Banc sous l'arbre, jour. Arthur est assis sous un arbre dans la nature. |
Léodagan |
(Arrive.) Ah vous êtes là ! |
Arthur |
Qu'est-ce qui se passe ? |
Léodagan |
Bah je me demandais où vous étiez. |
Arthur |
Qu'est-ce que ça peut vous foutre ? |
Léodagan |
C'est ma fille qui nous bassine depuis ce matin : « Tiens, je sais pas où est mon mari... » Alors je viens voir un peu. De toute façon, j'ai rien à glander. |
Arthur |
Vous savez que je viens ici pour être peinard ? |
Léodagan |
À propos de filles... hier, je fais ma tournée d'inspection sur la côte, histoire de... de vérifier les tourelles, là, devinez sur qui je tombe ! |
Arthur |
Je ne sais pas... |
Léodagan |
Vos deux maîtresses, là... ah, je sais plus comment elles s'appellent, euh... les jumelles... |
Arthur |
Ah, les jumelles du pêcheur ? |
Léodagan |
Voilà. Elles viennent vous voir ce soir. |
Arthur |
Ah, très bien ! |
Léodagan |
Enfin, je sais pas si les deux sont vos maîtresses hein, je sais qu'il y en a une que vous préférez, mais moi j'arrive pas à les distinguer. |
Arthur |
Non, y en a pas que je préfère... |
Léodagan |
Bah, vous êtes toujours avec la même ! |
Arthur |
Comment vous pouvez savoir si c'est le même puisque vous pouvez pas les distinguer ? |
Léodagan |
(Après un instant.) Ben je sais pas. |
Arthur |
Ah. |
Chambre d'Aziliz et Tumet, nuit. Arthur dort entre Aziliz et Tumet, dans leur lit. |
Aziliz |
(À Tumet.) Comment ça se fait qu'il dort de ce côté ? |
Tumet |
J'en sais rien... |
Aziliz |
Comme par hasard... |
Tumet |
Bah, évidemment « comme par hasard » ! Il sait pas nous reconnaître ! |
Aziliz |
(Agacée.) Alors comment ça se fait qu'il dort toujours de ce côté ? |
Tumet |
Il dort pas toujours de ce côté... |
Aziliz |
(Secoue Arthur.) |
Arthur |
(Se réveille.) Hein ! Qui c'est, qu'est-ce qui s'est passé ? |
Aziliz |
Comment ça se fait que vous dormez, là ? |
Arthur |
Bah... qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? |
Tumet |
Doucement, il est fatigué. |
Aziliz |
Vous êtes toujours collé dans les bras de ma sœur ! |
Arthur |
Mais... je suis pas plus collé dans les bras de votre sœur que dans les vôtres ! |
Aziliz |
Ah si ! |
Arthur |
Je crois pas, non... |
Tumet |
Franchement, j'ai pas l'impression. |
Aziliz |
Hé bah moi je suis sûre. |
Tumet |
C'est pas possible, il sait pas nous reconnaître ! |
Arthur |
Ah si. |
Aziliz |
Quoi ? |
Arthur |
Si, je suis désolé, si, je sais vous reconnaître. |
Aziliz |
Ah ! |
Tumet |
Ça m'étonnerait... |
Arthur |
(Pointant Aziliz.) Aziliz... (Pointant Tumet.) Tumet. |
Aziliz |
Et voilà ! |
Tumet |
C'est un coup de bol... |
Arthur |
Mais non, zutzut (interj.) Interjection signifiant l'agacement et le mépris En savoir plus ! Je sais vous reconnaître ! |
Aziliz |
C'est ce que je dis ! C'est intentionnel ! |
Arthur |
Oh, intentionnel... disons que c'est inconscient, quoi. |
Tumet |
Évidemment que c'est inconscient ! On est pareilles ! |
Arthur |
Ah non. Non, je suis désolé, vous êtes pas pareilles ! |
(Aziliz et Tumet regardent ailleurs, visiblement blessées.) |
Arthur |
On a le droit de le dire à des jumelles, ça ? |
Chambre d'Aziliz et Tumet, nuit. Arthur dort entre Aziliz et Tumet, dans leur lit. |
Arthur |
Je suis désolé, je maintiens ce que j'ai dit. Tumet, elle est un peu plus... |
Aziliz |
(Agacée.) Un peu plus quoi ? |
Arthur |
Je sais pas ! C'est plus le côté... voilà... |
Tumet |
N'importe quoi. |
Arthur |
Ah, moi je dis plus rien ! |
Aziliz |
Et pour le reste ? |
Arthur |
Quel reste ? |
Aziliz |
Le reste. C'est ma sœur que vous préférez, aussi ? |
Arthur |
Mais je préfère personne ! Ça marche pas comme ça ! |
Tumet |
Vous voulez pas le dire... |
Arthur |
(À Aziliz.) Eh ben, pour le reste, en revanche, c'est plutôt vous ! Voilà, parce que vous êtes un peu plus, euh... (Mime la gaillardise.) |
Aziliz |
(Vexée.) Un peu plus quoi ? |
Arthur |
Mais j'en sais rien ! C'est plus le côté... |
Tumet |
N'importe quoi. |
Aziliz |
Donc je suis bonne qu'à ça. |
Arthur |
Sans déconner, vous commencer à me faire chier, là. |
Aziliz |
Vous voulez pas répondre ! |
Arthur |
De toute façon, pour le reste, comme vous dites, vous êtes pas spécialement douées ! Enfin, je veux dire, y a pas de quoi... non c'est surtout le fait que vous soyez deux qui, qui est un peu... parce que sinon, une par une euh, y a rien de... c'est sympa ! Mais bon. voilà ! |
(Aziliz et Tumet regardent ailleurs, visiblement blessées.) |
Arthur |
On peut pas le dire à des jumelles ça, si ? |
(Fermeture.) |
Banc sous l'arbre, jour. Arthur est assis sous un arbre dans la nature. |
Léodagan |
(Arrive.) Ah bah vous êtes là ! |
Arthur |
Quand je veux être seul, toujours. |
Léodagan |
J'ai vu partir les jumelles, ce matin, elles avaient l'air en rognerogne (n.f.) Colère, mauvaise humeur En savoir plus ! |
Arthur |
Ouais, je sais. |
Léodagan |
Et sérieusement euh, vous arrivez à les distinguer, vous ? |
Arthur |
Oui. |
Léodagan |
Moi je sais pas comment vous faites, hein. |
Arthur |
Si, mais quand on a un peu l'habitude, y en a une qui est un peu plus... (Fait un geste ondulé.) Voilà. |
(Noir.) |
Arthur |
Tandis que l'autre est plus... |
(Stab final.) |