Quartiers pauvres, jour. Arthur, Manilius, Licinia et Verinus sont assis sur les marches d'un escalier. |
Manilius |
Tu peux me la refaire, celle-là ? |
Arthur |
Je sais pas ce qui m'a pris. |
Licinia |
En mariage ? Carrément ? |
Arthur |
Ouais mais... (Soupire.) C'est sorti comme ça... |
Manilius |
Et... elle a pas juste vingt balais de plus que toi ? |
Arthur |
Et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire, ça ? |
Licinia |
Remarque, hein... entre toi qui fais ta demande alors qu'il faudrait pas, (désigne Manilius) et celui-là là qui la fait pas alors qu'il faudrait... |
Verinus |
Ah ouais non mais attends... c'est du joli boulot, là, les petits sacripants ! Oui, « sacripants », oui... c'est un terme un peu craignos... d'ailleurs, bah voilà : même « craignos » c'est craignos... mais c'est parce que je suis choqué ! Qu'est-ce que j'entends ? Tu demandes en mariage une personnage âgée ? |
Arthur |
(Lève les yeux au ciel.) |
Verinus |
Et la petite Julia, alors, dans tout ça ? Ah, il faut que je m'en occupe tout seul, c'est ça... ah très bien... merci les petits fripons ! Tiens, ça aussi c'est un peu craignos, tu vois ? Mais c'est parce que là... (Soupire.) Et bravo général ! Beau boulot ! (Montre un pouce levé à Arthur en faisant un bruit de pet.) Quand y a des pots cassés, c'est Verinus qui répare les pots cassés, tout simplement ! OK d'accord, très bien. |
Manilius |
Et elle a dit « oui » ? |
Arthur |
Non elle a dit « non », elle est déjà mariée. |
(Ouverture.) |
Taverne romaine, jour. Arthur, Manilius, Merlin, le maître d'armes et le père Blaise sont assis à une table, à l'extérieur d'une taverne. |
Le maître d’armes |
Non, là... je crois qu'on peut dire que... on s'en sort pas mal ! Ce qui compte, c'est de ne pas perdre son énergie dans des bricoles. |
Arthur |
Mmh. Alors, euh... pardon, hein... vous, vous êtes qui, déjà, rappelez-moi ? |
Le maître d’armes |
Certains m’appellent... « le cavalier courage », mais... |
Le père Blaise |
Hein ? Mais c'est qui, qui vous appelle comme ça ? |
Le maître d’armes |
Non mais ça c'est... plutôt pour les bouseux... |
Manilius |
Non mais... vous faites quoi ? |
Le maître d’armes |
Je me mets au service du fils de Pendragon. Et vous, vous faites quoi ? |
Manilius |
Hé ben je suis à... |
Le maître d’armes |
Je suis, je suis... je suis une petite tapette qui parle à tort et à travers sans qu'on lui demande son avis, alors elle ferme son bec, la poupoule ! Et elle laisse parler les grands garçons ! |
Manilius |
Ah ouais. Bien... |
Arthur |
(Hausse les sourcils.) |
Le père Blaise |
Oui bon, euh... enfin, nous on a un petit peu réfléchi, et euh comme Léodagan de Carmélide voudra jamais rallier votre fédération, on s'est dit... |
Arthur |
Attendez attendez attendez... pourquoi est-ce qu'il voudrait jamais rallier ma fédération ? |
Merlin |
Faites-nous confiance, il voudra pas. |
Le père Blaise |
Mais, y a une autre solution, c'est... |
Le maître d’armes |
Écoutez-la bien, parce qu'on n'est pas peu fiers. |
Merlin |
Attention... vous allez en être pantois ! |
Le père Blaise |
Il faut... que vous épousiez sa fille. |
Manilius |
Ça tombe bien, il vient juste de se faire jeter comme une merde. |
Le maître d’armes |
Euh, juste une chose... manquez encore une seule fois de respect au futur roi de Bretagne, et je vous coupe les boules. Ça vous fera une jolie petite sacoche pour ranger vos dés à coudre. |
Villa Aconia, jour. Arthur pose son casque à l'entrée et voit Aconia, qui porte une robe rouge sur laquelle Drusilla effectue des retouches. |
Arthur |
Bon. Écoutez voilà, faut que je vous dise, euh... |
Aconia |
C'est bon ! C'est oui. |
Arthur |
Pardon ? |
Aconia |
C'est bon ! Je veux bien me marier avec toi. |
Arthur |
Euh... attendez, euh... vous êtes plus déjà mariée ? |
Drusilla |
(Agacée.) Oh, oh, s'il vous plaît, hein... parlons pas de ça, parce que... |
Aconia |
Ajuste, toi ! Quand on aura besoin d'autre chose on t'appellera. |
Drusilla |
Ouais, ça... je me doute qu'il va falloir que je la boucle... |
Aconia |
Voilà ! Euh... moi aussi j'ai réfléchi, moi aussi je t'aime, et... et franchement, je vois pas de raison... pour ne pas le faire. |
Drusilla |
À part que vous êtes déjà mariée. |
Aconia |
Hé ben oui. Euh... ce sera un mariage un peu secret, hein... tu t'en doutes... |
Drusilla |
(Goguenarde.) Oh ! Ça... c'est sûr que je vais pas aller le gueuler sur les toits ! |
Arthur |
Un mariage secret ? |
Aconia |
Hé... ben oui. Là, honnêtement... je peux pas faire mieux. (À Drusilla.) Euh, t'as trouvé des alliances ? |
Drusilla |
Mmh. |
Aconia |
« Mmh » quoi ? T'en as trouvé ou pas ? |
Drusilla |
Oui ! |
Aconia |
Ah. |
Drusilla |
Maintenant faudra pas faire les difficiles, hein... parce que j'ai dû choisir dans la quincaillerie que j'avais sous la main. |
Aconia |
Je veux me marier en rouge. Ça te pose pas de problème ? |
Arthur |
Du tout. Non non, pa... parfait. |
Aconia |
Il manque juste un prêtre. |
Arthur |
Un prêtre ? |
Aconia |
Bah oui, un prêtre ! |
Drusilla |
(Énervée.) Ah il faut un prêtre, ouais, un prêtre ! Un prêtre, à qui il va falloir cacher que Madame est déjà mariée ! Va falloir mentir aux dieux, quoi ! |
Aconia |
Hé ben on mentira, qu'est-ce que ça peut faire, puisque ça me rend heureuse ? |
Drusilla |
Mille excuses, hein... mais si Madame a envie de s'envoyer un jeune homme, elle peut parfaitement le faire sans pour autant se marier avec. |
Aconia |
Oh, mais on couche même pas ensemble, il y arrive pas ! Non ! Je veux me marier ! Je suis amoureuse, ça me plaît ! |
Drusilla |
Moi ça me plaît pas. |
Arthur |
Alors, si je peux en placer une... excusez-moi, euh... est-ce qu'un prêtre chrétien ferait l'affaire ? |
Drusilla |
(Se levant.) Un prêtre chrétien ? Vous allez mentir au dieu unique ? |
Aconia |
Mais qu'est-ce que ça peut faire ? |
Drusilla |
Mais il est encore plus méchant que les autres, celui-là ! |
Aconia |
Mais non... (À Arthur.) Pourquoi, t'en connais un, de prêtre chrétien ? |
Arthur |
Euh... il est sur le pas de la porte, en fait. Je vais le chercher. |
Drusilla |
Sur le pas de la porte ? |
Salle à manger de Léodagan, jour. Léodagan, Loth, Calogrenant, Hoël et Ketchatar sont réunis autour de la table, sur laquelle est étalée une grand carte. |
