Le Trois De Cœur
❰ Livre I – épisode 30 ❱
Salle de bain, soir. Arthur et Demetra prennent un bain. | |
Arthur | Ah... c'est bien, un bain, quand même. |
Demetra | Mmh. |
Arthur | On se fait un peu chier, mais c'est bien. Ce serait marrant qu'on ait un... un canard... |
Demetra | Un canard ? |
Arthur | Ouais, enfin pas un vrai canard, mais enfin comme un genre de canard... |
Demetra | Et qu'est-ce que vous voulez qu'on foute d'un canard ? |
Arthur | (Après un instant.) Ouais non, je sais pas. Ouais non, c'est con. (Fait des bulles dans le bain avec sa bouche.) |
(Ouverture.) |
Salle de bain, soir. Arthur et Demetra prennent un bain. | |
Arthur | (Prend de l'eau dans sa bouche et la recrache sur Demetra.) |
Demetra | (Irritée.) Non, arrêtez... arrêtez ! |
Arthur | Oh, bah ça va ! Qu'est-ce qu'il y a, ce soir ? |
Demetra | Rien, je suis juste un peu... |
Arthur | Un peu quoi ? |
Demetra | Je sais pas. Un peu triste. |
Arthur | Triste ? Pourquoi triste ? |
Demetra | Pour rien. |
Arthur | Ben c'est intelligent... |
Demetra | Vous voulez pas dormir avec moi, ce soir ? |
Arthur | Ah bah j'ai dit que je dormais avec ma femme, maintenant... il faut me le dire avant, quand vous êtes triste ! |
Demetra | De toute façon, y en a que pour la reine, alors... |
Arthur | Ah, c'est pas vrai, ça ! Attendez, en ce moment, je dors plus avec vous qu'avec elle... |
Demetra | Allez, juste pour ce soir... |
Arthur | Non, mais attendez, mais si je vais lui dire que je dors avec vous maintenant, elle va encore faire un flan« faire un flan » (loc.) S’énerver pour une chose de peu d’importance, réagir de manière excessive En savoir plus ! |
Demetra | Pourquoi ? Elle a quelque chose contre moi ? |
Arthur | Mais pas du tout, elle vous adore ! Simplement, bon, elle aime pas être prévenue au dernier moment, déjà, et puis alors elle aussi, elle est triste. |
Demetra | Pourquoi ? |
Arthur | Bah... pour rien. Pareil que vous. |
Chambre d'Arthur, soir. Arthur est au lit, entouré de Demetra et Guenièvre. | |
Guenièvre | (À Demetra.) Alors comme ça, vous aussi, vous êtes triste ? |
Demetra | Bah oui, mais... là, ça va. |
Guenièvre | Je suis désolée d'avoir insisté, mais la nuit toute seule, là, vraiment, je la sentais« sentir (quelque chose) » (loc.) Appréhender une chose avec un bon ou un mauvais pressentiment En savoir plus pas. |
Demetra | Et là, ça va ? |
Guenièvre | Là, ça va, oui. |
Demetra | Ben moi aussi. |
Arthur | (Sourit avec sarcasme.) Hé bah moi, non. Je suis désolé de péter l'ambiance, mais... |
Demetra | Mais qu'est-ce qu'il y a qui va pas ? |
Guenièvre | Vous êtes trop serré ? |
Arthur | Bah déjà oui... et puis, non, je sais pas... |
Demetra | Je sais pas quoi ? |
Arthur | Je sais pas, je suis pas dans mon assiette. |
Guenièvre | Vous vous êtes jamais retrouvé avec deux femmes dans votre lit ? |
Arthur | Bah si, c'est pas la question ! (Après un instant.) Non, en plus, non, je suis désolé, je me suis jamais retrouvé avec deux femmes dans mon lit. |
Demetra | (Amusée.) Vous déconnez ? |
Arthur | Non, je déconne pas. |
Guenièvre | Mais enfin, tous les hommes du royaume ont fait ça au moins une fois dans leur vie ! |
Demetra | Et puis deux, c'est un minimum. Soi-disant qu'on commence à se marrer à partir de six... |
Arthur | Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi, ça doit pas être mon truc, c'est tout. |
Guenièvre | Vous voulez qu'on essaye ? (À Demetra.) Enfin après, vous me dites, hein, moi je veux pas vous forcer la main ! |
Demetra | Ah mais non, mais moi ça me dérange pas... |
Arthur | Ah non mais il n'en est pas question hein ! Déjà, rien que là je commence à avoir la gerbegerbe (n.f.) Envie de vomir En savoir plus... |
Guenièvre | Essayez au moins ! |
Demetra | Si ça va pas, on arrête. |
Arthur | Ah non mais ça va pas ! C'est même pas la peine de commencer ! |
Chambre d'Arthur, soir. Arthur est au lit, entouré de Demetra et Guenièvre. | |
Demetra | Mais qu'est-ce que c'est, le problème, exactement ? |
Guenièvre | Essayez de nous mettre sur la voie ! |
Arthur | Mais j'ai rien à mettre sur la voie ! Et puis dites, ne me prenez pas pour une billebille (n.f.) Individu peu expérimenté En savoir plus hein, s'il vous plaît ! Si c'était si bien que ça, on dormirait à trois tous les soirs ! |
Guenièvre | Ben moi, si ça pouvait m'éviter de me retrouver seule un jour sur deux... |
Demetra | Ah mais moi, pareil ! |
Arthur | Non mais sûrement pas ! Alors ça, vous pouvez faire une croix dessus ! |
Guenièvre | Après, pour le reste, si vous le sentez pas à trois... |
Demetra | Moi, je trouve bizarre, mais à la limite je peux comprendre... |
Guenièvre | Si c'est que ça. |
Demetra | Oui, il y en a une de nous deux qui va prendre une tisane aux cuisines et puis voilà ! Pour cinq minutes... |
Arthur | « Cinq minutes » ? |
Demetra | Oui enfin « cinq minutes »... c'est manière de parler... |
Guenièvre | Ça, moi, je peux pas vous dire... |
Arthur | (Après un moment.) Non, voyez, c'est pas possible... |
(Fermeture.) |
Chambre d'Arthur, soir. Arthur est au lit, entouré de Demetra et Guenièvre. | |
Guenièvre | (Se penche vers Arthur et l'embrasse sur la joue gauche.) |
Demetra | (Se penche vers Arthur et l'embrasse sur la joue droite.) |
Arthur | (Regarde fixement devant lui, sans expression.) |
(Guenièvre et Demetra entreprennent d'embrasser Arthur en même temps.) | |
Arthur | (Se redresse en hâte.) OK, écartez-vous, je vais gerbergerber (v.) Vomir En savoir plus. (Respire bruyamment.) OK non, ça va. |
(Noir.) | |
Arthur | Par contre, je vais dormir dans l'écurie, hein ? C'est mieux. |
(Stab final.) |