Chambre d'Yvain, jour. Yvain et Gauvain sont allongés en tenue de nuit et mangent une collation. |
Gauvain |
La question est : « Est-ce qu'on retire l'épée du rocher ou pas ? » |
Yvain |
Ah c'est chaud. Honnêtement, y a le pour et le contre. |
Gauvain |
D'un côté, ne sommes-nous pas un peu jeunes pour nous enferrer dans une situation aussi rigide que « roi de Bretagne » ? |
Yvain |
Non mais carrément... moi je voyais ça vachement plus tard, hein. |
Gauvain |
D'un autre côté, quel prestige ! |
Yvain |
Mais carrément ! À nos âges, roi de Bretagne, ça pète quand même. |
Gauvain |
Bon alors... on la retire, on la retire pas ? |
Yvain |
(Après réflexion.) Allez, ouais ! |
Gauvain |
D'accord ! |
Yvain |
De toute façon, si on la retire pas, on va regretter. |
Gauvain |
Attention, on dit « retirer l'épée »... on oublie tout de même une petite difficulté. |
Yvain |
De quoi ? |
Gauvain |
Il va falloir décider qui de nous deux la retirera. |
Yvain |
Ça change quoi ? |
Gauvain |
Seul le possesseur d'Excalibur sera désigné comme roi. |
Yvain |
Ouais non mais nous on s'en fout de ça ! Y en a un qui la retire, et puis après il fait une loi comme quoi y a deux rois... les autres après, ils sont trop blasés quoi ! |
Gauvain |
Et Excalibur ? |
Yvain |
Quoi « Excalibur » ? |
Gauvain |
Bah, qui la portera ? |
Yvain |
Hé ben on la portera, euh... chacun notre tour un jour sur deux, et voilà ! |
Gauvain |
Vous croyez ? |
Yvain |
Bah quoi ? Vous la voulez pour vous tout seul, c'est ça ? |
Gauvain |
Mais non ! |
Yvain |
Ouais mais non, mais c'est ça allez-y, portez-la tout seul... super... truc de gamin... j'y crois même pas, quoi... |
Palais de Loth, jour. Loth et Galessin discutent. |
Galessin |
(Soupire.) Qu'est-ce qu'on fait, on l'attend, ou on l'attend pas ? |
Loth |
Je sais plus. Moi après deux heures de retard, j'ai passé le cap de l'agacement. Le peu de volonté que j'avais de me farcir une réunion avec ce débile de Dagonet a définitivement disparu. Je suis une sorte de meuble. |
Galessin |
Son message est quand même alléchant... vous voulez que je vous le relise ? |
Loth |
Avec joie ! S'il vous plaît, refaites-moi donc la lecture de cet insipide message de crétin, que vous vous obstinez à me ressasser depuis ce matin ! |
Galessin |
(Lisant.) « Arrive avec de très bonnes nouvelles, demain à midi. Présence souhaitée. » |
Loth |
(Moqueur.) Hé... c'est extraordinaire... l'émotion reste intacte, à chaque lecture ! |
Galessin |
Je suis désolé, moi ça me rend au moins curieux. |
Loth |
Parce que votre existence est merdique, mon pauvre ami... vous avez l'œil qui brille à chaque fois qu'un oiseau pète, c'est triste à voir, ça fait des années que vous menez un train de vie de noix de Saint-Jacques, alors évidemment ! Un message, qui annonce la visite d'un imbécile porteur de bonnes nouvelles, c'est déjà un petit festival pour vous ! Je suis sûr que vous vous êtes peigné pour l'occasion ! |
Dagonet |
(Arrive.) Vous êtes là ! |
Galessin |
C'est pas trop tôt... |
Loth |
Euh, « Vous êtes là ! », c'est-à-dire qu'il est surpris lui-même, ça lui viendrait pas à l'idée de raccorder le fait qu'on est là avec le fait qu'il nous l'a demandé... |
Dagonet |
Vous... vous voulez savoir la nouvelle ? |
Galessin |
(Impatient.) J'avoue que là, je serais pas contre ! |
Loth |