Léodagan |
Moi je vous le dis : si on monte pas dans le char quand il nous passe sous le nez, on finira la route à pied. |
Loth |
(Perplexe.) Oui... alors moi je pourrais vous dire, que... si on cueille pas les cerises quand elles sont sur l'arbre, on fera tintin pour le clafoutis ! Mais on sera pas plus avancés. |
Hoël |
Non, non... mais attendez, on parle de... de chars ou de cerises, là ? |
Loth |
Ben voilà ! Et c'est là le danger de la métaphore... si on parle avec des gros tas de bidochebidoche (n.f.) Viande En savoir plus, au bout de cinq minutes, personne parle de la même chose... |
Ketchatar |
Tiens, j'en ai déjà marre, moi. |
Calogrenant |
On pourrait pas enchaîner, là ? |
Léodagan |
Si un type se pointait, là comme ça, et qu'il nous dise : « C'est moi le nouveau roi de Bretagne. » Qu'est-ce qu'on ferait ? Mmh ? Deux tartes dans la gueule et plouf. Hein ? Dans le lac, avec une pierre aux pieds. C'est vrai ou pas vrai ? |
Calogrenant |
Vrai... |
Loth |
(En même temps que Calogrenant.) Vrai... |
Hoël |
(En même temps que Calogrenant.) Vrai... |
Ketchatar |
(En même temps que Calogrenant.) Vrai... |
Léodagan |
Bon. Mais si le type se pointe avec Excalibur, dans les mains... |
Hoël |
Ah ben là... là ça voudrait dire qu'il a été désigné par les dieux ! Moi j'oserais pas le foutre dans le lac ! |
Ketchatar |
Ah moi non plus, hein... j'ai déjà des journées bien chargées, je vais pas me farcir la colère des dieux en plus ! |
Loth |
Ouais, je dirais que le problème dans ce cas-là... c'est d'ailleurs le problème le plus fréquent, en politique... c'est la connerie du peuple ! Si le peuple le voit avec Excalibur dans les mains, il va vouloir que ce soit lui, et pas un autre... |
Léodagan |
C'est pour ça. Moi je dis, si le type se pointe avec Excalibur dans les mains... ben on le laisse être roi. |
(Les autres semblent peu convaincus.) |
Léodagan |
Non mais j'ai bien réfléchi ! On n'a pas le choix ! |
Calogrenant |
Bah et nous, on se recycle dans le fromage de chèvres ? |
Léodagan |
Ah non, mais nous, on serait toujours rois de nos bledsbled (n.m.) Pays, ville ou village quelconque En savoir plus ! Mais y aurait un connard au-dessus de nous, quoi, voilà. Ah non mais ça me fait mal rien que de le dire, hein ! Attention, hein ! Euh... voilà. |
Hoël |
En gros... vous nous demandez... de baisser nos frocs« baisser son froc » (loc.) Se soumettre, capituler En savoir plus ? |
Loth |
(Désigne Hoël, étonné.) Et maintenant, il utilise une métaphore sans s'en rendre compte ! Non y a que moi que ça agace, ou bien ? |
Villa Aconia, jour. Arthur, Aconia, Drusilla, Manilius, le père Blaise, le maître d'armes et Merlin se tiennent en cercle autour de l'impluvium. Drusilla tient un bol de pétales de rose et Manilius des alliances. |
Arthur |
(Au père Blaise, après un moment de flottement.) Pardonnez-moi, hein... excusez-moi, j'y connais rien, euh... on a vraiment l'impression que vous savez pas du tout ce que vous foutez. |
Le père Blaise |
Ah oui, je... je fais pas le malin, c'est mon premier mariage, euh... je... |
Drusilla |
Ben ça se voit... il manque la moitié des choses... |
Aconia |
Toi t'étais pas censée répandre des pétales ? |
Drusilla |
Si si... (Jette violemment quelques poignées de pétales.) |
Arthur |
Mmh... euh... vous préférez pas me les balancer directement dans la gueule ? |
Drusilla |
Bah je fais ce qu'on me dit. |
Le père Blaise |
Donc, euh... là, normalement, c'est tout bon... |
Merlin |
« C'est tout bon. » |
Le maître d’armes |
Ah c'est drôlement solennel... |
Le père Blaise |
Non, mais je... je réfléchissais à haute voix. |
Manilius |
Bah ouais mais du coup on vous a entendu. |
Le père Blaise |
En fait, c'est que je me refais tout le truc dans ma tête, pour être sûr de pas avoir oublié quelque chose. |
Le maître d’armes |
Ah oui, ça... vous êtes rudement consciencieux, hein ! |
Drusilla |
Euh... mille excuses, euh... normalement, je devrais pas dire ça à un prêtre chrétien, mais... comme vous m'avez tout l'air d'être un gros baltringue, je me permets ? |
Le père Blaise |
(Acquiesce.) Mmh. |
Drusilla |
Vous avez oublié les alliances. |
Le père Blaise |
Oh merde ! Les alliances ! |
Merlin |
Ah ! Ah ! Oh le mauvais... |
Manilius |
Ah mais vous êtes une bille, en fait... |
Le père Blaise |
(Hurlant.) Non mais foutez-moi la paix, vous ! C'est mon premier mariage ! |
Arthur |
Bon, alors... qu'est-ce qu'on fait avec ces alliances ? |
Le père Blaise |
Euh... si vous en avez, vous les mettez. |
Manilius |
(Donne les alliances à Aconia et Arthur.) |
Le père Blaise |
Si vous en avez pas... |
Drusilla |
Ils les mettent pas ! Ouais ! Heureusement que vous êtes là pour trancher... |
Arthur |
Donc, euh... on les met. |
Drusilla |
Bah oui ! Puisqu'on vous le dit ! |
Arthur |
D'accord, on les met, euh... c'est-à-dire, je comprends pas, on se les met à soi-même... ou alors il faut les mettre à... |
Aconia |
Bah, on... on fait comme on veut, hein... |
Le père Blaise |
Oui oui, oui voilà, en fait, c'est... y a pas vraiment de... du moment que vous les mettez c'est bien, ouais. |
(Arthur et Aconia enfilent leur alliance et la montrent au père Blaise.) |
Le père Blaise |
Oui donc voilà ! Voilà, du coup, vous êtes mariés. |
Merlin |
Youhou ! |
(Manilius, Merlin et le maître d'armes applaudissent.) |
Arthur |
Non c'est bon, c'est bon, c'est bon... merci, merci... |
Aconia |
Bon, euh... je vais me changer en toute vitesse et on file au palais. On a rendez-vous. |
Arthur |
Au palais, un rendez-vous, mais qui ça ? |
Aconia |
Toi et moi ! |
Arthur |
Vous et moi ? |
Aconia |
Mmh mmh ! |
Arthur |
Ah bon. |
Merlin |
Et euh... et qu'est-ce qu'on fait, nous ? Parce que moi je vous préviens, le tourisme c'est bon, j'en ai ma claque ! |
Manilius |
Ah ouais, et puis moi je me trimballe pas toute l'équipe pour passer le temps, là... |
Le maître d’armes |
Elle fera bien ce qu'on lui dira, la pupute ! |
Manilius |
Ah ouais. Pardon. |
Aconia |
Bon, vous pouvez attendre là, Drusilla s'occupera de vous. |
Drusilla |
Oui... et puis je suis de bonne humeur, en plus. |
Aconia |
