Unagi II
❰ Livre II – épisode 57 ❱
Salle d'armes, jour. Perceval et Karadoc sont dans la salle d'armes, à torse nu, face à une pile de plaques de pierre. | |
Perceval | Y a quelque chose qui vous chiffonne ? |
Karadoc | Non... je regarde les plaques, là. Combien y en a ? |
Perceval | Sept. |
Karadoc | Parce que je me disais, premier jour d'entraînement à la casse, attention de pas sauter les étapes trop vite. |
Perceval | Alors qu'est-ce qu'on fait ? |
Karadoc | À mon avis, avec cinq déjà on a de quoi commencer. (Claque des doigts.) |
(Deux hommes s'approchent des plaques.) | |
(Ouverture.) |
Salle d'armes, jour. Perceval et Karadoc sont dans la salle d'armes, à torse nu, face à une pile de plaques de pierre. Ils respirent lentement, les yeux fermés. | |
Arthur | (Arrive.) Vous savez, quitte à roupillerroupiller (v.) Dormir En savoir plus autant rester dans vos piaulespiaule (n.f.) Chambre En savoir plus hein, c'est pas la peine de vous mettre en tenue... |
Perceval | Non non mais on roupilleroupiller (v.) Dormir En savoir plus pas, Sire ! On se prépare ! |
Arthur | (Indiquant les plaques d'un signe de tête.) Qu'est-ce que vous manigancez avec ça ? |
Perceval | C'est pour notre entraînement à la casse. On a décidé de commencer assez modeste. |
Karadoc | Ouais, quitte à finir plus haut que prévu hein. |
Perceval | Progressif. |
Arthur | (Après un instant.) Vous allez casser les pierres, là ? |
Perceval | Ouais ! |
Arthur | À mains nues ? |
Karadoc | (Rit.) Ah bah... bah ouais ! |
Arthur | (Donne son épée à un écuyer.) |
Perceval | Qu'est-ce que vous faites ? |
Arthur | Non mais je devais aller chez Dagonet mais ça fait rien. |
Perceval | Vous restez assister deux minutes ? |
Arthur | Je vais vous dire. Même si le pays était à feu et à sang, il serait hors de question que je loupe un truc pareil. Allez-y. |
(Perceval et Karadoc se saluent en entrechoquant leur avant-bras droit.) |
Salle d'armes, jour. Perceval et Karadoc sont dans la salle d'armes, à torse nu, face à une pile de plaques de pierre. Arthur les observe. | |
Arthur | Attendez, deux secondes. Je voulais vous... dire quelque chose. Euh... je gueule... souvent, sur vous. Non c'est vrai, je... je suis un peu sec, tout ça... mais, pour quelqu'un comme moi, qui ai facilement tendance à la dépression, c'est très important, ce que vous faites. |
Perceval | Ah bon ? |
Arthur | Oui. Parce que... je sais pas comment vous dire, c'est systématiquement débile, mais c'est toujours inattendu. Et ça c'est très important pour la... la santé du... du cigare. Je vous embête plus, allez-y. |
Karadoc | Première chose. Essayer de concentrer sa force vers le bas. (Fait un mouvement de haut en bas avec la tranche de la main.) |
Perceval | Afin d'affiner le mouvement, pour atteindre le point d'impact de façon péremptoire. |
Arthur | De façon « péremptoire » ? |
Karadoc | Bah oui ! (Reproduit son geste de haut en bas.) La force vient dans ce sens-là, et les plaques sont péremptoires par rapport à l'axe. |
Arthur | « Perpendiculaires » ? |
Perceval | Attention ! Nous on parle du croisement des axes. |
Karadoc | (À Perceval.) Non mais « perpendiculaires » ça marche aussi. (À Arthur.) Comme les plaques sont péremptoires, ou perpendiculaires, par rapport au sol... |
Arthur | « Parallèles »... |
Perceval | Non mais nous on veut dire que ça tranche. |
Arthur | Ouais... mais vous dites « ça tranche » alors, ce sera plus simple, parce que... |
Perceval | Ça tranche, mais ça veut pas dire que ça se croise ! |
Arthur | Attendez. Les plaques et le sol, ça se croise pas, c'est parallèle. Si vous voulez du perpendiculaire, vous avez... le sol et les tréteaux, par exemple. |
Karadoc | Non mais on s'en fout, on va pas casser les tréteaux... |
Arthur | Et si je vous dis que vous êtes deux glandsgland (n.m.) Imbécile En savoir plus, là vous avez du péremptoire. C'est vous qui voyez. |
Salle d'armes, jour. Perceval et Karadoc sont dans la salle d'armes, à torse nu, face à une pile de plaques de pierre. Arthur les observe. | |
Karadoc | Allez-y, Sire, montez sur les plaques ! |
Arthur | Monter sur les plaques ? Pour quoi faire ? |
Perceval | Bah comme ça vous voyez que c'est pas truqué ! |
Arthur | Non non mais c'est bon, c'est bon. |
Perceval | Allez-y, montez ! |
Arthur | Mais non, enfin ! Vous allez pas me faire crapahutercrapahuter (v.) Marcher, se déplacer En savoir plus là-dessus, je le vois bien que c'est pas truqué ! |
Karadoc | (Fait de grands gestes au-dessus des plaques avec ses mains.) |
Arthur | Qu'est-ce que vous foutez ? |
Karadoc | (Solennel.) Je vous prouve qu'il n'y a pas de système caché. |
Arthur | (Agacé.) Non mais c'est bon maintenant, arrêtez le cirquecirque (n.m.) Comportement outrancier et exagéré En savoir plus, enfin ! On va pas y passer la journée ! Je vous dis qu'il faut que j'aille chez Dagonet ! Alors j'attends que vous vous pétiez un bras et je me casse, magnez-vousse magner (v.) S'activer, se remuer En savoir plus le tronc. |
Karadoc | (Ricane.) Mais on peut pas se péter un bras ! |
Perceval | À partir du moment où c'est bien péremptoire... |
Karadoc | Ouais, sauf que... |
Arthur | Quoi encore ? |
Perceval | Y a quelque chose qui vous gêne ? |
Karadoc | Je me demande si cinq plaques, ça fait pas un peu gonzessegonzesse (n.f.) Femme ou jeune femme En savoir plus, quand même. (Claque des doigts.) |
(Deux hommes viennent poser trois plaques supplémentaires sur le tas.) | |
(Fermeture.) |
Salle d'armes, jour. Perceval et Karadoc sont dans la salle d'armes, à torse nu, face à une pile de plaques de pierre. Arthur les observe. | |
Karadoc | On va commencer avec douze, ça fera un palier. |
Perceval | Et après on fera treize, quatorze, quinze... enfin tous les chiffres impairs jusqu'à vingt-deux. |
Karadoc | (Inspire.) Prêt ? |
Perceval | Prêt, Sire ? |
Arthur | Ah bah, moi oui... |
Karadoc | (Saute et assène un grand coup sur les plaques.) |
(Noir.) | |
Perceval | Vous voulez qu'on essaie avec dix ? |
(Stab final.) |