Moi c'est comme vous sentez... j'ai eu deux heures à vide, c'est pas si souvent, je pense que j'en ai inconsciemment profité pour dresser un petit bilan... |
Dagonet |
Bon... Arthur a replanté Excalibur dans le rocher. |
Galessin |
Quoi ? |
Dagonet |
Avant-hier ! |
Galessin |
Mais... mais vous pensez bien qu'on le sait, ça ! |
Dagonet |
Bah qui vous l'a dit ? |
Galessin |
Qu'est-ce qu'on s'en fout, de qui nous l'a dit ? On le sait, c'est tout ! |
Dagonet |
Bon bah, pardon ! |
Loth |
(Les yeux dans le vide.) J'ai soudain... la sensation limpide d'avoir gaspillé ma jeunesse... l'avoir vue s'échapper de mes mains comme l'anguille effrayée, et m'appeler à présent sur le lierre du tombeau... où patientent depuis toujours le chant des enfants, et les raisins volés... |
Camp militaire, nuit. Élias est assis près d'un feu dans un campement enneigé. |
Léodagan |
(Hors-champ, de l'intérieur d'une tente.) Non mais j'irai peut-être, hein ! Mais... (sort de la tente) je suis pas fixé, quoi. |
Élias |
Oh bah moi en tout cas j'y vais pas, hein ! Merci bien mes cousins ! |
Léodagan |
(S'assoit à côté d'Élias.) Ah c'est sûr, roi de Bretagne... c'est assez dans mes cordes... si les dieux décident de me refiler le bébé, ça tournera toujours mieux que maintenant ! Vous me direz, euh... c'est pas compliqué hein. |
Élias |
Dans la vie, il faut bosser pour personne, et il faut faire bosser personne. C'est le secret de la liberté. |
Léodagan |
Et vous, vous bossez pas pour Arthur, vous ? |
Élias |
Bah si ! Mais je me barre quand je veux... rien que d'imaginer que je retire l'épée du rocher et que je me retrouve à la tête de ce bordel, ça me fait de la spasmophilie. |
Léodagan |
Ah mais moi je vous dirais bien pareil ! Attendez, ma place elle vaut bien mieux que celle d'Arthur ! Parce que quand y a une merde... et, j'aime autant vous dire que c'est souvent, hein... c'est sur lui qu'on tape, moi je suis protégé ! |
Élias |
(Dégoûté.) Ouais, ah et puis rien que de voir tous ces clampins là, qui viennent d'on sait pas où, pour... pour essayer de tenter le coup, là... les petits princes, les mendiants, les bourgeois... tout le spectre social des glandus est représenté ! |
Léodagan |
Ouais pareil, moi ça m'écœure. |
Élias |
Bon alors, vous allez pas essayer, ou... ou bien ? |
Léodagan |
(Hésitant.) Je vais sûrement essayer, parce que ça serait trop bête... |
Élias |
Bah oui... |
Léodagan |
Mais euh... en espérant que ça marche pas, quoi. |
Salle à manger, jour. Arthur, Léodagan et Bohort mangent ensemble. |
Léodagan |
Hé, hé... c'est pas le jour de la Table ronde, aujourd'hui ? |
Arthur |
Si, mais y a pas réunion. |
Léodagan |
Oh mais c'est pas vrai ! Mais qu'est-ce qu'on fout, là ? |
Arthur |
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi... |
Léodagan |
Mais attendez, ça fait trois fois que vous annulez ! Alors je sais bien que les réunions c'est chiant, mais enfin c'est quand même pas moi qui les ai inventées ! |
Arthur |
On annule parce qu'on n'a personne. |
Léodagan |
Mais quoi, « personne » ? |
Bohort |
Nos fidèles amis Perceval et Karadoc ont fondé leur propre clan. |
Léodagan |
Ouais bah je sais bien, ça, mais euh... y a pas qu'eux, quand même ! |
Bohort |
Nos jeunes camarades Yvain et Gauvain ont eux aussi décidé de faire cavaliers seuls... |
Léodagan |
