L'Enlèvement De Guenièvre
❰ Livre II – épisode 13 ❱
Salle du trône, nuit. Arthur et Lancelot sont dans la salle du trône, Lancelot est en chemise de nuit et tient un message, Arthur est visiblement mal réveillé. | |
Lancelot | Ça m'embêterait de vous avoir fait lever pour rien, Sire... |
Arthur | Ah bah oui, moi aussi, je vous confirme oui. Alors, qu'est-ce qu'il dit, ce message ? |
Lancelot | Les guetteurs auraient vu trois guerriers pictes passer la frontière nord. |
Arthur | Trois guerriers pictes ? Bah, ça va non ? On devrait pouvoir gérer, comme invasion... |
Lancelot | Ah non mais ils envahissaient pas, ils rentraient chez eux ! |
Arthur | (Après un instant.) Ah putain ouais en fait, vous m'avez fait lever pour rien. |
(Ouverture.) |
Salle du trône, nuit. Arthur et Lancelot sont dans la salle du trône, Lancelot est en chemise de nuit et tient un message, Arthur est visiblement mal réveillé. | |
Lancelot | (Lit le message.) C'est affreux. D'après les guetteurs, les Pictes ont emmené la reine Guenièvre contre son gré. |
Arthur | La reine enlevée ? Ils picolentpicoler (v.) Boire de l'alcool, s'enivrer En savoir plus pas un peu, vos guetteurs ? |
Lancelot | Vous avez dormi avec la reine, cette nuit ? |
Arthur | Bah, oui... |
Lancelot | Donc, vous l'avez vue à côté de vous dans le lit ? |
Arthur | Ben il me semble oui, enfin je fais pas gaffe à tout... |
Lancelot | Non mais quand je suis venu vous réveiller, vous lui avez pas parlé ? |
Arthur | Mais pourquoi faire ? Non ! |
Lancelot | Bon mais elle était dans le lit, ou pas ? |
Arthur | Mais zutzut (interj.) Interjection signifiant l'agacement et le mépris En savoir plus ! J'en sais rien ! Je suis pas sans arrêt le nez dessus ! De toute façon, pourquoi voulez-vous qu'on ait enlevé la reine ? |
Lancelot | Mais contre une rançon ! |
Arthur | Ah les fumiersfumier (n.m.) Individu odieux et méprisable En savoir plus ! Mais... mais du coup c'est terrible, y a plus un rondrond (n.m.) Pièce de monnaie, sou En savoir plus dans les caisses ! |
Lancelot | De ce côté-là, vous pourrez demander une participation au seigneur Léodagan ! |
Arthur | Léodagan, il les lâche pas comme ça hein... |
Lancelot | Ah bah, c'est sa fille tout de même ! |
Arthur | De toute façon, on n'est même pas sûrs qu'elle ait été enlevée... |
Lancelot | On va vérifier dans votre chambre ? |
Arthur | (Réfléchit un instant.) Non mais quand elle est là, elle colle ses pieds gelés contre les miens dans le lit là, j'ai horreur de ça. Non là j'étais peinard, je dormais bien... À tous les coups, elle y était pas. |
Salle du trône, jour. Arthur est assis sur son trône, entouré de Lancelot et Léodagan. | |
Léodagan | La vache... vous aviez pas besoin de ça hein. |
Arthur | Ah bah, ça va ! J'avais peur que la nouvelle vous chamboule, beau-père. |
Léodagan | Mais c'est sûr que ça fait quelque chose, c'est quand même ma fille... mais vous, pardon, (frotte son pouce et son index) vous allez le sentir passer ! |
Arthur | Hé ben, j'avais pensé qu'en fait euh, comme justement c'est votre fille, on aurait pu le sentir passer à deux. (Frotte son pouce et son index.) |
Léodagan | Ah bah vous avez le sens de la famille ! |
Arthur | Ah bah, je trouve, oui ! Plutôt ! Entre votre fille sur le trône et votre fils à la Table ronde, question famille, je me suis pas trop foutu de votre gueule ! |
Léodagan | Enfin c'est l'alliance, ça, hein... |
Arthur | Hé bah justement, j'aimerais bien que l'alliance elle commence à marcher dans les deux sens, et aussi pour les emmerdements. |