(À Arthur, en aparté.) Euh... bien entendu, quand on marche dans Rome, on pourra pas marcher à côté l'un de l'autre. |
Arthur |
Parce que ? |
Aconia |
Mais... parce que les gens me connaissent, et qu'ils savent que je suis déjà mariée ! Désolée, on n'a pas le droit de s'afficher. Je vais te demander de marcher dix pas derrière moi. |
Arthur |
Ah ouais quand même, dix pas derrière vous. |
Aconia |
(Hausse les épaules, indiquant qu'elle n'y peut rien, puis part.) |
Arthur |
Bon, dites donc... donc euh... hein, vous allez rester là, vous foutez pas le bordel... vous êtes pas chez les pégus, là. |
Manilius |
Ouais, je m'en occupe ! |
Le maître d’armes |
Ouais, elle s'en occupe ! Et elle peut relever sa jupette, quand elle nous sert des pâtisseries, qu'on reluque un peu ? |
Manilius |
Hé je pensais à une chose, en toute amitié, hein... un gros pain dans votre tête, ce serait de nature à vous convenir ? |
Arthur |
Mais vous allez la boucler, oui ? Ou il faut que je vous trempe la tête dans le bassin pour vous calmer ? Je fais un aller-retour au palais, quand je reviens, je veux que ça se soit bien passé. |
Drusilla |
(Sévère.) Ça va très bien se passer. |
Arthur |
(Part.) |
Bureau de Sallustius, jour. Sallustius se tient debout derrière son bureau et tient des documents. Numeria entre. |
Numeria |
Sallustius ? Arturus et Aconia Minor. |
Sallustius |
Oui oui, entrez tous les deux... |
(Arthur et Aconia entrent.) |
Arthur |
Ave, Lucius Sillius Sallustius. |
Sallustius |
Ave Arturus. |
Numeria |
Je propose quelque chose à boire ? Ou... |
Sallustius |
(La tête ailleurs.) Non non, bah non, euh... y en a pour deux minutes... non non. |
Numeria |
Bah... oui, mais... bon... |
Sallustius |
Non non, bah pardon, on n'est pas des rapiats, mais enfin quand même, on va... on va pas s'installer, on... c'est simplement... c'est une formalité ! Non non... |
Numeria |
Bon. Pas de regrets ? On passe pour des rats ? |
Sallustius |
(Tape sur son bureau.) Mais ça commence à bien faire, maintenant ! |
Arthur |
Honnêtement, pour nous c'est bon, hein... |
Aconia |
Tout va bien ! |
Numeria |
(Dubitative.) « Tout va bien »... (Sort.) |
Sallustius |
Je suis désolé, mais elle commence vraiment à me... parfois elle me... elle me gonfle un peu, hein. (Désignant l'espace devant son bureau.) Tenez, mettez-vous là tous les deux. |
(Arthur et Aconia se placent en face de Sallustius.) |
Sallustius |
Alors... euh... voilà, alors je vous ai fait venir pour que... Aconia signe une tablette, hein... c'est simplement une attestation qui stipule que notre jeune dux a reçu une éducation soignée... et que... tu le crois digne d'accéder à sa haute fonction. Voilà. |
Aconia |
Bon. |
Sallustius |
Mais je te force pas la main, hein ! Si t'es pas d'accord, euh... (Rit.) |
Aconia |
(Rit.) Non non, mais si, je suis d'accord. |
Sallustius |
Bon. (D'une voix forte.) Numeria ! |
(Sallustius, Arthur et Aconia se regardent un moment en silence.) |
Sallustius |
Ça va ? Vous vous êtes bien entendus, tous les deux ? |
Aconia |
Oui oui. |
Arthur |
Oui. |
Sallustius |
Mmh mmh... |
Arthur |
Oui oui, moi aussi, je suis... je me suis bien entendu... |
Sallustius |
(S'assoit.) Très bien ! Très bien. C'est bien ! C'est bien, c'est bien... très bien. (D'une voix forte.) Numeria ? |
(Sallustius attend un moment la réponse de Numeria, qui ne vient pas.) |
Sallustius |
(À Arthur et Aconia.) Là, elle fait... elle fait la gueule, là. |
Arthur |
Ah bon ? |
Sallustius |
Ouais... je la connais. C'est à cause de la bouffe, tout à l'heure, elle va pas m'adresser la parole jusqu'à demain ! (Rit.) Ah non, mais c'est une fille, euh... non, elle a des qualités, elle est... elle est charmante, hein, mais parfois elle... |
Arthur |
Mmh, mais... vous avez besoin de quelque chose ? |
Sallustius |
Bah oui, la tablette ! Bah, faut bien la signer ! Hé ouais ! Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Hein ? Moi je veux bien le faire, seulement je sais pas où elle est ! Et comme l'autre elle va pas me le dire... hein ? C'est tout !! Bon, bougez pas, je... (Se lève.) Je... reviens... (Part.) |
Bureau de Sallustius, jour. Arthur et Aconia se tiennent debout devant le bureau vide de Sallustius. |
Arthur |
J'ai envie, là. |
Aconia |
Comment ? |
Arthur |
Là, maintenant, j'ai envie. |
Aconia |
Tu te fous de moi ? |
Arthur |
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi ? |
Aconia |
Ici, là, comme ça ? |
Arthur |
Mais ça va, non ? Vous allez pas m'engueuler ? |
Aconia |
Mais alors qu'est-ce qu'on fait ? |
Arthur |
Qu'est-ce qu'on fait ? Je sais pas, moi... rien. |
Aconia |
Et... tout à l'heure, quand on sera rentrés ? |
Arthur |
Hé bah ? |
Aconia |
Tu penses que tu peux tenir jusque-là ? |
Arthur |
Pfft. |
Aconia |
Quoi, « pfft » ? |
Arthur |
Pfft. Je sais pas. |
Aconia |
(Soupire.) Mais c'est pas possible ! |
Arthur |
Mais... bon évidemment, comme ça, j'aurais envie de vous dire « oui », mais... vu le passif, euh... je préfère rien promettre ! |
Aconia |
(Après quelques instants.) Ça passe ? |
Arthur |
Non... en plus, maintenant, je pense à des trucs... |
Aconia |
Quels trucs ? |
Arthur |
Des trucs, euh... voilà, j'ai envie, quoi ! |
Aconia |
(S'asseyant sur le bureau de Sallustius.) Mais alors mon petit vieux... on va pas attendre d'être rentrés, hein. (Attire Arthur vers elle.) |
Arthur |
Non non non, mais oh oh oh ! Je peux pas faire ça comme ça, moi ! Hé j'ai au moins six ou sept couches, à retirer ! |
Aconia |
Bah... quand tu vas pisser, tu fais comment ? |
Arthur |
Quand je vais pisser, j'ai six ou sept couches à retirer. |
Aconia |
Attends, là... t'as pas envie, en fait... c'est juste pour me faire croire... |
Arthur |
Oui, alors euh... ça pour le coup c'est pas dur à vérifier. (Place la main d'Aconia sur son entrejambes.) |
Aconia |
Ah ouais. On peut pas enlever juste la partie qui... |
Arthur |
Non, on peut pas enlever juste la partie qui, non. Si, euh... oui non mais attends, euh... vous pouvez me délacer...Pas certain, difficile à entendre. |
Aconia |
Ah oui, ça ? (Retire la jupe de lattes du costume d'Arthur.) |
Arthur |
Non, mais pas celui-là ! Mais c'est... c'est la jupe de lattes, ça ! |
Aconia |
Pourquoi ? Les lattes, on les enlève pas ? |
