Boudoir, jour. Angharad et Perceval discutent. |
Angharad |
Enfin un moment pour nous, Seigneur Perceval. |
Perceval |
Ouais, c'est sympa. |
Angharad |
C'est très gentil à vous de... de m'accorder quelques instants, je sais que vous êtes très occupé. |
Perceval |
Ah bon ? Qui c'est qui vous a dit ça ? |
Angharad |
Euh, personne, je suppose que les chevaliers de la Table ronde ont beaucoup à faire, c'est tout ! |
Perceval |
Mais ils font quoi par exemple ? |
Angharad |
Ah mais... je sais pas... ils vont combattre, ils rendent la justice... |
Perceval |
Ah, d'accord. |
Angharad |
Je me trompe ? |
Perceval |
Non non non, c'est sûrement ça. Je les vois toujours fourgonner de tous les côtés, je sais jamais ce qu'ils foutent. |
(Ouverture.) |
Boudoir, jour. Angharad et Perceval discutent. |
Angharad |
Je voudrais vous parler de quelque chose. C'est un peu délicat hein, je voudrais pas vous paraître inconvenante. |
Perceval |
Ça risque pas, je sais pas ce que ça veut dire. |
Angharad |
Ah bon ? |
Perceval |
Alors du coup, vous pouvez y aller. |
Angharad |
Si vous le dites, hein ! |
Perceval |
Pour les autres, quand je comprends pas, j'ai une technique personnelle, ils y voient que du feu, mais pour vous, c'est franc jeu, si je comprends pas je vous le dis. Entre nous... ça sert à rien de se raconter des histoires, pas vrai ? |
Angharad |
Je suis bien d'accord ! Du coup, je me sens plus confiante dans le projet que j'avais d'épancher mes craintes. |
Perceval |
Et de votre côté, vous essayez de faire gaffe à pas me sortir des mots à coucher dehors ! |
Angharad |
J'y veillerai ! |
Salle à manger, jour. Arthur et Perceval mangent ensemble. |
Arthur |
C'est quoi votre technique personnelle ? |
Perceval |
Une botte secrète, j'ai pas le droit de la dire. |
Arthur |
Comme vous voulez. |
Perceval |
Sinon, pour Angharad, j'ai bien fait ou pas ? |
Arthur |
D'un côté c'est risqué, que vous admettez que vous panezpaner (v.) Comprendre En savoir plus rien à rien. Mais bon, c'est honnête, hein en plus vous lui dites que c'est qu'avec elle... non, non, ça peut avoir son charme. |
Perceval |
En tout cas, elle s'est pas payé ma tronche ! |
Arthur |
Bon ben tout va bien. |
Perceval |
Attendez, parce qu'après elle m'en a sorti une, j'ai failli avaler ma cuillère. |
Arthur |
Qu'est-ce que vous foutiez avec une cuillère dans le boudoir ? |
Perceval |
Ah non non ! C'est une expression. « Avaler sa cuillère ». |
Arthur |
(Fronce les sourcils.) |
Perceval |
Ben si ! « Oh là là, j'ai avalé ma cuillère, euh... » |
Salle à manger, jour. Arthur et Perceval mangent ensemble. |
Arthur |
(Effaré.) Vous lui avez pas dit ça ? |
Perceval |
Attendez, c'est elle qui commence avec ses histoires de chevaux ! |
Arthur |
« Cavalier », ça veut dire « désinvolte »... |
Perceval |
(Ne comprend visiblement pas.) |
Arthur |
« Impertinent »... (Soupire.) Bref, vous êtes passé pour un con ! |
Perceval |
Même pas ! C'est ça le pire ! Elle avait un truc hyper important à me dire, elle écoutait même pas le reste ! |
Boudoir, jour. Angharad et Perceval discutent. |
Angharad |
Je sais que vous n'aimez pas brusquer les choses. Nous nous voyons vous et moi régulièrement et il faut bien admettre, et c'est tout à votre honneur, que vous ne pressez pas les choses. |
Perceval |
Qu'est-ce qu'il faudrait que je presse, comme choses ? |
Angharad |
Je ne sais pas, à votre place, certains chevaliers moins courtois que vous auraient depuis bien longtemps... pressé certaines choses. |
Perceval |
(D'un air entendu.) Ah... |
Angharad |
Vous comprenez ? |
Perceval |
Non. |
Angharad |
Personne n'est plus sensible que moi à votre bienveillance, croyez-le bien, mais euh... je voudrais quand même vous rappeler que tant que nous ne décidons rien à propos de vous et moi... |
Perceval |
Ouais ? |
Angharad |
Je reste servante ! |
Perceval |
C'est-à-dire ? |
Angharad |
L'officialisation de notre union, au-delà du grand bonheur qu'elle me procurerait hein, serait aussi un magnifique moyen de m'extirper de ma condition. |
Perceval |
Ouais. C'est pas faux. |
Salle à manger, jour. Arthur et Perceval mangent ensemble. |
Perceval |
En gros, elle veut se marier pour plus être bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus, c'est ça ? |
Arthur |
Pas que, elle doit certainement avoir des tas de raisons de vouloir vous épouser. Je vous cacherai pas que ça reste un mystère pour moi, hein ? Mais ça doit faire partie d'un tout. |
Perceval |
Et alors qu'est-ce que je fais, moi ? |
Arthur |
Ben vous faites ce que vous voulez... |
Perceval |
Vous avez pas un conseil, Sire ? |
(Noir.) |
Arthur |
Ben moi, comme bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus, je peux pas la blairerblairer (v.) Supporter, apprécier En savoir plus, je vous dirais bien de l'épouser... |
(Stab final.) |