Mais ils ont rien décidé du tout, c'est nous qui les avons poussés au cul ! Et puis alors en plus, euh... « cavaliers seuls », euh... bon, ils montent pas à cheval, et euh... ils ont peur dès qu'ils s'éloignent du château. À tous les coups ils sont dans leur piaule. Ça coûte pas bien cher de les faire descendredescendre (v.) Tuer, abattre En savoir plus ! Je peux y aller, si vous voulez, moi. |
Arthur |
Ils sont autonomes, ils sont autonomes, on va pas leur demander de revenir maintenant... |
Bohort |
Le seigneur Galessin, le seigneur Dagonet... |
Léodagan |
Ouais bah alors eux c'est des raclures, c'est plutôt mieux qu'ils soient pas là ! |
Bohort |
(À voix basse.) Le seigneur Lancelot... |
Arthur |
Oh... |
Léodagan |
(Offusqué.) Oh... non enfin, Lancelot, s'il vous plaît... |
Arthur |
Enfin bref, entre ceux qui peuvent pas revenir et ceux qui sont pas là, j'ai pas de quoi faire une table, voilà. |
Bohort |
Sire, peut-être faudrait-il penser à recruter de nouvelles têtes ! |
Arthur |
Oui, bien sûr, j'ai que ça à faire, tout à fait. |
Bohort |
On pourrait peut-être confier ça à quelqu'un ! |
Léodagan |
Oui bah, pas à moi, hein... |
Arthur |
(À Bohort.) Non à vous ! Vous êtes pas surchargé de travail, que je sache ? Vous allez faire le tour des nobles du royaume de Logres auxquels on n'aurait pas encore pensé... et puis vous revenez me faire des propositions... |
Bohort |
(Sourit timidement.) Ben je vais demander à mon frère ! |
Léodagan |
(Acquiesce.) Mmh. Euh... lequel de frère ? |
Bohort |
Lionel ! |
(Arthur et Léodagan se regardent, perplexes.) |
Léodagan |
(Ne voyant pas de qui parle Bohort.) Non... |
Arthur |
Et euh... vous pensez que ce serait une bonne recrue ? |
Bohort |
Le seul souci, c'est que c'est un homme incroyablement sensible, fragile... je devrais peut-être pas dire ça, mais... c'est un incorrigible trouillard. Entre nous, il aurait bien besoin d'un peu d'action, hein... |
Arthur |
(Après un moment.) Ouais bah amenez-le, oui... ce serait dommage de passer à côté de ça... |
Taverne, jour. Karadoc boit un verre. |
Le tavernier |
(Entre, couvert de neige, tenant un rouleau de parchemin.) Hé bah Monseigneur ça pince ! (Frissonne de froid.) Oh ça picote les gencives, là ! (Frissonne.) |
Karadoc |
(Désignant le parchemin.) Qu'est-ce que vous avez là ? |
Le tavernier |
Ah ! Ça, c'est une missive de Kaamelott, je vous ferais dire ! Il faut que je fasse une annonce publique dans mon établissement personnel. |
Karadoc |
Oh là là, pas si vite ! (À Perceval.) Vous entendez ça ? |
Perceval |
(Arrivant, l'épée brandie.) Qu'est-ce qu'il y a ? Y a du grabuge ? |
Le tavernier |
Non ! Ils veulent que je fasse une annonce, pourquoi que je la ferais pas ? |
Karadoc |
Vous pouvez pas vous mettre dans le crâne qu'ici, maintenant, c'est un quartier général euh ! |
Perceval |
(En même temps que Karadoc.) Général euh ! |
Karadoc |
Kaamelott, c'est des concurrents ! |
Le tavernier |
Oui mais enfin il faut bien que j'obéisse ! |
Karadoc |
(Criant.) Non ! C'est à nous qu'il faut obéir ! |
Perceval |
(Ricanant.) Ça veut pas rentrer, ça, hein... |
Le tavernier |
Oui mais alors pourquoi que je reçois des machins de Kaamelott, alors ? |
Karadoc |
Ici, ce n'est plus Kaamelott. Ici, c'est la zone de l'équipe à Perceval et Karadoc. |
Perceval |
On n'avait pas dit qu'on s'appelait « le clan des croustillants » ? |
Karadoc |
Non, on n'a pas décidé encore. |
Le tavernier |
Bon, moi je veux bien, mais vous me faites pas avoir d'ennuis, hein... |