Arthur |
Mais à quoi à sert, d'enlever les lattes ? Les lattes on les soulève, c'est le reste qu'il faut enlever ! |
Aconia |
Mais alors quoi ? |
Arthur |
(Se retourne.) |
Aconia |
(Saisit une partie du costume.) Là ? |
Arthur |
Je sais pas, je sens rien. |
Aconia |
Ici ! C'est ça ? |
Arthur |
Essayez... |
Salle à manger de Léodagan, jour. Léodagan, Loth, Calogrenant, Hoël et Ketchatar sont réunis autour de la table, sur laquelle est étalée une grand carte. |
Calogrenant |
Donc, il demande à tout le monde de se distinguer par un fait d'armes. Quelque chose de classe. |
Léodagan |
Une « quête », il appelle ça. |
Calogrenant |
Sauf que nous, on n'est pas obligés. Parce que nous on sera de toute manière au gouvernement. |
Léodagan |
Voilà. Parce que nous on est déjà rois, et puis que... bon, voilà, du coup... |
Ketchatar |
Ah, parce qu'on est déjà rois, on n'a pas besoin de se distinguer ? |
Hoël |
Bah il nous fait une fleur, quoi... (À Léodagan.) C'est ça ? |
Léodagan |
Alors maintenant, euh... rien ne vous empêche d'en faire une, de quête, si vous voulez... enfin, comme d'habitude vous êtes pas trop du genre à faire du zèle, moi je me disais... |
Loth |
Bon. Ça c'est bien gentil, mais... à quel moment on trahit ? Dans les premiers temps, ou bien vous préférez laisser couler un peu d'eau sous les ponts... |
Léodagan |
Mais à quel moment on trahit, euh... on trahit qui ? |
Loth |
(Dépité.) Comment, « on trahit qui »... le fils Pendragon ! Qui voulez-vous trahir ? |
Hoël |
Je comprends rien, moi, encore... |
Ketchatar |
Moi, je vais rentrer chez moi. Au bout d'un moment c'est vexant, je bite une phrase sur deux. |
Léodagan |
Non non non mais attendez, attendez... (À Loth.) Expliquez-nous, euh... vous voulez le trahir pour quoi, au juste ? |
Loth |
(N'osant comprendre.) Attendez, attendez... en fait, ce que vous dites depuis tout à l'heure... c'est pas en prévision d'autre chose... on le laisse devenir roi de Bretagne, tout... on se range derrière lui, mais... y a pas de coup fourré. |
Léodagan |
Ah bah moi après je sais pas, euh... si vous voulez prévoir quelque chose... |
Loth |
Non non non non, mais d'accord, d'accord, pourquoi pas... non, c'est original, mais euh... ouais, faut essayer. En tout cas, c'est... moderne ! |
Bureau de Sallustius, jour. Arthur et Aconia se tiennent debout devant le bureau vide de Sallustius. Aconia rattache une boucle d'oreille. |
Sallustius |
(Arrive et pose une tablette sur son bureau, auquel il s'assoit.) Ça y est ! Je l'ai. Ça m'a coûté un quart d'heure de prise de chou avec l'autre tarée, là. Tiens voilà. Le style, il est là, une jolie petite signature, et hop ! (Remarque la jupe de lattes d'Arthur, dans la main de celui-ci.) Qu'est-ce que c'est que ça ? |
Arthur |
Quoi « ça » ? |
Sallustius |
Bah dans ta main ! |
Arthur |
Ah ça ! Ça c'est le... non mais c'est le machin, là, mais je... je l'enlève, ça, parce que... |
Sallustius |
Comment ça tu l'enlèves ? |
Arthur |
Parce que ça... y a des... (joue avec une latte de cuir) on peut les relever, ça m'énerve. C'est... ça sert à rien. |
Sallustius |
(Agacé.) Non mais attends, attends, ah... entendons-nous bien... c'est ton uniforme réglementaire. Hein ? Tu peux pas choisir si ça te sert ou si ça te sert pas ! |
Aconia |
Je lui ai dit, mais y a rien à faire ! |
Sallustius |
Alors... tu vas remettre ta jupette de lattes. Je suis désolé. D'autant plus que... je t'envoie chez Caesar, pour signer une autre tablette... (fixant son bureau) tablette, tablette... y a pas les tablettes... (Tape sur son bureau et crie.) Mais c'est pas vrai, ça ! Qu'est-ce que... il faut que j'aille encore, moi aussi, chercher une autre tablette ! (Se lève.) Bon, deux minutes, hein. Remets ta jupe de lattes. (Part.) |
(Arthur et Aconia échangent un regard entendu.) |
Arthur |
Allez, vite. |
Aconia |
(Commence à rattacher la jupe de lattes au costume d'Arthur.) |
Arthur |
Non mais... non mais pas vite avec la jupe de lattes, on s'en fout... vite on recommence ! |
Aconia |
Mais... encore une fois ? |
Arthur |
Ça vous dérange pas ? |
Aconia |
Ah non, bien au contraire ! (S'assoit sur le bureau.) Mais... bon, je me disais que... |
Arthur |
Ah oui non mais attention, parce que maintenant, moi... je suis parti je suis parti, va falloir vous y faire ! |
Aconia |
Ah d'accord. |
Arthur |
(Se débattant avec son costume.) Attendez, ça me fait mal, je peux pas... je peux pas le... |
Quartiers riches, jour. Arthur et Aconia viennent de sortir du palais. Arthur tient une tablette. |
Arthur |
Bon. |
Aconia |
Bon ! |
Arthur |
Qu'est-ce que... |
Aconia |
Qu'est-ce que quoi ? |
Arthur |
Je sais pas. |
Aconia |
Moi non plus. Tu vas voir l'empereur ? |
Arthur |
Oui, oui oui. |
Aconia |
Et il est où l'empereur ? C'est un secret d'État ? |
Arthur |
Non. (Montre le haut du palais.) Il est là-haut. |
Aconia |
Ah. Et pour aller le voir, tu passes pas par chez moi, du coup ? |
Arthur |
Par chez vous, pour aller au deuxième étage, là ? Ah non, c'est pas le plus court, non. |
Aconia |
Bon. Non parce que c'est vrai que dans l'absolu, il aurait fallu... |
Arthur |
Oui. |
Aconia |
...vérifier ! |
Arthur |
Oui tout à fait, oui oui, c'est vrai que dans l'absolu, je suis tout à fait d'accord... |
Aconia |
C'est bien gentil de se marier, mais du coup je suis tenue de faire mon devoir ! |
Arthur |
Voilà. Et moi, c'est vrai que de mon côté, j'aurais bien essayé sans le... (tapote son plastron) la ferraille. Voyez ? Ça ouvre quand même des... |
Aconia |
Ouais, moi aussi j'aimerais bien, euh... ouais. |
Arthur |
Hé oui. Non mais rentrez, hein... rentrez, moi je vais aller lui faire signer ça, et puis euh... j'arrive. |
Aconia |
Absolument. (Part.) |
Arthur |
(Retenant Aconia.) Euh... pardon. Une petite chose quand même... euh... tout à l'heure, quand on... voilà, je sais pas si vous avez fait attention, vous m'avez appelé une ou deux fois « mon général ». |
Aconia |
C'est possible. |
Arthur |
Ouais. Non non mais ça c'est possible c'est même sûr, du coup est-ce que vous... je sais pas, est-ce que vous allez faire ça chaque fois ? |
Aconia |
Ah non, là c'est sorti comme ça, parce que... c'est... c'est moi, ça me... |
Arthur |
