que je mets, moi ? |
Arthur |
Je ne sais pas... (Soupire.) |
Le père Blaise |
Bon, de toute façon, vous allez y retourner, hein ? |
Perceval |
Euh... le truc, c'est que le Lac de l'Ombre, c'est plus haut que l’Écosse ! |
Karadoc |
Quarante jours, rien que pour y aller. |
Perceval |
Pareil pour revenir. |
Arthur |
Attendez, attendez... la fois où vous êtes partis trois mois, c'était ça ? |
Karadoc |
Ben oui ! |
Perceval |
La Quête du Serpent Géant du Lac de L'Ombre ! |
Arthur |
(Au père Blaise.) Ils se barrentse barrer (v.) Partir, s'en aller En savoir plus en mission pendant trois mois et ils reviennent avec une anguille ? |
Perceval |
Ah non, l'anguille, on l'a pas ramenée ! |
Karadoc |
On l'a laissée en trophée aux villageois. |
Perceval |
En plus, ça pue, les anguilles ! |
Couloir du château, jour. Perceval et Karadoc sortent de la salle de la Table ronde et croisent Bohort dans le couloir. |
Perceval |
Eh ben... j'espère que vous avec un truc qui vaut le coup parce qu'ils sont pas de bonne humeur ! |
Karadoc |
Nous on n'a pas fait sensation. |
Bohort |
Vous inquiétez pas. Avec ce que je leur amène, ils auront pas perdu leur journée. |
Perceval |
Méfiez-vous, hein ! Ils sont vraiment pas dans un bon jour ! |
Karadoc |
Nous, on s'est pointésse pointer (v.) Arriver, faire apparition En savoir plus avec un Serpent Géant, des villageois... |
Bohort |
Alors, moi je viens avec des combats contre des démons, une romance impossible, la trahison d'un frère, et même un dragon ! |
Perceval |
Oh la vache ! |
Karadoc |
Carrément, un dragon ? |
Bohort |
Ah, sensations garanties ! |
(Perceval et Karadoc se regardent.) |
Perceval |
(Pointe Bohort du doigt.) On devrait partir en mission ensemble, un de ces jours ! |
Karadoc |
Partager nos expériences ! |
Perceval |
Nous, maintenant, à force de terrasser des monstres et des monstres... |
Karadoc |
Ah c'est vrai qu'on a un peu tendance à se reposer sur nos lauriers. |
(Fermeture.) |
Salle de la Table ronde, jour. Bohort est à la Table ronde, face à Arthur et au père Blaise. |
Le père Blaise |
(Lisant.) « ...alors que le grand dragon rouge abandonnait son trésor aux mains du héros et que la pupille de son œil pourpre lançait des éclairs de rage tout autour de lui. » |
Arthur |
Pas mal, ça. |
Le père Blaise |
« Son œil pourpre », c'est bien... mais... bleu profond, ça peut être pas mal, aussi. |
Arthur |
Bleu profond ? |
Le père Blaise |
Non mais, on peut toujours tricher, mais... en vrai, il était comment ? |
Bohort |
(Confus.) Comment « en vrai » ? |
(Noir.) |
Bohort |
Attendez... il faut que ce soit vrai, tout ce qu'on dit, là ? |
(Stab final.) |