Karadoc |
Donc, vous nous donnez ça... (prend le parchemin) et suivant ce que c'est, on va vous dire si vous pouvez faire l'annonce ou pas. |
Perceval |
Ouais, voilà. |
Karadoc |
(Tente de lire le document, puis le redonne au tavernier.) Alors... on vous le rend, parce qu'on sait pas lire... donc, vous lisez, et après on vous dit. |
Perceval |
Ouais, voilà. |
Le tavernier |
Ouais, mais moi j'ai déjà lu, moi ! Ils veulent que je demande à ma clientèle, si y en a pas qui soient intéressés pour devenir chevaliers à Kaamelott. |
Perceval |
(Ébahi.) Ils essaient de débaucher nos mecs ? |
Karadoc |
(Reprend le parchemin, empli d'une colère froide.) Vous... (indiquant une taille avec ses doigts) vous êtes à ça du conseil de guerre... |
Perceval |
(Met le feu au parchemin à l'aide d'une bougie.) |
Palais de Loth, jour. Loth et Galessin sont assis à table, Dagonet arrive, les bras chargés de victuailles. Loth tient une lettre. |
Dagonet |
Honnêtement... je vois pas comment ça pourrait vous être destiné... |
Galessin |
Le pigeon est arrivé ici, il s'est même posé directement sur les fenêtres de la salle de la garde ! |
Loth |
Mais ils sont tous plus débiles les uns que les autres, ces pigeons... les nôtres, quand on les envoie à Kaamelott, on se les fait systématiquement ramener par la vieille de la ferme d'à côté ! |
Dagonet |
En plus, moi je suis déjà à la Table ronde, je vois pas pourquoi ils me redemanderaient une deuxième fois... |
Galessin |
Moi aussi, je suis chevalier ! (Prend la lettre.) Non, mais... ça s'adresse au roi Loth, c'est évident ! |
Loth |
(Reprend la lettre, agacé.) Ça s'adresse à personne, les pigeons sont cons, point ! |
Dagonet |
C'est peut-être une façon de se réconcilier avec vous, il vous nomme chevalier... |
Loth |
Je suis roi d'une terre rattachée à la sienne, c'est bien plus que chevalier, foutez-moi la paix ! |
Galessin |
Sauf que vous participez pas à la quête du Graal... |
Dagonet |
Ah ça c'est vrai. Ça vous intéresserait pas de participer ? |
Loth |
(Se lève et part, se retournant plusieurs fois pour renchérir.) Ah mais c'est pas possible, ça ! J'ai pas envie de participer ! À rien ! C'est pas mon genre, de participer ! Jamais je participerai ! À part à vos obsèques, bande de cons ! |
Taverne, matin. Perceval et Karadoc sont accoudés au comptoir, la taverne est pleine de monde. |
Perceval |
Bon Dieu, mais d'où ils sortent tous ces loustics ? Vous les connaissez, vous ? |
Karadoc |
Mais non, c'est tout de l'étranger, ils parlent même pas la langue ! |
Le tavernier |
(Ravi.) Vous vous rendez compte, hein ? Une salle pleine à neuf heures du matin ! Je crois que depuis que mon père a fondé l'établissement, c'était encore jamais arrivé... tiens, j'aimerais qu'il soit là pour y voir... |
Karadoc |
(Dégoûté.) Regardez-moi ça, y a même un ChinetoqueL'apparent racisme de Karadoc à l'égard des personnes asiatiques s'explique sans doute en partie par l'égoïsme dont a fait preuve Lan, son premier coéquipier, alors qu'ils étaient tous les deux affamés dans le camp de Macrinus.... |
Le tavernier |
Et puis alors euh... hé, euh... pour cette histoire de quartier général, là euh... faut admettre au début, j'y croyais pas beaucoup mais alors là... là euh... quand je vois le coup de pompe aux miches que va prendre le chiffre d'affaires, hé bah j'ai envie de dire « chapeau », et puis j'ai envie de dire « merci ». |