Non non non, mais en plus c'est pas grave du tout, simplement c'est vrai que je préfère être prévenu. Hein, parce que c'est... là je le savais pas, par exemple, ça m'a un petit peu coupé le... voilà. C'est tout. |
Aconia |
Comme tu voudras. Et... les trucs dans le genre « Je vous appartiens, je suis votre esclave... » ? Parce que je dois dire que sur moi, ça marche quand même pas mal. |
Arthur |
Oui oui non non, ça j'ai pas de... j'ai de problème avec rien, en fait, hein simplement, bon, euh... c'est une histoire de contexte. |
Aconia |
Bah bon, dépêche-toi ! (Part.) |
Chambre de Caesar, jour. Arthur se tient debout face à Caesar, allongé, qui lit la tablette qu'il lui a apportée. Helvia se tient derrière Arthur. |
Caesar |
Bah non. Je m'en fous, de tes tablettes ! Non, j'ai autre chose à foutre que de signer tes tablettes... |
Arthur |
Ah bon ? |
Caesar |
(Agacé.) Ah... et puis j'en ai marre ! Ah là là là là ! J'en peux plus, de cette piaule ! Je veux me promener. |
Arthur |
Vous promener ? |
Helvia |
Vous promener ? Ah bah j'aimerais bien voir ça. |
Caesar |
Hé ben... tu vas voir, ça tombe bien, tiens ! Regarde donc ! (S'assoit au bord de son lit.) |
Helvia |
Qu'est-ce que vous fichez, vous êtes marteau ? |
Caesar |
Je fiche que j'en ai ma claque de vos pifs, et que je me tire ! Voilà ce que je fiche ! Là ! (Se lève et se dirige vers la sortie.) |
Arthur |
Euh... ouais, je suis pas sûr que ce soit une bonne chose, moi, ça... |
Caesar |
Mais... mais qu'est-ce que t'en sais, toi, de ce qui va ou va pas ? Et puis est-ce que j'ai la tête d'un type qui va te demander ton avis ? Non ! Bon. Bah alors occupe-toi de tes miches ! |
Helvia |
Je vous préviens, vous remontez tout de suite dans votre lit sinon j'appelle la garde ! |
Caesar |
Ben appelle-la, ta garde ! Seulement elle a intérêt à courir vite, hein ! Parce que moi je me tire ! |
Helvia |
(En panique, à Arthur.) Bah... qu'est-ce que je fais ? J'appelle ? |
Arthur |
La garde ? Ah bah... non mais la garde, qu'est-ce qu'ils vont faire ? Lui mettre un painpain (n.m.) Coup de poing En savoir plus, pour le maîtriser ? C'est Caesar, juste, hein... s'il veut sortir il sort. |
Helvia |
Ah mais là il va claquer hein ! |
Arthur |
Ben oui mais seulement il fait ce qu'il veut. |
Helvia |
Bah... faites quelque chose, vous pouvez pas laisser faire ça ! |
Arthur |
Bon. Trouvez quatre mecs dans le palais, je vais le suivre avec une escorte. |
Helvia |
(Anxieuse.) Quatre mecs... où voulez-vous que je trouve quatre mecs ? |
Arthur |
Bah... appelez la garde ! Vous étiez en train... |
Helvia |
(De plus en plus fort.) Gardes ? Gardes ! Gardes ! |
Salle à manger de Léodagan, jour. Léodagan, Loth, Calogrenant, Hoël et Ketchatar sont réunis autour de la table, sur laquelle est étalée une grand carte |
Léodagan |
Bon ! Faut vous tirer, maintenant. J'ai une réunion familiale. |
Hoël |
Déjà ? Mais on vient d'arriver... |
Ketchatar |
On n'a même pas bouffé ! Rien ! |
Hoël |
Bon qu'est-ce qu'on a fait, encore ? |
Léodagan |
Vous avez rien fait, je vous dis que j'ai une réunion familiale ! |
Calogrenant |
Et... vous pouvez pas la faire à un autre moment ? |
Léodagan |
À un autre moment que quoi ? |
Calogrenant |
Bah que le même moment où nous on est là ! |
Léodagan |
Non mais vous êtes plus là, vous ! Puisque je vous dis de vous tirer ! |
Loth |
Mais dites, vous avez une idée du temps que ça nous prend de venir jusque chez vous en Carmélide ? |
Hoël |
Oh, lui... il se pointe d'Orcanie, c'est la porte à côté... moi je viens d'Armorique, hein, je vous ferais dire ! Des jours et des jours de voyage ! |
Léodagan |
Hé bah justement ! Plus vite vous partez, plus vite vous serez rentrés ! Allez, foutez le camp. |
Ketchatar |
Non mais ça... ça je m'en souviendrai. |
Léodagan |
Non, les gars... puisque je vous dis que c'est familial... vous voudriez pas que mon équilibre familial tombe en rideau« en rideau » (loc.) Hors d'usage, en panne En savoir plus, quand même ? |
Loth |
Moi les premières années avec ma femme, euh... je faisais, ces conneries, aussi. Une réunion hebdomadaire, pour « régler les problèmes avant qu'ils ne s'enveniment ». Résultat aujourd'hui, quand elle tombe sur moi dans les couloirs de la maison, elle a des remontées gastriques, elle me trouve laid et con, et elle essaie de me tuer trois fois par semaine. Euh depuis, euh... les tables rondes... j'y crois plus beaucoup ! |
Léodagan |
(Feignant de sourire.) Ah bah c'est super. Vous finirez de raconter ça à vos potes, sur le chemin de retour. Allez ! Déblayez. |
(Loth, Calogrenant, Hoël et Ketchatar se lèvent.) |
Quartiers riches, jour. Caesar et Arthur ont une conversation animée. Une escorte de quatre gardes se tient près d'eux. |
Arthur |
Non, écoutez. Moi je veux bien qu'on fasse un petit tour, mais là, sur le forum ! |
Caesar |
Mais... qu'est-ce que j'en ai à cirer, du forum ? Je le vois de ma fenêtre ! |
Arthur |
Mais où vous voulez aller, alors ? |
Caesar |
(Malicieux.) Dans le ghetto. |
Arthur |
Dans le ghetto ? Non mais vous êtes timbré ! |
Caesar |
Quoi ? T'y vas jamais, toi, dans le ghetto ? |
Arthur |
Mais moi je suis pas chef suprême de la première puissance mondiale, moi ! Je vais où je veux, moi ! |
Caesar |
Mais moi non plus, je suis pas le chef suprême de la première puissance mondiale... le chef suprême de la première puissance mondiale, c'est celui qui tire les ficelles, dans l'arrière-boutique. Moi, je suis juste... un spectacle de marionnettes. Voilà. « La petite journée désarticulée de Caesar le pantin. » Et ça se passe... dans le ghetto ! (Part.) |
Arthur |
(Fait signe aux gardes de venir, et suit Caesar à contrecœur.) |
(L'escorte suit Arthur.) |
Marché romain, jour. Caesar gambade dans les ruelles du marché, tenant un rudius en bois. Arthur et l'escorte le suivent tant bien que mal. Les soldats de l'escorte sont chargés de marchandises diverses : sacoches, salades, ananas... |
Caesar |
(Rejoignant l'étal d'un marchand de pêches.) Je veux une pêche ! |
Arthur |
Non non non non ! |
Caesar |
Si, je veux une pêche ! |
Arthur |
Non, non non non non, vous en avez déjà bouffé quatre, vous allez être malade ! |
Caesar |
Je m'en fous ! Je veux une pêche. |