Léodagan | Bon bah, allez-y, annoncez la couleur. Mais attention hein, je suis roi de Carmélide, moi ! Me prenez pas pour une superpuissance ! |
Lancelot | C'est un accord de principe que le roi vous demande. Le montant de la rançon n'est pas encore fixé ! |
Léodagan | Pas encore fixé ? Ah, attention, hein ! Je les connais les Pictes, moi ! Ma femme est picte, c'est vous dire ! Question pognon, c'est pas des timides hein ! |
Arthur | Ben... quoi, parce que ça vous est déjà arrivé, ce genre de fourbifourbi (n.m.) Situation compliquée En savoir plus ? |
Léodagan | Ouais, comme vous dites, et pas qu'un peu. Ma femme. |
Lancelot | Dame Séli a été enlevée ? |
Léodagan | C'est moi qui l'avais enlevée. J'étais que prince encore, je démarrais. Dix mille pièces d'or, j'en voulais. Ils m'en ont filé vingt. |
Arthur | Vingt... pièces d'or ? |
Léodagan | Vingt mille ! À condition que je la garde. |
Arthur | Ah bah, c'est à creuser. Enfin, à moins qu'on l'ait enlevée par euh... |
Léodagan | Par vengeance ? |
Arthur | Euh oui non, non encore ça... non mais, quelqu'un qui s'en serait ressenti pour la reine, quoi... |
Lancelot | Par amour. |
Arthur | Voilà ouais. |
Léodagan | Moi je serais vous... j'éviterais les fausses joies. |
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Léodagan et Séli sont à la Table ronde. | |
Arthur | Non mais, nous on se disait, comme vous êtes picte vous-même... |
Séli | ...je m'occupe de la tractation comme ça ils me font une ristourne. |
Arthur | Mais pas du tout ! C'est simplement pour faciliter les négociations, quoi. |
Léodagan | On comprend pas le picte, nous. |
Séli | Ah bah vous non hein, c'est sûr. En trente ans, vous avez pas été foutu d'apprendre à dire « merci ». |
Léodagan | Qu'est-ce que vous voulez que ça me foute ? Bah alors déjà je dis pas « merci » dans ma langue euh, je risque pas de l'apprendre en picte hein ! |
Séli | Bon donnez-moi une somme de base, je vais voir ce que je peux faire. |
Arthur | Mais qu'est-ce que vous appelez « une somme de base » ? |
Séli | Je sais pas. Mettons euh... trente mille pièces d'or, pour commencer, non ? |
Arthur | Trente mille pièces d'or ! |
Léodagan | Pour commencer ! |
Séli | C'est moi qui les connais, les Pictes, ou c'est vous ? |
Arthur | Bon bah, beau-père, euh... on fait cinquante-cinquante ? |
Léodagan | Ou alors, on va la chercher nous-même avec douze catapultes et on leur crame tout, à ces cons ! |
Séli | Vous ne toucherez pas à un cheveu des Pictes. |
Arthur | Non et puis de toute façon, si on se prend une dérouillée, faudra casquercasquer (v.) Payer En savoir plus deux fois. Non, on allonge le pognon et puis c'est marre« c'est marre » (loc.) Locution signifiant “ça suffit”, “c’est réglé” En savoir plus. |
Léodagan | Décidément, les Pictes, ça a jamais été mon fort. |
Séli | (Sourit sarcastiquement.) |
(Fermeture.) |
Taverne, soir. Guenièvre et Séli sont à la taverne, encapuchonnées. | |
Séli | (Noue une bourse.) Bon, voilà votre part, ma fille. Demain soir, vous réapparaissez et tout le monde sera content. |
Guenièvre | Je sais pas si c'est bien moral... |
Séli | Votre père m'a enlevée à l'âge de vingt ans contre vingt mille pièces d'or dont j'ai jamais vu la couleur alors venez pas me parler de morale ! (Pose la bourse devant Guenièvre.) |
Guenièvre | Qu'est-ce que je vais dire à Arthur, moi ? Et à papa ? |
Séli | À Arthur, que vous avez été enlevée par amour... |
(Noir.) | |
Séli | ...et à votre père, qu'il faut que le pognon ça circule. |
(Stab final.) |