Tribune, jour. Arthur, entouré de Guenièvre et Yvain, assistent à un tournoi. Kay se tient debout près d'eux. Arthur est presque assoupi. |
Kay |
J'y vais, Sire ? |
Arthur |
(Se réveillant.) Mmh ? |
Kay |
Les jouteurs sont prêts à s'élancer. |
Arthur |
Oui bah si ils sont prêts ils y vont, ça va, y a pas besoin d'attendre mes avis à chaque fois, si ? |
Kay |
(Sonne un coup de corne qui fait sursauter Arthur.) |
(On entend que les jouteurs s'élancent au galop, puis un choc retentit, provoquant l'effroi dans la tribune.) |
Guenièvre |
Oh là là... mais vous vous rendez compte de la violence de la collision ? C'est affreux... |
Yvain |
Il a su trouver la faille, là c'est l'expérience qui a parlé, on a bien affaire à un champion. |
Arthur |
(À Guenièvre.) Attendez, parce que y a un truc que je comprends pas. L'autre jour vous revenez de Rome, vous me dites « Caius m'a emmenée aux jeux du cirque, c'était vraiment charmant. » Attendez les jeux du cirque, c'est autrement plus violent que ça, hein ! |
Guenièvre |
Ben oui mais Rome c'était loin de chez moi ça faisait pas pareil, là c'est des gens qu'on connaît ! |
Arthur |
Oui mais là ils meurent pas, tandis qu'à Rome... |
Guenièvre |
Ils meurent pas, là ? |
Arthur |
J'ai pas l'impression, non ? (Se tourne vers Kay.) |
Kay |
Oh le champion du clan des trois falaises a succombé à l'hémorragie... avec le décapité de ce matin ça fait deux. |
Arthur |
Deux voilà, deux. Un ou deux ça va. |
Guenièvre |
Un ou deux ça va ? |
Arthur |
À Rome c'est cinquante par cinquante ! |
Guenièvre |
Je sais mais ça fait pas pareil ! |
(La foule s'agite.) |
Yvain |
Aïe aïe aïe aïe aïe, c'est l'abandon. |
Kay |
Sire, nous avons un forfait, j'envoie les huées ou vous voulez le forcer au combat ? |
Arthur |
Le forcer au combat ? Non attendez ça va, si il veut plus il veut plus, qu'est-ce que vous voulez que je force ? |
Yvain |
Ils attendent votre décision, hein... |
Kay |
Les huées ? |
Arthur |
On peut pas le laisser partir, tout simplement ? |
Kay |
Ah le peuple le comprendra pas. |
Arthur |
Bon ben les huées... |
(Kay, Yvain et Arthur commencent à huer, bientôt imités par la foule.) |
Guenièvre |
Oh, bah quand même, il s'est bien battu, il a fait au moins six passes ! |
Arthur |
Mais laissez... c'est une tradition... |
Kay |
(Sonne un coup de corne.) |
Arthur |
(Sursaute.) Sans blague, c'est obligé ça ? |
Kay |
J'appelle les suivants... |
Guenièvre |
Y en a encore combien ? |
Arthur |
J'en ai marre... |
Yvain |
Ah ben c'est les combats à pied, maintenant. |
Arthur |
Oh... (Soupire.) Combats à pied... c'est encore plus chiant que le reste. |
Guenièvre |
Encore plus chiant que le reste ? |
Kay |
Les seigneurs Lancelot et Calogrenant s'avancent, Sire. |
(Lancelot et Calogrenant, en armure, s'avancent vers la tribune.) |
Calogrenant |
Nous mettrons tout en œuvre pour vous distraire, Sire ! |
Arthur |
Ouais, super. |
Calogrenant |
(Lance un regard à Lancelot, resté silencieux.) |
Lancelot |
Ouais pareil, ouais... |
Arthur |
Euh... juste, essayez de vous battre un peu plus vers le public, c'est plutôt pour eux quand même. |
Calogrenant |
Comment ça, Sire ? |
Arthur |
Oui parce que moi ça me gonfle les duels donc voilà, faites-le pas pour moi. |
Kay |
Ben Sire attendez, c'est pour vous rendre hommage ! |
Lancelot |
Hé ben si vous vous en foutez, j'aime autant vous dire que j'ai autre chose à faire, moi. |
Calogrenant |
Vous avez peut-être un peu les miquettesmiquettes (n.f.) Désigne la peur En savoir plus, aussi ! |
Lancelot |
Pardon ? |
Yvain |
Oh beaucoup de provocation des deux côtés de la ligne. |
Lancelot |
Allez-y pointez-vous, je vais vous faire la dansedanse (n.f.) Raclée, correction En savoir plus de vos beaux jours ! |
Calogrenant |
Sans blague, et vous êtes combien ? |
Lancelot |
Je sais pas si ça va être distrayant mais ça va être court, ça c'est sûr ! |
(Lancelot et Calogrenant commencent à se battre à l'épée.) |
Kay |
Mettez vous plus loin ! (Hurlant.) Vous êtes pas sur la piste ! |
Arthur |
(À Guenièvre.) Ça va, vous tenez le coup ? |
Guenièvre |
Ben heureusement que y a pas des tournois tous les jours, hein ! |
Arthur |
Moi je voulais les abolir ces machins, alors soi-disant ça amuse les gens... |
Yvain |
Beaucoup de volonté de part et d'autre, une rencontre qui va tenir ses promesses ! |
Kay |
(Sonne un coup de corne.) |
Arthur |
(Bondit de son siège et saisit la corne de Kay pour la projeter en bas de la tribune, puis s'adresse à Yvain comme si de rien n'était.) Vous pouvez me passer une prune... une figue ! Je vais prendre une figue. S'ils vous plaît. |
Yvain |
(Donne une figue à Arthur.) |
(Fermeture.) |