Arthur |
Non. |
Caesar |
Je veux une pêche ! |
Arthur |
Non et non ! |
Caesar |
(Brandit son rudius en bois.) Attention... j'ai mon rudius... que mon copain Arturus m'a acheté ! |
Arthur |
Vous allez pas attaquer le marchand avec, hein ! |
Caesar |
Oh hé hé ! Je veux, que je vais attaquer le marchand avec ! |
Arthur |
Non ! |
Caesar |
Bon, bah alors... achète-moi une pêche ! |
Arthur |
Ça fait une heure qu'on vous achète tout ce qui vous tombe sous le nez, si jamais on nous attaque, les gardes peuvent même pas vous défendre, parce qu'ils sont obligés de transporter vos saloperies ! |
Caesar |
Mais si on m'attaque je m'en fous ! J'ai mon rudius ! |
Arthur |
Allez on rentre, maintenant... |
Caesar |
Non ! |
Arthur |
On rentre ! |
Caesar |
Non et non ! Là. Je veux une pêche. Et je veux attaquer des connards... avec mon rudius. |
Arthur |
Attention ! Vous savez ce qu'on a dit quand on a acheté le rudius ! On a dit « D'accord, mais on n'attaque pas les gens avec ! » |
Caesar |
(Visant de son rudius un mendiant assis devant l'étal du marchand de pêches.) Je veux attaquer le clodo, là... |
Arthur |
Non ! |
Caesar |
Bon, bah alors, euh... (s'approche d'une jeune femme) je veux toucher le cul de la fille, là ! |
Arthur |
Non non non non non non ! |
Caesar |
Bon bah alors, euh... j'attaque la fille, et je touche le cul du clodo ! |
Arthur |
Non et non ! |
Caesar |
Bon, alors euh... tu m'achètes une pêche. |
Arthur |
(Prend de l'argent dans un sac accroché au cou d'un des gardes de l'escorte.) Bon... ça va bien... là voilà, votre pêche. La voilà, votre pêche ! (Donne l'argent au marchand.) Hop ! (Prend une pêche, qu'il donne à Caesar.) Voilà. On peut rentrer maintenant, avant de créer une émeute ? |
Caesar |
Non ! (S'enfuit parmi la foule.) Allez allez allez allez ! |
Arthur |
(Suit Caesar, exaspéré.) |
(L'escorte suit Arthur.) |
Tente de Macrinus, jour. Macrinus lit un message, Cordius se tient vers l'entrée. |
Cordius |
Je vois pas ce qui est pas clair. |
Macrinus |
C'est pas possible que ce soit aussi simple que ça ! |
Cordius |
Et pourquoi ça devait être compliqué ? Votre affectation en Bretagne est terminée, vous rentrez chez vous, c'est tout ! |
Macrinus |
C'est tout ? Treize ans qu'ils me laissent pourrir sur pied dans ce pays de merde, treize ans ! Maintenant ils m'envoient un message, il faut que je rentre chez moi ? |
Cordius |
Vous vouliez qu'ils envoient quoi d'autre ? |
Macrinus |
(Hurlant.) Mais qu'est-ce qui leur fait croire que ça existe encore, chez moi ? Est-ce qu'un type qui a foutu le camp treize ans peut encore avoir un chez-soi ? C'est complètement absurde ! |
Cordius |
Ah, c'est l'armée, quoi... je sais, c'est dur... mais enfin ça devrait pas tellement vous surprendre ! Oh et puis ils vont sûrement vous trouver un poste très important dans l'administration... |
Macrinus |
De quoi ? |
Cordius |
Ah, je savais que ça allait pas vous plaire, ça... |
Macrinus |
Treize ans de front, je vais mettre une toge, des petites sandales, je vais aller faire le pignouf au Sénat ? |
Cordius |
Ça me tue que ça vous surprenne. Comment peut-on arriver à un grade aussi élevé, en étant aussi naïf ? (Sort.) |
Marché romain, jour. Arthur, toujours accompagné de l'escorte, retrouve enfin Caesar, assis, renfrogné. |
Arthur |
Ah ! (S'assoit à côté de Caesar.) Vous savez combien de temps ça fait que je vous cours après ? Pourquoi est-ce que vous me faites faire du souci ? Vous croyez que c'est gentil ? Alors que j'essaie de vous faire plaisir ? |
Caesar |
(Ne répond rien.) |
Arthur |
Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ? Oui, je crie, je suis énervé ! |
Caesar |
(Ne dit rien.) |
Arthur |
Qu'est-ce qu'il y a, qui va pas ? |
Caesar |
J'ai pas envie de le dire. |
Arthur |
Pourquoi ? Dites-le ! |
Caesar |
Non... tu vas m'engueuler... |
Arthur |
Mais non, je vais pas vous engueuler ! |
Caesar |
Bon. Je te dis mon secret, toi d'abord. |
Arthur |
Quoi, moi d'abord ? |
Caesar |
Toi d'abord, tu dis un secret ! |
Arthur |
Mais j'ai pas de secret, moi ! |
Caesar |
Ah bah non. Je te dis pas. |
Arthur |
(Soupire, puis réfléchit un moment.) Je me suis marié, aujourd'hui. |
Caesar |
Ah bon ? |
Arthur |
Ouais. |
Caesar |
Ah bon, tu passes ta journée avec moi plutôt qu'avec ta femme ? |
Arthur |
(Hausse les épaules.) Bah oui. |
Caesar |
Bah dis donc. T'es drôlement patient... |
Arthur |
Bon alors, ce secret, c'est quoi ? |
Caesar |
(Fait « non » de la tête.) |
Arthur |
Ah bah non, écoutez, j'ai dit le mien moi maintenant ! |
Caesar |
Je me suis chié dessus. |
Arthur |
Quoi ? Quand ça ? |
Caesar |
Maintenant, là... c'est à cause des pêches... |
Arthur |
(Soupire profondément.) |
Caesar |
Tu vas m'engueuler ? |
Arthur |
Mais non, je vais pas vous engueuler... |
Caesar |
Ah, pour le coupPas certain, difficile à entendre.... c'est grave, quand même ! |
Arthur |
Mais non, c'est pas grave... c'est pas grave ! Ça peut arriver à tout le monde, ça. |
Caesar |
Qu'est-ce que je vais faire ? |
Arthur |
(Réfléchit.) Vous allez faire ce que je vous dis. Vous êtes d'accord, pour faire ce que je vous dis ? Vous avez confiance en moi ? |
Caesar |
(Hausse les épaules.) Ben oui... |
Arthur |
Ben vous inquiétez pas. On va s'en sortir, tous les deux. |
Salle à manger de Léodagan, jour. Léodagan et Séli discutent. |
Léodagan |
Y a moyen de s'en sortir à pas trop cher. |
Séli |
Pas trop cher combien ? |
Léodagan |
La petite. |
Séli |
La petite, quelle petite ? |
Léodagan |
Bah la nôtre, pas celle du voisin ! |
Séli |
Quoi, vous voulez vendre la petite ? |
Léodagan |
La marier. |
Séli |
La marier ? Au fils Pendragon ? |
Léodagan |
Tout juste. |
Séli |
Donc on se retrouverait les beaux-parents du roi... |
Léodagan |
Tout juste. |
Séli |
...et les grands-parents de l'héritier. |
Léodagan |
Tout juste. |
Séli |
C'est vrai que ce serait pas mal. Mais c'est vous, qui avez manigancé tout ça ? |
Léodagan |
Parfaitement ! Les coups de génie, j'ai pas besoin qu'on me les souffle. |
Séli |
Mmh. Et qui vous dit qu'il serait d'accord, le gamin ? |
Léodagan |
Il serait pas d'accord ! Et en voyant la gueule de sa future, il serait encore moins d'accord. |
Séli |
Hé bah alors ? |
Léodagan |
