Taverne, jour. Perceval et Karadoc boivent un verre servi par le tavernier. |
Le tavernier |
Et alors ? Comment vous le trouvez le rougeaud, il est flatteur non ? |
Perceval |
Moi j'aime bien moi, celui-là. |
Karadoc |
Il attaque moins que l'autre. |
Perceval |
Il a une drôle de couleur non ? |
Le tavernier |
Ah je vais pas vous dire de conneries, c'est du grec. |
Perceval |
Mais euh... c'est pas interdit de faire venir du vin étranger ? |
Karadoc |
Vous êtes pas obligé de prendre que du local ? |
Le tavernier |
Si... seulement le local on dirait du jus de pied, du coup tout le monde se met au cidre, sauf que moi je fais pas la même marge sur le cidre. Alors hop... vin grec. Et tout le monde est content, surtout moi, vu que je le facture plus cher qu'avant à cause du transport... hé oh... allez pas gueuler ça sur les toits, parce que je me retrouve au ballonballon (n.m.) Prison En savoir plus, moi... |
Perceval |
(Fait signe que non de la tête.) |
(Ouverture.) |
Geôles, jour. Le tavernier est enchaîné ; Gauvain est venu le voir. |
Gauvain |
Ils ne vous ont pas « dénoncé »... |
Le tavernier |
(Soulevant ses chaînes.) Ah ils m'ont pas dénoncé non ? |
Gauvain |
Bon si ils vous ont dénoncé, mais ils n'ont pas fait exprès ! |
Le tavernier |
Combien de temps je vais rester là moi ? Qui c'est qui va faire tourner la boutique ? |
Gauvain |
Vous me voyez vraiment confus mais... déjà, je n'ai pas le droit de me trouver ici. |
Le tavernier |
Allez chercher votre oncle ! |
Gauvain |
Mon oncle ? Ah mais non, si je vais le trouver, il va savoir que je suis venu et il va se courroucerse courroucer (v.) Se fâcher, s'irriter En savoir plus. |
Le tavernier |
Allez chercher le tonton, et dites-lui que j'ai une information à lui donner. |
Gauvain |
Une information ? |
Le tavernier |
Une information de première importance. |
Gauvain |
Ah bon ? |
Le tavernier |
Le genre d'information que je peux pas donner à un sous-fifre... voyez ? |
Gauvain |
Ah ! Mmh. (Tente de cligner de l'œil, puis part.) |
Geôles, jour. Le tavernier est enchaîné ; Gauvain et Arthur sont venus le voir. |
Arthur |
(À Gauvain.) Non mais quand c'est utile, vous avez le droit de venir, ce que je veux pas c'est vous voir glandouillerglandouiller (v.) Rester à ne rien faire En savoir plus ici. Mais là y a pas de problème, vous pouvez rester. |
Le tavernier |
(À Arthur.) Oui mais moi ce que j'ai à vous dire c'est... ultra confidentiel. |
Arthur |
(À Gauvain.) Tirez-vous. |
Gauvain |
(Part.) |
Arthur |
Alors. |
Le tavernier |
Alors déjà Sire, je trouve ça un peu raide de me retrouver là pour trois tonneaux de vin... |
Arthur |
« Trois ». |
Le tavernier |
Oh une petite soixantaine, mais c'était sans penser à mal. |
Arthur |
Si je fais des lois c'est pas pour les merles. |
Le tavernier |
Si je vous donne une bonne information, vous me laissez partir ? |
Arthur |
Dites toujours, on verra... |
Le tavernier |
L'autre jour... sans faire exprès... je suis passé juste à côté du camp de Lancelot. |
Arthur |
Je vous préviens, si c'est pour me dire où il est je le sais déjà. |
Le tavernier |
Oui mais... est-ce que vous savez qui c'est son premier lieutenant ? |
Arthur |
Non. |
Le tavernier |
Hé ben moi oui ! Sauf que je connais pas son nom. |
Arthur |
Ah ben bien, bravo super, c'est ça votre info ? |
Le tavernier |
Ah non mais je l'ai déjà vu ! Même qu'il est de chez vous ! Un brun, frisé, pas commode, toujours après à rouspéter ! |
Arthur |
Un brun frisé ? |
Le tavernier |
Un de la Table ronde ! |
Arthur |
(Part en courant.) |
Le tavernier |
Alors ? Vous me laissez partir ? |
Arthur |
(Hors-champ.) Non ! |
Le tavernier |
Mais pourquoi ? Qui c'est qui va faire tourner la boutique ? |
Grande porte du château, jour. Arthur interroge Léodagan, qui tient un bâton. |
Arthur |
D'où est-ce que vous venez ? |
Léodagan |
Comment ça d'où je viens ? Ben qu'est-ce que ça peut vous foutre ? |
Arthur |
Oh là, attention non, vous payez pas ma tête en prime parce que ça va mal se mettre ! |
Léodagan |
Mais en prime de quoi, non mais vous êtes barré ! |
Arthur |
Qu'est-ce que c'est que ces allers-retours en plein après midi, qu'est-ce que vous maquillez ? |
Léodagan |
Je prends l'air ! Je peux, ou il me faut un bon de sortie ? |
Arthur |
Oh je vais vous en faire préparer un de bon de sortie, signé, tamponné, tout ce qu'il y a de plus officiel, et puisque vous aimez les catapultes, on va vous mettre les michesmiche (n.f.) Fesse En savoir plus dedans, vous, votre fils, votre femme et tout l'orchestre. Et paf ! Feu nourri, direction Carmélide, la Bretagne vue du ciel, ça vous apprendra à bouffer à tous les râteliers ! |
Léodagan |
De quoi ? Non mais vous êtes en pleine nébuleuse ! |
Arthur |
Et sans indiscrétion, chez la concurrence vous tenez quel poste à peu près ? Vous faites plutôt dans le conseil ? |
Léodagan |
Oh ben des conseils en voilà un, allez donc vous faire frire une truite ! (Lance son bâton à Arthur et dégaine son épée.) |
Arthur |
(Brandissant le bâton.) Attention hein... |
(Fermeture.) |
Camp de Lancelot, jour. Galessin arrive au camp. |
Lancelot |
Lieutenant ! Lieutenant ! |
Galessin |
Non mais m'appelez pas « lieutenant » ! S'il vous plaît ! |
Lancelot |
Quoi, vous êtes pas mon lieutenant ? |
Galessin |
Je suis votre lieutenant là dans le contexte... mais bon je suis chevalier quand même... c'est vexant... |
Lancelot |
Euh, comment il faut que je vous appelle alors ? |
Galessin |
Bah euh... « Seigneur Galessin », pareil qu'avant... là c'est respectueux ! |
Lancelot |
Bon. Euh Seigneur Galessin, dépêchez-vous de déblayer les feuilles mortes derrière ma hutte. (Rentre dans sa cabane.) |
(Noir.) |
Lancelot |
Je devrais pas à avoir à le dire, ça ! |
(Stab final.) |