L'Oubli
❰ Livre II – épisode 73 ❱
Cuisines, nuit. Léodagan est aux cuisines et mange une collation. | |
Arthur | (Entre.) C'est vous, beau-père ? |
Léodagan | Ouais ! J'arrivais pas à dormir, je suis descendu casser une graine« casser une graine » / « casser la graine » (loc.) Manger En savoir plus. |
Arthur | Moi pareil. |
Léodagan | Quand on dit « Quand on dort on maigrit », ça doit venir de là ! |
(Ouverture.) |
Cuisines, nuit. Arthur et Léodagan sont aux cuisines et mangent une collation. | |
Arthur | Ben moi je sais pas vous mais ça m'a retourné, cette mission. |
Léodagan | Bah je pense bien attendez, on est entré dans le labyrinthe c'était quoi, c'était... |
Arthur | Je sais pas moi euh... deux heures du mat' ! |
Léodagan | Voilà ! Et puis c'est pas compliqué, quand on est ressorti le soleil se couchait, alors euh, le calcul est vite fait ! |
Arthur | Qu'est-ce qu'il y en avait des gobelins ! Je crois que j'en ai jamais vu autant d'un seul coup au même endroit ! |
Léodagan | Ah moi j'ai dû en buterbuter (v.) Tuer En savoir plus pas moins de soixante hein ! |
Arthur | Moi pareil, à vue de pifpif (n.m.) Nez En savoir plus ! |
Léodagan | Et puis alors... ceux-là... je les aime pas hein ! |
Arthur | Ouais ! Seulement quand ils sont là, ça veut souvent dire qu'il y a un gros paquet de pognon quelque part dans le coin ! |
Léodagan | Oui votre altesse ! (Rit.) Hé, sans vouloir flamber, y avait combien dans le sac, au final ? |
Arthur | J'en sais rien, moi. |
Léodagan | Vous avez pas compté ? |
Arthur | Mais comment voulez-vous que je compte ? C'est vous qui avez le sac ! |
Léodagan | Mais pas du tout ! C'est vous qui l'aviez tout le long du chemin ! |
Arthur | Dans le labyrinthe, oui ! Et puis quand on est sortis, c'est vous qui l'avez pris ! |
Léodagan | Mais non ! |
Arthur | (Criant.) Mais c'est pas vrai ! |
Labyrinthe aux gobelins, nuit. Arthur et Léodagan progressent dans un labyrinthe. | |
Arthur | Ah non mais je vous jure ! Revenir crapahutercrapahuter (v.) Marcher, se déplacer En savoir plus là-dedans à trois heures du matin y a vraiment de l'abus ! |
Léodagan | Je vous le fais pas dire ! Tout ça serait pas arrivé si vous pouviez tenir un sac d'or pendant plus d'une lieuelieue (n.f.) Ancienne unité de distance, une « lieue » équivalant à un peu plus de deux kilomètres En savoir plus sans vous essouffler ! |
Arthur | Mais c'est vous qui aviez le sac ! |
Léodagan | Bon, en attendant, qui est-ce qui prend les points de repère, là ? Parce que pendant qu'on cause, je vous rappelle pour mémoire qu'on est dans un labyrinthe ! Alors on a eu du bol tout à l'heure, mais faut peut-être pas chercher la merde non plus ! |
Arthur | Non mais... les points de repère, c'est vous qui les preniez aujourd'hui ! |
Léodagan | Mais non ! Vous m'avez dit « Je prends les points de repère » ! |
Arthur | Mais j'ai jamais dit ça ! |
Léodagan | Oh... mais vous le faites exprès ou quoi ? |
Arthur | Vous voulez dire que là par exemple là, vous savez pas retourner à l'entrée ? |
Léodagan | Bah ! Bah évidemment que je sais pas retourner à l'entrée ! Vous me prenez pour un clébardclébard (n.m.) Canidé En savoir plus ? |
(Des cris se font entendre au loin.) | |
Léodagan | Hé bah et ça, qu'est-ce que c'est ? |
Arthur | Comment qu'est-ce que c'est ? Des gobelins ! |
Léodagan | Mais je croyais que vous aviez fini de tous les buterbuter (v.) Tuer En savoir plus ! |
Arthur | Non mais vous êtes gonflé, c'est vous qui avez dit « J'en ai buté soixante » ! |
Léodagan | Bah soixante, oui ! Mais vous avez dit « J'ai fini de les buterbuter (v.) Tuer En savoir plus » ! |
Arthur | De buterbuter (v.) Tuer En savoir plus les miens, oui, pas les vôtres ! |
Léodagan | Oh mais quoi « les vôtres » ! Enfin y a pas mon nom dessus, quand même ! |
Arthur | Ah bah du coup si ça se trouve c'est eux qui ont repris le sac. |
Léodagan | Bah hé ça dépend, où est-ce que vous l'avez posé ? |
Arthur | (Criant.) Mais c'est pas moi qui l'avais ! |
Léodagan | (Hors de lui.) Oh non mais faire du labyrinthe avec un trou de balle pareil, faut drôlement de la vaillance hein ! |
(Arthur et Léodagan se battent à l'épée.) |
Cuisines, nuit. Arthur est aux cuisines et mange une collation. | |
Léodagan | (Entre.) Tiens, vous êtes là ? |
Arthur | Pas moyen de pioncerpioncer (v.) Dormir En savoir plus... |
Léodagan | Moi non plus... et le jour se lève. |
Arthur | (Soupire.) Sans déconner, vous savez pour combien y en avait dans ce sac ? |
Léodagan | Ben... j'ai vaguement une idée, ouais... |
Arthur | C'est pas à pleurer de s'asseoir sur un pognon pareil ? |
Léodagan | Mais qu'est-ce qu'on a bien pu en foutre nom d'un chien de nom d'un chien ! |
Arthur | Vous dites « on », y a du progrès... |
Léodagan | Et je dis « on » pour pas dire « vous » ! Histoire de pas remettre ça. |
Arthur | Vous faites bien ! |
Léodagan | Oh putain ça y est ! |
Arthur | « Ça y est » quoi ? |
Léodagan | Je me souviens où je l'ai posé, ce con de sac ! |
Arthur | Quoi ? |
Léodagan | Vous me l'avez refilé vers la sortie, je l'ai posé dans un recoin pour ajuster mes sangles, et j'ai dû me barrer sans le reprendre ! (Part en hâte.) |
Arthur | Vous voulez dire qu'on repart, là ? |
Léodagan | Y a pas moyen de pioncerpioncer (v.) Dormir En savoir plus, de toute façon ! |
Arthur | (Suit Léodagan, puis revient en arrière.) Attendez, je prends du singe pour la route ! (Sort.) Oh ! |
(Fermeture.) |
Labyrinthe aux gobelins, jour. Arthur et Léodagan progressent dans un labyrinthe. | |
Arthur | Comment ça, « c'est là » ? |
Léodagan | Ben ouais, c'est là que je l'avais posé. |
Arthur | Mais il est pas là ! |
Léodagan | Bon bah je me goure d'endroit ! |
Arthur | Mais comment vous pouvez vous gourer ? Vous m'avez dit « Je suis sûr. » |
Léodagan | Bah soit je me goure de coin, soit je me goure tout court et c'est pas moi qui avais le sac. |
Arthur | (Lève les yeux au ciel.) |
(Des cris se font entendre au loin.) | |
Léodagan | Merde... |
(Noir.) | |
Léodagan | Mais y en a combien, de ces cons-là ? |
(Stab final.) |