Perceval |
Ça a rien à voir avec le QG, ceux-là ils viennent pour retirer l'épée du rocher... des fois que ça marche et qu'ils deviennent roi de Bretagne... |
Karadoc |
Un Chinetoque roi de Bretagne ? Sans blague, on peut pas laisser faire ça ! On y va, nous, retirer l'épée ! |
Perceval |
(Exaspéré.) Une fois pour toutes, y a que le roi Arthur qui peut la retirer ! Votre Chinetoque, il peut passer trois semaines à tirer dessus, il repartira chez lui aussi con qu'il est venu ! (Hurlant.) Voilà ! (Part.) |
Karadoc |
(Rassure les occupants de la taverne.) Non non, c'est rien, c'est rien, c'est rien... |
Le tavernier |
Ah non non, mais... ils parlent pas la langue... |
Karadoc |
Bon bah merde. |
Grand salon, matin. Léodagan et Calogrenant boivent un verre ensemble. |
Séli |
(Arrive.) Tiens donc ! Qu'est-ce que vous glandez là, vous autres ? |
Léodagan |
Le jour de mon mariage... si on m'avait dit qu'elle tournerait comme ça, parole, plutôt que de dire « oui » je me serais coupé les deux guitaresguitare (n.f.) Jambe En savoir plus. Propre et net. |
Séli |
Bah c'est peut-être pas encore trop tard, grand conneau ! |
Léodagan |
Voilà. Alors moi je suis rentré dans une rengaine, hein, je me rends plus compte, mais euh... de l'extérieur, ça fait couple harmonieux ou pas ? |
Calogrenant |
Sans aller jusqu'à parler d'harmonie, euh... y a une régularité. |
Séli |
Bon, est-ce que vous connaissez le duc d'Aquitaine ? |
Calogrenant |
Le duc d'Aquitaine ? |
Léodagan |
Ah c'est ça, qui vous met de travers« mettre (quelqu'un) de travers » (loc.) Contrarier, fâcher quelqu'un En savoir plus... |
Séli |
Ça et le reste, le château est plein de visiteurs, soi-disant de marque, qui viennent pour retirer Excalibur du rocher, et qui sous couvert de visites officielles nous piratent les chambres et le garde-manger, j'en ai ma claque ! |
Calogrenant |
Et le duc d'Aquitaine ? |
Séli |
Hé bah il fait partie du lot ! Sauf que lui il se paie ma bobine, en plus du reste ! Alors, comme j'allais justement lui botter le traintrain (n.m.) Derrière, postérieur, cul En savoir plus, je vous demande si le duc d'Aquitaine c'est du gros bonnet, ou du grouillotgrouillot (n.m.) Subalterne chargé de petites besognes, serviteur, domestique En savoir plus. |
Calogrenant |
(Regardant Léodagan.) C'est du gros bonnet... |
Léodagan |
Plutôt, ouais... |
Séli |
Bon. (Part.) |
Chambre du duc d'Aquitaine, matin. Le duc d'Aquitaine dort, Séli se tient au pied de son lit avec un sonneur de corne. |
(Le sonneur sonne un grand coup de corne.) |
Le duc d'Aquitaine |
(Se réveille, hagard.) |
Séli |
(Au sonneur.) Stop, merci, foutez le camp. |
(Le sonneur sort.) |
Le duc d'Aquitaine |
Qu'est-ce qui se passe ? |
Séli |
L'hymne d'Aquitaine... ici, aux hôtes de marque, tous les matins on leur envoie leur hymne... |
Le duc d'Aquitaine |
Ah ! Ben dis donc, c'est... c'est flatteur... mais en fait, l'hymne d'Aquitaine... |
Séli |
Non mais là c'est une réduction pour trompette seule, on est obligés de réduire, vous comprenez... |
Le duc d'Aquitaine |
Ah, bah écoutez, encore une fois c'est très sympa et j'ai envie de dire que c'est ça qui compte, mais en fait, en Aquitaine, y a pas d'hymne. |
Séli |
Oui bah comme ça ça vous en fera un. Dites, je voulais vous demander... est-ce que vous vous considérez comme du gratin ? |
Le duc d'Aquitaine |
