Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Léodagan, Galessin, Calogrenant, Hervé de Rinel, Bohort, Perceval et Karadoc sont à la Table ronde. Le père Blaise se tient à son pupitre. |
Calogrenant |
Les routes sont enneigées, les routes sont enneigées, c'est tout. |
Arthur |
Mais on peut plus circuler, venez pas dire que c'est pas un problème ! |
Léodagan |
Bah chacun chez soi, du coup ça évite les visites d'emmerdeurs. |
Hervé de Rinel |
De toute façon, on va pas pelleter la neige nous-mêmes... |
Arthur |
Pourquoi ? Vous avez trop de boulot ? |
Perceval |
Nous, on l'a fait ce matin pour dégager la porte du château, je peux vous dire c'est pas de la tarte ! |
Karadoc |
Regardez ça ! J'ai de la corne sur les doigts, on dirait des pieds. |
Perceval |
Franchement, c'est pas faisable. |
Arthur |
Pas faisable ? Vous mériteriez que je vous collecoller (v.) Placer, mettre, positionner En savoir plus au pelletage d'ici jusqu'en Calédonie rien que pour la forme ! |
Bohort |
(Regardant dans le vide.) La neige, on l'enlève elle revient. Toujours. Encore et encore. Et nous, pauvres âmes chagrines, nous perdons nos regards dans l'horizon blanc de notre solitude. |
Salle de la Table ronde, jour. Arthur, Bohort et le père Blaise sont à la Table ronde, Arthur sert à boire à Bohort. |
Arthur |
C'est pas grave, Bohort, c'est pas grave ! Vous avez eu un petit coup de mou, là... |
Bohort |
(Sanglotant.) Je suis désolé, Sire. Tout ça est ridicule. |
Arthur |
Mais ça fait rien, ça arrive. |
Bohort |
Craquer comme ça en pleine séance de la Table ronde, c'est honteux. |
Arthur |
Je vous dis que c'est pas grave ! |
Bohort |
Vous savez ce que c'est, on essaye d'être fort, de tenir le coup et puis un jour crac, les nerfs lâchent ! |
Le père Blaise |
Le problème c'est qu'il restait pas mal de choses à voir... |
Arthur |
(Fusille le père Blaise du regard.) |
Bohort |
Je sais... je suis confus. |
Arthur |
(Regarde le père Blaise avec de grands yeux.) |
Le père Blaise |
Bah quoi, c'est vrai... |
Bohort |
Je supporte plus la neige ! |
Arthur |
Oui enfin moi je crois que vous traversez une mauvaise passe, et que du coup vous voyez tout en noir. |
Bohort |
En blanc. |
Arthur |
Non, ce que je veux dire c'est que c'est pas spécifiquement la neige le problème. |
Bohort |
Sire, il faut délocaliser Kaamelott ! |
Le père Blaise |
Délocaliser Kaamelott ? |
Arthur |
Mais qu'est-ce que vous nous chantez, Bohort ? |
Bohort |
Y en a marre de ce temps de merde, Sire ! On peut pas mettre le nez dehors sans attraper une fluxion de poitrine ! |
Le père Blaise |
Oh attendez, faut rien exagérer non plus... |
Bohort |
Mais qu'est-ce que j'exagère ? Vous allez me parler de l'été c'est ça ? Deux malheureux mois par an avec un soleil tout palot et un vent à faire s'envoler les pierres ? |
Arthur |
Je vois pas bien ce que vous voulez qu'on y fasse, Bohort ! |
Bohort |
Reconstruisons Kaamelott en Andalousie ! |
Le père Blaise |
Quoi ? |
Arthur |
Qu'est-ce que vous voulez qu'on aille foutre en Andalousie ? |
Le père Blaise |
En plus c'est plein de Wisigoths, là-bas ! |
Bohort |
Mais on s'en fout, on les défoncedéfoncer (v.) Démolir, détruire En savoir plus ! Et après, du soleil dans nos cœurs ! |
Salle du trône, jour. Arthur est assis sur son trône, Lancelot est assis à côté de lui. Bohort se tient devant eux, ses bagages derrière lui. |
Arthur |
Ah ! Bohort, ça y est, c'est le grand départ ? |
Bohort |
Ça y est Sire, me voilà fin prêt pour l'Andalousie ! Vous avez fait préparer votre message pour les Wisigoths ? |
Arthur |
Euh... je vais être franc Bohort, le message pour les Wisigoths, c'est un peu un prétexte en fait. Moi ce qui compte c'est que vous alliez vous requinquer. |
Lancelot |
Bon, si par la même occasion on peut en profiter pour passer notre bon souvenir au peuple wisigoth, ça coûte pas plus cher ! |
Arthur |
Voilà, vous y allez, vous faites un petit coucou en passant mais surtout, vous vous reposez ! |
Bohort |
Mais alors, Sire, en réalité vous m'offrez des vacances ? |
Arthur |
Exactement. |
Bohort |
Je m'excuse mais il n'y a pas de raison que je sois le seul de mes camarades à aller me dorer le cuir aux frais de la princesse ! |
Lancelot |
(À Arthur.) Quelle princesse ? |
Arthur |
Bohort, je vous donne l'ordre de vous rendre immédiatement en Andalousie pour y rencontrer le chef wisigoth et lui transmettre le message de paix suivant... « Coucou. » |
(Fermeture.) |
Sommet des remparts, jour. Arthur est sur un rempart du château. Bohort se trouve au pied du rempart. |
Bohort |
Sire, c'est trop, je ne peux pas accepter. |
Arthur |
Mais vous allez vous barrer, oui ? |
Bohort |
Je dois rester, ne serait-ce que par solidarité avec mes camarades ! |
Arthur |
(Criant.) Mais tirez-vousse tirer (v.) Partir, s'en aller En savoir plus nom d'un chien ! |
Bohort |
C'est grotesque, Sire, ma place est parmi vous. |
Arthur |
(Soupire, puis s'adresse aux gardes présents sur le rempart.) Passez-moi le truc, là. (Saisit une arbalète.) Merci... je vous garantis que vous allez les prendre ces vacances, moi ! |
Bohort |
Sire, vous n'allez pas me tirer dessus ? |
Arthur |
Bougez pas ! |
(Noir.) |
Arthur |
(Tire à l'arbalète.) |
Bohort |
Ah ! Sire ! C'est passé à ça... |
(Stab final.) |