Banc sous l'arbre, jour. Arthur et Lancelot sont assis sur un banc sous un arbre. Lancelot tient un registre et une plume. |
Lancelot |
Voilà, Sire ! Je crois qu'on a fait le tour ! |
Arthur |
Bon très bien ! Je suppose que c'est maintenant que je m'y colle ? |
Lancelot |
Que vous vous collez à quoi Sire ? |
Arthur |
Bah c'est pas maintenant que je reçois les félicitations de tout le monde pour mon anniversaire ? |
Lancelot |
(Décontenancé.) Ah si ! Si ! |
Arthur |
D'ailleurs tiens, tant que vous êtes là, vous devriez commencer, vous seriez débarrassé ! |
Lancelot |
Non. Je vais laisser passer mes collègues d'abord. Je pense que ça me permettra de bien lire ce que je vous ai préparé ! |
Arthur |
Comme vous voulez. |
Lancelot |
(Se lève et part.) |
(Ouverture.) |
Banc sous l'arbre, jour. Arthur et Calogrenant sont assis sur un banc sous un arbre. |
Calogrenant |
Hourra pour le roi, longue vie à Arthur, longue vie à Arthur ! |
Arthur |
C'est fini ? Très bien ! |
Calogrenant |
Ça allait Sire ? |
Arthur |
Impeccable ! |
Calogrenant |
Ça reste assez classique, hein... |
Arthur |
Oui non mais c'est pas grave, ça ! Non, c'est traditionnel les vœux ! On peut pas non plus bouleverser le truc à chaque fois ! |
Calogrenant |
Non c'est pour ça que j'ai préféré rester dans le vœu standard. |
Arthur |
Par contre, c'est volontaire d'avoir repris des passages de vos vœux de l'année passée ? |
Calogrenant |
Ah oui ! C'est même pas des passages ! C'est plus ou moins ça, au mot près ! |
Arthur |
Ah oui, voilà, c'est ça, parce qu'il me semblait avoir entendu ça. Mais c'est exactement les mêmes ? |
Calogrenant |
À peu de choses près. |
Arthur |
Oui mais par exemple qu'est-ce que c'est qui change ? |
Calogrenant |
Rien. |
Arthur |
Oui, c'est les mêmes ! |
Calogrenant |
Voilà ! |
Arthur |
Voilà c'est ça... donc ça va pas ! C'est ça, parce que ça peut pas être les mêmes ! Vous êtes censé composer vos vœux pour mon anniversaire chaque année, et ça doit chaque fois être différent. |
Calogrenant |
Ah d'accord ! |
Arthur |
Oui... |
Calogrenant |
Mais j'avais pas compris ça, moi ! Parce que moi, ça fait dix ans que je vous les fais, ceux-là, hein ! |
Arthur |
Ah ouais. |
Calogrenant |
Ouais. |
Banc sous l'arbre, jour. Arthur et Gauvain sont assis sur un banc sous un arbre. |
Arthur |
Très bien ! Merci beaucoup Gauvain. |
Gauvain |
Mais j'ai pas fini... |
Arthur |
Ah pardon, excusez-moi ! Allez-y, je vous écoute. |
Gauvain |
(Déclamant.) « ...que le roi, avec sa coupe comme avant, terrassa le cruel géant. » |
Arthur |
Et là c'est fini. |
Gauvain |
Non. Non mais je suis désolé mon oncle mais j'ai eu du mal à mémoriser la fin. |
Arthur |
Mais vous allez vous en souvenir, là ? Parce que c'était déjà pas mal long, en plus ça voulait pas toujours dire grand-chose... alors ce que je me demandais, c'est est-ce qu'on pourrait pas par exemple s'arrêter à la phrase d'avant ? |
Gauvain |
Laquelle mon oncle ? |
Arthur |
Parce que vous finissez par euh... « le roi, avec sa coupe comme avant ». |
Gauvain |
Oui ? |
Arthur |
Déjà cette phrase je la pige pas des masses« des masses » (loc.) Beaucoup En savoir plus en fait. |
Gauvain |
C'est la tournure. |
Arthur |
Non, c'est la phrase. La coupe, je suppose que c'est le saint Graal, c'est ça ? |
Gauvain |
Non, c'est votre coupe. |
Arthur |
Comment ça ma coupe ? |
Gauvain |
Ben votre coupe de cheveux... c'est pour ça que vous ne comprenez pas, Sire ! C'est à propos de ce combat mémorable ! |
Arthur |
Qu'est-ce que ma coupe de cheveux vient foutre là-dedans ? |
Gauvain |
Ben... là mon oncle, c'est surtout pour la rime. |
Arthur |
Parce que vous comme rime en « ant », la première chose qui vous vient c'est « avec sa coupe comme avant » ? |
Gauvain |
Ouais, je sais, c'est un peu pauvre. |
Arthur |
C'est un peu nul surtout ! |
Gauvain |
Vous voulez que je recommence sans la coupe comme avant ? |
Arthur |
Non, ça va. Merci Gauvain ! Cassez-vousse casser (v.) Partir, s'en aller En savoir plus ! |
Banc sous l'arbre, jour. Arthur et Yvain sont assis sur un banc sous un arbre. |
Yvain |
(Déclamant.) « La colombe blanche et sèche... retombe souvent sur sa poitrine. Elle vole quand même. C'est très bien. Et finit sa course... dans la prairie de notre enfance. » (Après un moment.) J'ai fini. |
Arthur |
Bon ! Alors moi j'ai un petit problème, c'est que j'ai pas pigé un broc de ce que vous bavezbaver (v.) Dire, parler En savoir plus. |
Yvain |
Bah comment ça, Sire ? |
Arthur |
« La colombe blanche et sèche » ? Qu'est-ce que voulez dire par là ? |
Yvain |
Ben la colombe elle est pas blanche ? |
Arthur |
Si. |
Yvain |
Elle est pas sèche ? |
Arthur |
(Décontenancé.) Si, oui, enfin pourquoi est-ce qu'elle retomberait sur sa poitrine ? |
Yvain |
Là, Sire, j'avoue que c'est pour que ça rime avec « blanche et sèche ». |
Arthur |
Qu'est-ce qui rime avec « blanche et sèche » ? « Poitrine » ? |
Yvain |
Ben oui, c'est une rime triple ! « Blanche et sèche », « poitrine » et « prairie de notre enfance ». |
(Fermeture.) |