Cabane de Lancelot, matin. Guenièvre et Lancelot sont au lit, Angharad arrive. |
Angharad |
(D'une voix forte.) Que Madame et Monsieur me permettent de leur souhaiter le bonjour... |
Lancelot |
Vous pourriez pas être un poil plus discrète ? |
Angharad |
Non mais c'était pour dire à Madame et à Monsieur que moi, autant je peux faire preuve de bonne volonté, autant les miracles... c'est pas mon rayon. J'évoque le petit déjeuner. |
Lancelot |
Mais qu'est-ce que vous voulez que ça nous fiche ? |
Guenièvre |
Oh ici vous savez, on fait un peu avec le tout-venant hein... |
Angharad |
Du coup, le tout-venant, comme je sais pas où ça se trouve, ben y a rien à clapper. |
Ferghus |
(Entre, portant deux rats morts au bout d'un bâton.) Bon ben je viens de chopper ça hein. Bon après le rat le matin c'est un peu chaud, mais... |
Guenièvre |
(Soupire.) |
(Ouverture.) |
Cabane de Lancelot, matin. Guenièvre et Lancelot sont au lit, Angharad et Ferghus se tiennent devant eux. |
Angharad |
Sinon, euh... je peux me permettre de poser une question à Monsieur ? |
Lancelot |
Est-ce que vous avez vraiment besoin de ma permission ? |
Angharad |
Non. Euh... ça concerne une personne. Une certaine personne, si Monsieur voit ce que je veux dire. |
Lancelot |
(Agacé.) Non, je vois pas, non. |
Angharad |
Madame aura certainement parlé à Monsieur de l'inclination d'une certaine personne à mon égard. J'ai nommé le seigneur Perceval. |
Guenièvre |
Pour tout vous dire, ici, c'est pas mon premier souci les inclinations de ma bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus... |
Lancelot |
Bon, en quoi ça me concerne, vos imbécillités ? |
Angharad |
Comme je vois que Monsieur a tendance à boucler le périmètre et à demander patte blanche à tous ceux qui se présentent... (Désigne Ferghus d'un coup de tête.) Je le sais hein, j'ai failli pas pouvoir entrer dans le camp... |
Ferghus |
Ouais non mais c'est parce que... |
Angharad |
(Interrompant Ferghus.) Non mais... je voudrais être bien sûre, si vous voulez, que... si le seigneur Perceval venait me voir, on lui laisserait le champ libre... |
Lancelot |
Le champ libre ? À un jean-foutre de Kaamelott ? |
Guenièvre |
Ah ! C'est mal barré ! (Ricane.) |
Lancelot |
Si vous voulez voir votre débile, vous irez le voir à la sortie du camp. Interdiction de l'amener ici. Sous peine de lui voir lâcher des chiens au cul ! |
Angharad |
Ah ouais... ouais c'est... (à Ferghus) c'est ric-rac hein quand même le... |
Ferghus |
Ouais non mais c'est parce que... |
Angharad |
(Interrompant Ferghus.) Ouais non mais... Monsieur a conscience qu'il facilite pas ma vie sentimentale ? |
Lancelot |
Ça va pas empêcher Monsieur de dormir. |
Forêt, jour. Ferghus monte la garde devant le camp de Lancelot ; Perceval et Karadoc arrivent par le chemin. |
Ferghus |
Halte, qui voilà ? |
Perceval |
(Désignant Karadoc.) C'est le seigneur Karadoc ! |
Karadoc |
(Désignant Perceval.) Et le seigneur Perceval ! |
Perceval |
Non, en fait c'est pourri quand on se présente comme ça hein, on dirait le début d'un petit spectacle. |
Karadoc |
Ah bon ? Je trouve que ça change un peu... |
Ferghus |
C'est peut-être parce que vous montrez avec les mains... on dirait que vous allez chanter une chanson, derrière... |
Perceval |
Ouais... non c'est trop pourri, on laisse tomber. |
Ferghus |
Bon, qu'est-ce que vous voulez ? |
Karadoc |
Je viens chercher ma femme. |
Ferghus |
Votre femme ? C'est qui votre femme ? |
Karadoc |
Ma femme, c'est la reine Guenièvre. |
Perceval |
Ils ont fait un échange d'épouses avec le roi Arthur. Mevanwi c'était la femme de Karadoc, et maintenant c'est la femme du roi Arthur. |
Karadoc |
Et la femme du roi Arthur, maintenant c'est ma femme. Et je viens la chercher. |
Perceval |
(À Karadoc.) Voyez, là c'est pareil hein. Dès que y en a un qui finit la phrase de l'autre, on dirait qu'on a répété une petite saynèteAstier écrit « scénette », mais c'est sans doute une erreur ; ce terme, rare dans la littérature et souvent considéré comme une erreur, désigne surtout une petite scène, au sens physique du terme ; pour une petite pièce légère, on écrit « saynète ».... |
Ferghus |
Bon, l'entrée du camp est interdite. |
Karadoc |
Non mais... moi je m'en fous de rentrer dans le camp, amenez ma femme ici, ça suffira. |
Ferghus |
Guenièvre elle sort pas du camp... (À Perceval.) Vous par contre, je peux vous emmener votre fiancée. |
Perceval |
Ma fiancée ? Qui c'est ça, ma fiancée ? |
Ferghus |
Bah euh... c'est pas la bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus qui est arrivée l'autre jour ? |
Karadoc |
Mais si, Angharad, elle fait bonnichebonniche (n.f.) Servante, domestique En savoir plus ici maintenant. |
Perceval |
Ouais mais pourquoi il veut me l'amener ? Je comprends pas ! |
Karadoc |
(À Ferghus.) Oui euh, quel est la rapport avec ma femme ? |
Ferghus |
Non mais rien, c'est Angharad qui m'a dit : « Si y a un seigneur Perceval qui se pointe, vous venez me chercher. » Non parce que vous, normalement, vous êtes de Kaamelott, donc vous avez pas le droit de rentrer. |
Karadoc |
Oui mais on n'est pas venus pour ça, nous, là... on vient pour Guenièvre ! |
Ferghus |
Oui non mais Guenièvre, je peux pas l'amener ! |
Karadoc |
Si dans cinq minutes, elle est pas là... on rentre dans le camp par la force. |
Ferghus |
(Aux gardes derrière lui.) Pst ! (Dégaine son épée.) |
Karadoc |
Non mais attendez, on a dit cinq minutes ! |
Ferghus |
Ah, pardon. (Aux gardes derrière lui.) Non c'est bon, autant pour moi. |
(Ferghus, Perceval et Karadoc se regardent en silence.) |
(Fermeture.) |