Silbury Hill II
❰ Livre III – épisode 22 ❱
Salle du trône, jour. Arthur est assis sur son trône, Léodagan à côté de lui. Devant eux se tient Guethenoc. | |
Guethenoc | (Surexcité.) Un machin argenté de cinquante piedspied (n.m.) Ancienne unité de longueur valant, en équivalent moderne, 32,660 centimètres En savoir plus de long, en forme d'endive ! Avec à côté une petite boule orange et brillante là, ça a foutu le camp... (siffle) droit dans le ciel ! Mais qu'est-ce... mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? |
Arthur | (Mal à l'aise.) C'est rien. Vous inquiétez pas. Là, vous pouvez retourner dans le champ ça risque rien. |
Léodagan | Voilà, vous marchez pas sur le cercle, euh... c'est tout. |
Guethenoc | Mais quel cercle ? |
Léodagan | Vous avez bien dû voir un cercle de culture, dans le champ ? |
Guethenoc | Mais je vous dis que j'y ai pas foutu les pieds, dans le champ ! |
Arthur | Oui bah vous allez y retourner, vous allez voir, y a un cercle de culture, euh... vous mettez pas les pieds dedans. |
Guethenoc | Enfin vous pouvez quand même me dire ce que c'est, non ? |
Léodagan | Non. On peut pas. |
Arthur | Tirez-vous, maintenant. |
Guethenoc | (S'en va.) |
(Ouverture.) |
Village de Guethenoc, jour. Arthur se tient devant la porte de Guethenoc, tandis que Léodagan et quelques hommes montent la garde en arrière, entourés de villageois. | |
Arthur | (Frappe à la porte.) Ouvrez, bon dieu ! |
Guethenoc | Je vous dis que les démons nous attaquent, on va tous y passer ! |
Arthur | Ah, mais c'est pas des démons bon dieu, fermez-la, ouvrez-moi, je vais vous expliquer ! |
Guethenoc | Non, vous allez rien m'expliquer, vous allez me buterbuter (v.) Tuer En savoir plus parce que j'en ai trop vu ! |
Léodagan | (Aux gardes.) Allez, virez-moi ces glandusglandu (n.m.) Individu niais et stupide En savoir plus, là ! Allez allez allez ! Allez-voir là-bas si j'y suis ! |
(Les gardes dispersent les villageois.) | |
Arthur | (Frappe à la porte.) Ouvrez-moi cette putain de porte ! |
Guethenoc | (Criant.) On va tous crevercrever (v.) Mourir En savoir plus ! |
Arthur | (Se retourne vers Léodagan, impuissant.) |
Léodagan | Bon bah allez ! |
Arthur | (Prend son élan et enfonce la porte.) |
Maison de Guethenoc, jour. Guethenoc est au lit, prostré. Arthur et Léodagan sont dans l'entrée. | |
Guethenoc | (Criant.) Foutez le camp, vous êtes tous de mèche ! |
Arthur | Vous allez finir par la fermer, oui ou non ? |
Léodagan | On n'a pas prévu de vous buterbuter (v.) Tuer En savoir plus mais ça pourrait bien évoluer ! |
Guethenoc | Bah allez-y, qu'est-ce que vous attendez ? |
Arthur | Qu'est-ce que c'est que ces crises, que vous nous faites, là ? Tout le monde vient nous voir comme quoi vous sortez plus de chez vous ! |
Léodagan | Paraît que vous gueulez comme un dégénéré du soir au matin ! |
Guethenoc | Je gueule parce que j'ai les foies, voilà ! Et figurez-vous que y a de quoi ! Vous l'avez vu, votre... votre fameux cercle de culture, là ? Vous avez vu la tête qu'il a ? |
Léodagan | Mais c'est rien ça on vous a dit ! |
Guethenoc | Oh dis hé, me prenez pas pour un bleubleu (n.m.) Individu sans expérience, novice En savoir plus hein, ça c'est des pentacles ! Ça veut dire que le démon va débaroulerdébarouler (v.) Arriver de façon violente ou soudaine En savoir plus. |
Arthur | Mais non... |
Léodagan | Mais qu'il est con, c'est pas vrai ! |
Arthur | Un pentacle, ça a cinq branches, comme son nom l'indique. |
Guethenoc | De quoi ? |
Léodagan | Exactement ! Il a pas cinq branches, votre cercle ? |
Guethenoc | Bah non mais y a plein de petits traits réguliers, on dirait un peu des mosaïques ! |
Arthur | Oui voilà c'est pas un pentacle, vous n'avez rien à craindre. |
Léodagan | Va falloir être sage, maintenant, hein. Vous allez reprendre le boulot. |
Arthur | Vous ne parlez pas des trucs que vous avez vus s'envoler. |
Léodagan | Ah non ! Parce qu'après les gens euh... vont s'imaginer des choses. Ça va être la panique, euh... |
Guethenoc | Bah si vous voulez pas qu'ils imaginent, vous avez qu'à leur dire ce que c'est ! |
Léodagan | On peut pas. |
Guethenoc | Et pourquoi ? |
Léodagan | Parce que... |
Arthur | (À Léodagan.) Ils sont trop cons... |
Léodagan | Bah voilà, sont trop cons. |
Guethenoc | Ah ! Bah alors dites-le moi à moi, alors. |
Arthur | Non. On peut pas. |
Léodagan | Pareil. |
Arthur | Pareil. |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. Guenièvre se gratte. | |
Arthur | Qu'est-ce que vous avez ? |
Guenièvre | Ça me gratte. |
Arthur | Ben voyons ! Vous seriez pas allée voir le cercle de culture, des fois ? |
Guenièvre | (Penaude.) Si. |
Arthur | Je vous ai dit, de pas y foutre les pieds ! |
Guenièvre | Mais les gens disent que quand on rentre dans le cercle, on s'assure le retour de l'être aimé ! |
Arthur | Oh non... |
Guenièvre | Bah c'est peut-être vrai, hein ! |
Arthur | Non, déjà non, c'est pas vrai, c'est archifaux, premièrement, et deuxièmement, on peut savoir où est-ce qu'il est parti, votre être aimé, à vous, qui va revenir ? |
Guenièvre | Mais c'est vous mon être aimé... |
Arthur | Et je suis parti où, moi ? |
Guenièvre | Mais j'en sais rien, oh, j'ai pas réfléchi à ce point-là ! |
Arthur | Bah la prochaine fois, tâchez de réfléchir à ce point-là. Avant de passer pour une courge devant tout le monde. |
Guenièvre | Bah, sur le coup, j'ai pas fait attention, et puis après, je me suis dit que... comme les gens savent que vous êtes pas parti, ils allaient penser que j'attendais le retour d'un autre être aimé, et qu'il y avait une possibilité, pour que vous passiez pour un... |
Arthur | (Agacé.) C'est une possibilité, en effet ! |
(Fermeture.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit. | |
Guenièvre | Mais cette fameuse boule orange dont tout le monde parle ? |
Arthur | Je peux pas vous le dire. |
Guenièvre | (Insistante.) Mais pourquoi ? |
Arthur | Parce que vous êtes trop... |
Guenièvre | Mais trop quoi ? |
(Noir.) | |
Arthur | Vous faites partie des gens à qui je peux pas le dire. |
(Stab final.) |