Alors... c'est lui qui propose. |
Séli |
Ah ! Hé bah si c'est lui qui propose, il est où votre coup de génie ? |
Léodagan |
Il propose parce que je cède pas ! Je lui dis que je foutrai pas les pieds dans sa fédération. Alors le gars, qu'est-ce qu'il fait ? Coincé ! Il propose la seule chose qu'il peut proposer pour me faire fléchir : ma fille... reine. |
Séli |
Pas mal. Ben maintenant faut convaincre la petite. |
Léodagan |
Convaincre la petite ? |
Séli |
Oui. |
Léodagan |
Ah bon d'accord. Comme vous sentez. Moi je pensais qu'en levant la voix... |
Séli |
Oui non, mais... c'est ça, que je dis... convaincre la petite en levant la voix ! |
Léodagan |
Ah, bon... |
Chambre de Caesar, soir. Arthur retire l'armure d'Arthur avec l'aide de celui-ci. |
Caesar |
Bah tu vois... j'avais oublié à quel point c'est chiant à porter, ces saloperies. Ah ! Où il est, le rudius ? Tu l'as pas foutu en l'air ? |
Arthur |
Je fous rien en l'air, moi ! (Saisit le rudius.) |
Caesar |
Donne. |
Arthur |
Quoi, dans le lit ? |
Caesar |
Bah oui dans le lit, qu'est-ce que ça peut foutre ? C'est un souvenir ! |
Arthur |
(Observe le rudius, sans le donner à Caesar.) |
Caesar |
Euh... tu me fais la gueule ? |
Arthur |
Non. |
Caesar |
Non... penses-tu... à peine... écoute, j'ai passé une journée aux petits oignons... viens pas gâcher mon plaisir, quoi ! |
Arthur |
Et si j'arrive pas à la retirer ? |
Caesar |
Si t'arrives pas à retirer qui ? |
Arthur |
L'épée, du rocher. |
Caesar |
Quelle épée ? Quel rocher ? |
Arthur |
En Bretagne. Pour que le peuple me reconnaisse comme roi, faut que je retire une épée d'un rocher. Et normalement y a que moi qui peux. Tous ceux qui essaient ils ratent leur coup, et... moi je vais me pointer là-bas et c'est censé marcher. |
Caesar |
Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Tu m'as jamais parlé de ça ! |
Arthur |
Non, parce que c'est de la magie ! Alors voilà, la magie, euh... si je vous l'avais dit, vous vous seriez payé ma tête. |
Caesar |
Quoi ? Mais dis donc ! T'es un rien gonflé, toi ! Je me serais rien payé du tout ! |
Arthur |
Oui, ça c'est sûr... la magie, vous pensez pas que c'est des machins de péquenauds, peut-être ? |
Caesar |
(Secoue la tête en souriant.) Attaque-moi. |
Arthur |
Quoi ? |
Caesar |
Attaque-moi ! Mais pas avec le rudius, avec ton arme à toi ! |
Arthur |
Vous êtes givré, non ? |
Caesar |
Mais fais ce que je te dis, bon Dieu ! Attaque-moi ! Droit sur le bonnet, là ! Allez, fais-moi plaisir ! |
Arthur |
Mais... mais vous allez me foutre la paix, oui, enfin ? Je vais pas vous foutre un coup de gladius sur la tronche pour vous faire plaisir ! |
Caesar |
Oh là là... puisque je te le demande, machin... vas-y ! |
Arthur |
(Dégainant son glaive.) Ah non, mais... hein ? Vous savez qu'aujourd'hui, euh... (Sifflote en mimant qu'il en a par-dessus la tête, puis abat son glaive sur Caesar.) |
Caesar |
(Contrôle la lame du glaive d'Arthur grâce à sa bague de contrôle des lames.) |
Arthur |
(Tourne sur lui-même et finit par terre, esclave des mouvements de sa lame, puis se relève.) Mais qu'est-ce que c'est que cette tisane ? Qu'est-ce que vous avez foutu ? |
Caesar |
(Retirant sa bague.) Tiens. La bague de contrôle des lames. Cadeau. (Tend la bague.) |
Arthur |
(Perplexe.) Quoi ? |
Caesar |
Quand on t'attaque... avec n'importe quelle lame... tu vises avec la bague pour bloquer, et après... tu diriges où tu veux. (Tend la bague vers Arthur.) Allez. |
Arthur |
Non mais... vous allez pas me donner ça ! |
Caesar |
Bah ! Tu m'as... tu m'as bien offert le rudius ! Allez ! Prends, vingt dieux ! |
Arthur |
(Prend la bague.) |
Caesar |
Voilà... c'est pour t'apprendre à faire confiance à la magie... parce que y a que ça qui marche, sur Terre, Arturus... la magie... le reste, pfft... ça vaut pas un rond ! |
Arthur |
(Enfile la bague.) Bon ben... qu'est-ce qu'il faut que je dise, moi, du coup ? Merci ? |
Caesar |
(Signe la tablette d'Arthur.) Hé oui. (Donne la tablette à Arthur.) Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Des bons... des mauvais... des pleines cagettes, y en a. Mais une fois de temps en temps, il en sort un... exceptionnel... un héros... une légende... des chefs comme ça, y en a presque jamais. Mais tu sais ce qu'ils ont tous en commun ? Tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret ? |
Arthur |
Non... |
Caesar |
Ils ne se battent que pour la dignité des faibles. |
Villa Aconia, soir. Arthur arrive et trouve Manilius, Merlin, le maître d'armes et le père Blaise avachis dans l'atrium, ivres morts. Aconia est assise près d'eux. |
(Manilius, Merlin, le maître d'armes et le père Blaise acclament l'arrivée d'Arthur en hurlant « Les mariés ! Les mariés ! ».) |
Drusilla |
(Arrive d'un couloir en criant.) Oh ! Qu'est-ce qu'on a dit ? On a dit qu'on s'amusait calmement ! |
Merlin |
Bah quand même, c'est le marié ! |
Drusilla |
La ferme ! |
Arthur |
Ah oui, ça s'est bien passé, donc. |
Aconia |
Ça s'est... pas mal passé. |
Drusilla |
Sauf qu'il a fallu que je mette une tarte ! |
Arthur |
Une tarte ? Ah oui, quand même. Une tarte à qui ? |
Manilius |
Non, mais euh... « à qui », c'est pas important, à qui ! |
Arthur |
C'est toi qui t'en es mangé une ? |
Manilius |
Non mais c'est normal... j'ai j'ai essayé de noyer bidule, là... |
Arthur |
Qui c'est, « bidule » ? |
Aconia |
(Désignant le maître d'armes.) C'est lui, « bidule ». |
Le maître d’armes |
C'est moi, « bidule » ! Il m'a collé la tête dans le bassin. |
Manilius |
Ouais, euh... j'étais rond, aussi, hein... |
Le maître d’armes |
Mais moi aussi, j'étais rond comme une boule ! Ça m'a pas empêché de vous mettre une torgnole... |
Manilius |
En fait j'en ai pris deux. Mais euh... j'ai cherché la merde. |
Merlin |
Moi j'ai vomi deux fois... mais c'est moi qui ai ramassé. |
Drusilla |
Je préviens Monsieur et Madame que s'ils ont dans l'idée de remplacer leur hypothétique progéniture par des groupes d'amis dans le style de celui-ci, en ce qui me concerne, y a de la démission dans l'air. |
Le père Blaise |
Hé, oh ! Hé, c'est ma datte, là ! |
Merlin |
Quoi, votre datte ? Y a pas votre nom dessus, si ? |
Le père Blaise |
Je l'avais mise exprès devant mon bol à noyaux ! |
