Tour de surveillance côtière, jour. Yvain et Gauvain dorment. |
Gauvain |
(Se réveillant, à voix basse.) Hé ! |
Yvain |
Mmh ? |
Gauvain |
Vous avez pas entendu marcher dehors ? |
Yvain |
Marcher ? Non... |
Gauvain |
Moi il me semble avoir entendu marcher... |
Yvain |
J'ai rien entendu, moi... |
Gauvain |
Vous croyez qu'il faut qu'on regarde ? |
Yvain |
Ben d'après ce que vous avez entendu, ils sont combien ? |
Gauvain |
Attention, je ne puis pas affirmer que j'ai réellement entendu quoi que ce soit. |
Yvain |
Non mais mettons que vous ayez entendu, ils seraient combien ? |
Gauvain |
Ça m'évoque un homme seul. Ou une femme ! |
Yvain |
Bon bah c'est bon hein... un homme seul il va pas envahir le pays, surtout si c'est une femme... |
(Ouverture.) |
Tour de surveillance côtière, jour. Yvain et Gauvain sont au lit. |
(On entend quelqu'un monter par l'échelle.) |
Yvain |
(Hurlant.) Attention, y en a un qui arrive par l'échelle ! |
Gauvain |
Je... j'allume les feux de détresse ! |
Yvain |
Vite ! Vite ! Vite ! Vite ! |
Arthur |
(Émergeant par l'échelle.) Mais non, mais non ! Mais non, mais non, c'est moi... |
Gauvain |
Mon oncle ? |
Yvain |
Oh là là, la trouille... |
Gauvain |
Oh, vous nous avez donné une de ces frousses ! |
Yvain |
Oh non mais... euh prévenez, quand même ! |
Arthur |
Prévenir ? Oui non mais tout à fait, bien sûr, euh... vous êtes censés faire quoi ici, rappelez-moi ? |
Yvain |
Et allez, ça y est, la séance de critiques... super... |
Gauvain |
Vérifier que personne ne s'introduise sur le territoire de Bretagne, notamment par la mer, mon oncle. |
Arthur |
D'accord, euh... vous pouvez m'expliquer ce que vous surveillez au juste avec les volets baissés ? |
Yvain |
Euh bah ils sont pas tout le temps baissés, les volets, on les baisse la nuit, c'est tout... |
Gauvain |
Nous les ouvrons la journée ! |
Arthur |
La journée. Ça commence à quelle heure, la journée, pour vous ? Parce que c'est plus de midi là quand même. |
Yvain |
Ben... ça commence... quand on se lève, euh... |
Gauvain |
Oui, nous fermons nos volets à la tombée de la nuit, lorsque nous allumons nos lampes, afin d'éviter d'être envahis d'insectes ! |
Arthur |
Donc si je résume, la nuit vous baissez les volets, et vous allumez les lampes à l'intérieur. |
Gauvain |
Exactement. |
Arthur |
Donc un mec qui se pointeraitse pointer (v.) Arriver, faire apparition En savoir plus, vous le verriez pas, déjà, et en plus lui il pourrait localiser la tour dans l'obscurité grâce à la lumière des lampes qui passe par les interstices. |
Gauvain |
Euh... j'avoue que nous n'avions pas évoqué cette éventualité, mon oncle ! |
Yvain |
Non mais attendez, les volets sur les fenêtres, c'est pas nous qui les avons construits hein, si y en a c'est pour pouvoir les fermer ! |
Arthur |
(Criant de plus en plus.) Ouvrez-moi ça, bande de cons. Jour et nuit. Vous les fermerez pour éviter les tirs de flèches ennemis, pas avant ! Et dans une tour de guet, on roupille à tour de rôle et pas plus tard que le lever de soleil ! C'est compris ? |
Yvain |
Euh... ouais... et euh, pour ceux qui ont du sommeil à récupérer ? |
(Yvain et Gauvain amorcent discrètement leur petite danse habituelle, fiers de leur provocation.) |
Tour de surveillance côtière, jour. Yvain et Gauvain lisent des documents. |
(On entend quelqu'un monter par l'échelle.) |
Yvain |
(Criant.) Attention, y en a un qui monte ! |
Gauvain |
Vite, le feu de détresse ! |
Léodagan |
(Émergeant par l'échelle.) Non non, non non non non. C'est moi, c'est moi, c'est moi, c'est moi. « Feu de détresse »... |
Yvain |
Mais père, mais... par où vous venez ? |
Léodagan |
(Sardonique.) Par le chemin... en plein milieu... vous m'avez pas vu arriver, donc. |
Yvain |
Mais c'est parce qu'on surveille tous les deux côté plage... |
Léodagan |
Mmh. |
Gauvain |
Et puis là on est en pause, aussi. |
Yvain |
Oui là oui, mais euh sinon... on regarde pas vers le chemin, nous. |
Léodagan |
Ouais. Et si y a une attaque par le chemin ? |
(Yvain et Gauvain se regardent, agacés.) |
Yvain |
Nous, on nous a dit qu'il fallait qu'on surveille les envahisseurs qui viennent depuis la mer. |
Gauvain |
Ceux qui arrivent par le chemin, ils sont déjà en Bretagne ! |
Léodagan |
À votre avis, pourquoi est-ce qu'il y a des fenêtres tout le tour, dans un poste de garde ? |
Yvain |
Pour la circulation de l'air. |
Gauvain |
D'ailleurs il faudrait penser à les agrandir. Parce que les jours de pleine chaleur, c'est à peine supportable. |
Yvain |
Gavage. |
Léodagan |
Ah ouais ! Pas bête, ouais ! Et puis ça me permettrait de vous faire passer à travers ! |
(Fermeture.) |
Tour de surveillance côtière, jour. Yvain surveille le chemin, Gauvain surveille la mer. |
Bohort |
(Montant à l'échelle.) Hou hou, mes grands ! C'est le seigneur Bohort ! |
Yvain |
Mais... |
Gauvain |
Seigneur Bohort, mais par où êtes-vous arrivé ? |
Bohort |
Hé ben par la plage ! L'air y est vivifiant. C'était l'occasion d'une petite promenade ! |
(Yvain et Gauvain semblent perplexes.) |
Yvain |
(Comprenant soudain.) Ah non mais si je sais. (À Gauvain.) Reprenez votre place une seconde ? |
Gauvain |
(Reprend sa position de surveillance.) |
Yvain |
Mmh, voilà. Voilà, voyez ? (Désignant le montant de bois formant le coin de la tour.) Vous avez dû arriver pile dans l'angle du bout de bois, là... |
Gauvain |
Ah, très juste, oui ! J'avais peur que ce soit de ma faute. |
Yvain |
Non... |
Bohort |
Allez, fini le travail ! Qui veut une tartelette ? |
(Noir.) |
Yvain |
Moi ! Wouh ! |
Gauvain |
(En même temps qu'Yvain.) Moi ! Wouh ! |
(Stab final.) |