Les Exploités
❰ Livre II – épisode 36 ❱
Couloir du château, nuit. Perceval et Karadoc se tiennent devant la porte de la chambre d'Arthur. | |
Karadoc | (Frappe à la porte.) |
Arthur | (Ouvre la porte, mal réveillé.) |
Perceval | Ah, Sire ! |
Karadoc | On voulait vous parler. |
Perceval | C'est très important. |
Karadoc | C'est capital ! |
Arthur | (Referme la porte.) |
(Ouverture.) |
Couloir du château, nuit. Perceval et Karadoc se tiennent devant la porte de la chambre d'Arthur. | |
Karadoc | (Frappe à la porte.) |
Perceval | Sire ! Sire ! |
Karadoc | C'est pas des conneries, faut vraiment qu'on vous parle ! |
Perceval | Faites pas le con, Sire, ouvrez ! |
Arthur | (Ouvre la porte.) Vous frappez encore une fois sur cette porte, vous prenez un painpain (n.m.) Coup de poing En savoir plus chacun. |
Perceval | Moi, je serais vous, je vous écouterais. Non. Moi, je serais nous, je vous... si moi j'étais vous, je vous écouterais. |
Karadoc | (À Perceval.) Non, c'est « si moi je suis vous », non ? |
Perceval | (À Arthur.) Maintenant il faut nous écouter. Parce que là on en a gros. |
Karadoc | On en a gros ! |
Arthur | Et si moi j'ai pas du tout envie de vous écouter ? |
Karadoc | Vous faites comme vous voulez ! |
Perceval | Ah mais moi, franchement, je serais nous... non. Je serais vous, je vous écouterais. |
Karadoc | Voilà ! |
Perceval | Non elle me fait chier cette phrase. |
Arthur | Moi je serais vous par contre, je foutrais le camp. Parce que... je préfère jouer cartes sur table avec vous, là vous êtes à deux doigts du cachot. |
Perceval | Mais nous on venait juste se plaindre, là... |
Arthur | Oui mais... ça change rien au cachot ça. Vous seriez venus m'apporter des tartines, c'est pareil. J'ai pas envie de voir vos tronches. (Referme la porte.) |
Couloir du château, nuit. Perceval et Karadoc se tiennent devant la porte de la chambre d'Arthur. | |
Karadoc | (Frappe à la porte.) |
Perceval | Sire, ouvrez, on en a gros ! |
Karadoc | Je vous assure, c'est pas le moment de faire la fine bouche ! |
Arthur | (De l'intérieur de sa chambre.) « La sourde oreille ». |
Perceval | Quoi ? |
Arthur | « C'est pas le moment de faire la sourde oreille. » |
Perceval | Qu'est-ce que j'ai dit ? |
Arthur | Vous, rien. C'est l'autre con qui a dit « C'est pas le moment de faire la fine bouche », dans le contexte c'est déplacé. |
Perceval | On estime qu'on a droit à un entretien ! |
Arthur | Vous n'avez rien à estimer, barrez-vousse barrer (v.) Partir, s'en aller En savoir plus. |
Karadoc | Vous nous utilisez bon gré, mal gré pour arriver sur la fin. |
Arthur | (Après un instant.) Quoi ? |
Perceval | Comment, « quoi » ? |
Arthur | J'ai pas compris. |
Karadoc | Vous nous utilisez bon gré, mal gré pour arriver sur la fin. |
Arthur | (Ouvre la porte.) Je vous utilise bon gré, mal gré pour arriver sur la fin ? |
Karadoc | Exactement. |
Perceval | C'est intolérable, Sire. |
Arthur | (Réfléchissant.) Je... vous utilise contre votre gré, pour arriver à mes fins ? |
Karadoc | (À Perceval.) Ah ouais c'est mieux ! |
Perceval | La tournure est plus graduelle. |
Arthur | Plus claire ? |
Perceval | Plus claire, ouais. |
Arthur | Vous avez remarqué que je vous pige de mieux en mieux, quand même. |
Perceval | Ouais, c'est ce que j'étais en train de me dire ! |
Karadoc | De plus en plus vite en tout cas ! |
Perceval | C'est plus filiforme ! |
Arthur | Plus fluide ? |
Perceval | Ouais. |
Arthur | Euh... bon bah je vous écoute alors, en quoi est-ce que je vous utilise contre votre gré pour arriver à mes fins ? |
Karadoc | (Après un instant.) Merde, du coup je suis paumépaumé (adj.) Perdu En savoir plus moi. |
Arthur | (Referme la porte.) |
Couloir du château, nuit. Perceval et Karadoc se tiennent devant la porte de la chambre d'Arthur. | |
Perceval | Sire, ouvrez ! |
Karadoc | Ça y est, je me rappelle pourquoi vous nous utilisez machin truc ! |
Perceval | Ouvrez, on en a gros ! |
Arthur | (Ouvre la porte.) Vous avez quinze secondes. |
Karadoc | On est persuadés que vous nous utilisez pour la quête du Graal. |
Perceval | Voilà. On aurait dû commencer par là, en fait. |
Arthur | Qu'est-ce que vous voulez dire ? |
Perceval | Vous, votre truc, c'est le Graal. Ça vous pouvez pas dire le contraire. Vous arrêtez pas de nous bassiner avec. |
Karadoc | Le Graal par ci, le Graal par là, le Graal par ci, le Graal par là, le Graal par ci, le Graal par là, le Graal par ci, le Graal par là... |
Perceval | Et nous, à vous entendre, on dirait qu'on est juste là pour le chercher. |
Arthur | Oui, c'est vrai ! |
Karadoc | Ha ! |
Perceval | C'est pour ça. On en a gros. |
Arthur | Mais... évidemment que vous êtes là pour le chercher, parce que si y avait pas le Graal à chercher vous seriez pas là. Moi non plus, d'ailleurs. Même Kaamelott euh, j'ai construit pour ça. |
Perceval | Ouais là y a le Graal à chercher, on est là. |
Karadoc | Comme par hasard. |
Arthur | Mais... sans ça vous seriez des bouseuxbouseux (n.m.) Paysan En savoir plus. |
Karadoc | Comment ça ? |
Arthur | Oui, vous auriez une bicoque avec trois chèvres, comme la plupart des péguspégu (n.m.) Paysan En savoir plus, c'est tout. |
Perceval | Ouais, c'est une façon de voir les choses... |
Arthur | (Referme la porte.) |
(Fermeture.) |
Couloir du château, nuit. Perceval et Karadoc se tiennent devant la porte de la chambre d'Arthur. | |
Karadoc | (Frappe à la porte.) Sire, ouvrez ! |
Perceval | On en a gros ! |
Arthur | Non mais c'est bon, je vous utilise, allez vous coucher. |
Perceval | Comment ? |
Karadoc | Vous nous utilisez ? |
Arthur | Ouais, pas de problème, j'assume, cassez-vousse casser (v.) Partir, s'en aller En savoir plus. |
Perceval | Pour arriver à vos fins ? |
Arthur | Oui oui, vous inquiétez pas, je le prends sur moi. Foutez le camp ! |
(Perceval et Karadoc se regardent, satisfaits.) | |
(Noir.) | |
Perceval | Bonne nuit, Sire ! |
(Stab final.) |