Merlin |
C'est pas votre bol à noyaux ! |
Le maître d’armes |
(Se lève.) C'est pour tout le monde, le bol à noyaux ! |
Drusilla |
Hé ! Ça suffit ! |
(Merlin, le père Blaise et le maître d'armes commencent à se battre mollement.) |
Aconia |
Non mais ça suffit ! |
Arthur |
Ça suffit, on vous dit ! |
Abords du camp de Macrinus, nuit. Macrinus se tient en retrait du camp et regarde dans le vide, sombre. |
Cordius |
(Sort d'une tente et fait quelques pas vers Macrinus.) Bon alors, euh... qu'est-ce que je fais ? |
Macrinus |
Ben à propos de quoi ? |
Cordius |
Bah, de vos bagages... |
Macrinus |
(Ne répond rien.) |
Cordius |
(Se rapproche encore.) Bon, je les fais ou je les fais pas ? |
Macrinus |
Ouais, vas-y, fais-les, fais-les ! Ils veulent que je rentre, je vais rentrer. Mais je passerai pas une nuit à Rome, tu m'entends ? Pas une seule nuit à Rome. J'arrive, je boucle ce que j'ai à faire, et je rentre direct en Macédoine. Maison natale... olives... aubergines... fromages... |
Cordius |
Non mais, vous allez sûrement avoir plein de rendez-vous, au palais... |
Macrinus |
Ouais ben j'irai pas ! |
Cordius |
Caesar, il va peut-être vouloir vous parler ! |
Macrinus |
Ouais, j'irai pas non plus ! Je veux pas les voir ! Ni Caesar, ni les autres. (Retourne dans le camp.) |
Cordius |
Bon, en tout cas, je prépare vos bagages. (Retourne dans le camp.) |
Salle à manger de Léodagan, nuit. Léodagan, Séli, Goustan et Guenièvre discutent. |
Goustan |
Elle a dit elle veut pas, elle veut pas, foutez-lui la paix ! |
Guenièvre |
J'ai pas dit que je voulais pas... |
Séli |
Oui on sait ce que vous avez dit, il faut qu'il soit blond, là. |
Guenièvre |
Bah oui, je suis désolée, mais depuis que je suis toute petite je rêve de mon mariage, et dans mon rêve, le mari est blond, voilà, c'est tout, hein... |
Goustan |
Il est blond, euh... votre fils Pendragon ? |
Léodagan |
Mais qu'est-ce qu'on en sait ? On n'a jamais vu son pif. |
Séli |
En tout cas la mère est pas blonde ! |
Goustan |
Bah... et le père non plus était pas blond ! |
Léodagan |
Bon bah on l'a dans l'os, quoi. |
Guenièvre |
Moi je vous dis, je veux bien me marier, mais... |
Séli |
Mais il faut qu'il soit blond ! Mais ça va, on va finir par comprendre ! |
Léodagan |
(À Guenièvre.) Bon, et s'il est pas blond, qu'est-ce qu'on fait ? Vous voulez pas rendre service à votre père ? |
Séli |
Puisqu'on vous dit que c'est important ! |
Goustan |
La faites pas culpabiliser... |
Léodagan |
Mais on la fait pas culpabiliser ! On lui dit que si elle accepte pas, c'est une catastrophe, c'est tout. |
Séli |
Et puis qu'est-ce que vous en avez à foutre, qu'il soit blond ? Sérieusement ? |
Guenièvre |
Bah je sais pas, je me l'étais imaginé comme ça, c'est tout... bon, maintenant... |
Léodagan |
Maintenant ? |
Séli |
Maintenant ? |
Goustan |
(À Guenièvre.) Mais cédez pas, bon Dieu ! Vous voyez bien qu'ils sont en train de vous la faire à l'envers... |
Léodagan |
Père ! |
Séli |
(À Goustan.) Mais vous allez finir par la boucler, oui ? |
Guenièvre |
Maintenant, si vraiment ça compte pour vous... |
Léodagan |
Ah bah ça compte ! |
Séli |
Mais ça compte carrément ! |
Guenièvre |
Ben je veux bien faire un effort... |
Goustan |
(Semble agacé par la transigeance de Guenièvre.) |
Guenièvre |
Mais à une condition ! |
Léodagan |
Laquelle ? |
Guenièvre |
Je veux quitter la maison de mes parents pour aller vivre avec mon mari. Sans ça, je me marie pas. |
Léodagan |
Ah mais euh... très bien ! Très bien ! |
Séli |
Ah mais c'est parfait ! |
Léodagan |
Mmh ! |
Séli |
On comptait vous mettre à la lourde, de toute façon ! |
Léodagan |
Bah oui ! |
Guenièvre |
Ah bon ? |
Léodagan |
Tiens, et vous voulez pas emmener votre pépé, d'ailleurs ? Ça ferait un blot. |
Goustan |
Non seulement je vais rester, mais croyez-moi que je vais tâcher de crever le plus tard possible. Peut-être même après vous deux ! (Frappe la table de son poing et ricane.) |
Léodagan |
Ah ça... il en est capable. |
Guenièvre |
(Enjouée.) Bon ! Alors ? Je le vois quand ? |
Villa Aconia, nuit. Arthur est assis près du péristyle, Aconia le rejoint. Manilius, Merlin, le maître d'armes et le père Blaise font toujours la fête dans l'atrium. |
Aconia |
Tu restes tout seul dans ton coin ? (S'assoit à côté d'Arthur.) |
Arthur |
(Soupire.) Il faut que... il faut que je vous parle. |
Aconia |
Ah. Ça a pas l'air marrant. |
Arthur |
Non, ça l'est pas, non. En fait, là où on m'envoie, il se trouve que l'ennemi est très... très remonté contre la légion. |
Aconia |
C'est un peu le principe de l'ennemi, non ? |
Arthur |
Oui oui, non non mais là, attention, là je... là j'arriverai pas à le faire fléchir. En fait, euh... y aurait une solution, ce serait d'organiser un nouveau gouvernement avec lui. |
Aconia |
Avec qui, avec l'ennemi ? |
Arthur |
Voilà. C'est-à-dire une sorte de... de fédération, quoi. Et pour ça, d'après... (désigne Merlin, le maître d'armes et le père Blaise) ceux-là, y aurait qu'un moyen. |
Aconia |
Mmh. Lequel ? |
Arthur |
Il faudrait que... j'épouse la fille du chef. |
Aconia |
Ah ! |
Arthur |
Alors moi je refuse, je refuse, je refuse, je refuse... mais c'est vrai ! C'est vrai qu'à moins de ça, ça avancera pas. |
Aconia |
Et donc ? |
Arthur |
Et donc, euh... et donc, euh... voilà ! Et donc j'en sais rien ! Je... je vous le dis ! Je sais pas moi, si jamais vous acceptez, que... que je fasse un faux mariage... dans un autre pays... un mariage, euh... politique, quoi ! Je veux dire à la limite, à la limite... je veux bien accepter, mais euh... mais si vous voulez pas, ce que je comprendrais très bien... hé ben je refuse ! Et puis c'est tout ! |
Aconia |
D'accord. Mais à une condition. |
Arthur |
Quoi ? |
Aconia |
Il faudra que tu me fasses une promesse. |
Arthur |
Bah... je vous écoute... |
Aconia |
Des maîtresses, tu peux en avoir tant que tu veux, ça m'est égal. Mais s'il y a un mariage, je veux que tu me promettes de ne jamais le consommer. |
Arthur |
Ne jamais le... consommer ? |
Aconia |
Tu coucheras pas avec ta femme. |
Arthur |
Ah, euh... non mais oui, d'accord ! |
Aconia |
Jamais ! |
Arthur |
Jamais. |
Aconia |
Serment ! |
(Noir.) |
Arthur |
Serment. |
(Stab final.) |
(Fermeture.) |