Les Paris III
❰ Livre IV – épisode 90 ❱
Taverne, soir. Perceval, Karadoc et le tavernier sont assis à une table et discutent. | |
Le tavernier | (À voix basse.) Allez quoi... un beau geste ! |
Karadoc | Non, on vous a dit. Non et non ! |
Le tavernier | Mais c'est du tout cuit ! Risque zéro... |
Perceval | Ça existe pas le risque zéro. C'est même vous qui nous l'avez dit. |
Le tavernier | Hé bah là si. C'est une occasion en or. Je vous propose de vous rendre riches en un seul combat, et vous me le jetez au pifpif (n.m.) Nez En savoir plus ? |
Karadoc | Pour la dernière fois, on n'aime pas ça, les combats de chiens ! |
Perceval | Ça nous fait dégobiller toute cette violence. |
Le tavernier | Mais... mais moi aussi, ça me fait dégobiller ! Mais là, le combat il aura pas le temps d'être violent... j'ai déniché le destructeur absolu... on ouvre les cages, on ferme les yeux, on compte jusqu'à trois, pfuit ! C'est fini... le clébard d'en face, il est gnaqué, ingurgité, pfuit ! Digéré. |
Karadoc | Non non non non non ! |
Perceval | Non, c'est non. |
Le tavernier | Écoutez... dire « non » à un coup pareil... c'est refuser de faire appel à son intelligence. |
(Ouverture.) |
Taverne, soir. Perceval, Karadoc et le tavernier sont assis à une table et discutent. | |
Le tavernier | Seigneur Perceval, laissez-moi au moins vous parler de mon champion. |
Karadoc | Ça nous intéresse pas, bon sang ! |
Perceval | Foutez-nous la paix ! |
Le tavernier | Je vais vous dire... vous êtes injustes ! Injustes, que vous êtes... par le passé, je vous ai quand même fait gagner un joli paquet de blé... |
Karadoc | On en a perdu largement autant, voire même le double ! Il faudrait pas l'oublier, ça ! |
Perceval | Et puis même, c'est pas le blé le problème. On n'aime pas les combats, on n'aime pas les chiens, c'est un sport de bourrinsbourrin (n.m.) Individu manquant de finesse ; rustre En savoir plus, c'est tout ! |
Karadoc | Vous pouvez pas nous laisser bouffer ? |
Le tavernier | Si vous le faites pas pour moi... faites-le pour le chien... |
Karadoc | Mais bon Dieu, on vous dit qu'on n'aime pas ça, les chiens ! |
Perceval | Et puis on le connaît pas, votre chien... |
Le tavernier | Ah ! Ah bah alors là c'est pas compliqué. (Part.) |
Taverne, soir. Le tavernier tient un furet dans ses mains et le présente à Perceval et Karadoc. | |
Le tavernier | Attention. Vous avez devant vous la bête noire des chenils. L'Armageddon de la race canine. |
Karadoc | C'est quoi comme chien, ça ? |
Perceval | Il est bizarre, non ? |
Le tavernier | Il s'appelle Tchinkkiz. Je dis pas son nom trop fort, parce que tous les clébards des environs vont se mettre à chier dans leur slip. |
Karadoc | Attendez attendez, euh... je suis peut-être pas un spécialiste des bestioles, mais... ça ressemble pas à un furet ? |
Perceval | Y a un cousinage... non ? |
Le tavernier | Et c'est là où c'est fort. Parce que ce soir les gars ils vont dire comme vous, ils vont dire « Tiens ! Le clébard d'en face il a une gueule de furet ! » Hé bah non, Messieurs ! C'est un furet. Et du furet catégorie premium, j'aime mieux avertir. |
Karadoc | Un furet contre un chien, mais vous êtes complètement marteaumarteau (adj.) Fou En savoir plus ! |
Perceval | Et c'est là-dessus que vous allez nous faire casquercasquer (v.) Payer En savoir plus ? |
Le tavernier | Regardez-le. Regardez-le bien dans les yeux, le machin, là. Et venez me dire après que vous comprenez pas. Tchinkkiz, c'est un furet... un furet tout ce qu'il y a de plus furet... gentil, docile, affectueux, euh... la bébête à mémé, quoi... jusqu'à ce qu'il tombe sur un chien, alors là... en une fraction de seconde, y a plus de furet... y a le messager de la mort. Alors je vais arrêter de parler... je vais laisser Tchinkkiz rentrer en contact avec les forces du mal... et je vais en profiter pour ramasser vos mises. Si vous le faites pas pour vous... faites-le pour le chien d'en face... qu'il souffre pas pour rien. |
(Fermeture.) |
Taverne, soir. Le tavernier et un marchand se font face ; le premier tient un furet, le second un chinchilla ; Perceval et Karadoc se tiennent derrière le tavernier. | |
Le marchand | Prosternez-vous devant Attila le chinchilla. Et dites au revoir à votre toutou. |
Le tavernier | Le chinchilla c'est son amusement préféré, à Tchinkkiz. Il torture pendant une heure et demie, avant de porter le coup fatal. |
Le marchand | (Ricane.) La spécialité d'Attila, c'est qu'il avale les furets sans même les mâcher. |
Le tavernier | J'ose pas le lâcher... j'ai peur qu'après le chinchilla, il s'en prenne à vous... les marchands véreux c'est son dada... |
Le marchand | Le mien, j'ai deux mots à lui dire, et il vous grignote en intégralité, il restera plus que vos fringues. |
Le tavernier | Trois... |
Le marchand | Deux... |
Le tavernier | Un ! |
(Noir.) | |
(On entend des feulements agressifs et des bruits de lacération.) | |
(Stab final.) |