(Humble.) Oh... on va dire qu'à un niveau personnel, euh... en ce qui me concerne, j'ai su préserver une certaine simplicité, maintenant je sais pas ce que vous entendez par « du gratin »... |
Séli |
Oui non mais parce que... comme on manque de chambres et que les notables poussent au portillon, je suis obligée de me faire une idée de votre statut, voyez ? Parce que je sais même pas où ça se trouve, moi, l'Aquitaine ! |
Séli |
L'Aquitaine, euh... comment vous dire, c'est euh... vous voyez l'Armorique ? |
Séli |
Non. |
Le duc d'Aquitaine |
Euh... la GarumnaLa Garonne. ? |
Séli |
Non ! |
Le duc d'Aquitaine |
BurdigalaBordeaux.. |
Séli |
Non plus. |
Le duc d'Aquitaine |
Ouais... vous prenez les Pyrénées... |
Séli |
Non... écoutez, cher Duc, je vais pas y aller par quatre chemins, vous avez demandé une chambre pour deux, vous êtes tout seul, ça m'énerve ! Et vous ne devez qu'à votre rang supposé de ne pas être encore passé par la fenêtre avec vos bagages ! |
Le duc d'Aquitaine |
Ah non non, mais c'est parce que ma femme va venir... |
Séli |
Oui non mais on me l'a déjà faite, et tout ça pour gagner un peu d'espace, mais... quand vous serez à poil dehors, vous allez en avoir de l'espace, croyez-moi ! Allez hop ! Allez ! (Tente d'extirper le duc de son lit.) |
Le duc d'Aquitaine |
Non mais... |
Séli |
Si si si si, allez, hop ! Allez. |
Salle de la Table ronde, jour. Le duc d'Aquitaine et le père Blaise sont à la Table ronde, le père Blaise trie des documents. |
Le duc d'Aquitaine |
À votre avis, c'est en train de chauffer, là ? |
Le père Blaise |
C'est possible, oui. |
Le duc d'Aquitaine |
J'aurais jamais dû parler de cette histoire, je me doutais que ça allait faire des problèmes... |
Le père Blaise |
Écoutez, on s'adresse pas à un duc comme à un traîne-galoche. |
Le duc d'Aquitaine |
Non, mais c'était pas dit méchamment... |
Le père Blaise |
Elle vous a pas traité d'ahuri ? |
Le duc d'Aquitaine |
Non... |
Le père Blaise |
Bah de quoi, alors ? |
Le duc d'Aquitaine |
« Pédiatre »... elle a dit, je crois... |
Le père Blaise |
Elle a pas dit « pédale », plutôt ? |
Le duc d'Aquitaine |
De toute façon c'était pas dit méchamment. |
Arthur |
(Entre et va s'asseoir à côté du père Blaise.) Voilà ! Bon, excusez-moi cher Duc, hein... je suis vraiment confus, mais qu'est-ce que vous voulez... il se trouve que ma belle-mère fait parfois preuve d'une certaine véhémence... |
Le duc d'Aquitaine |
Non, mais vous allez pas vous disputer... vous savez, un sourire est souvent la solution au vilain courroux ! |
Arthur |
Ouais, tout à fait, alors j'ai pas... tout compris, là parce que ce matin c'est un petit peu la panique, euh... qu'est-ce qui s'est passé, elle vous a attaqué avec une arme, c'est ça ? |
Le duc d'Aquitaine |
Non non non non, elle m'a juste mis un coup dans la cuisse avec une petite binette... |
Le père Blaise |
Bah, donc elle vous a attaqué ! |
Le duc d'Aquitaine |
Non ! Non non, c'est une binette, c'est pour biner, c'est du jardinage, c'est pas vraiment des armes... |
Arthur |
Oui, enfin quand on commence à se les planter dans la cuisse c'est déjà moins du jardinage, tout de même. |
Le père Blaise |
Oui bon, en tout cas, y a affront, Sire. |
Arthur |
Oui, je sais bien. Je sais bien, alors voilà, ce qu'on pourrait éventuellement vous proposer, c'est... en plus des excuses officielles évidemment, la cession d'un petit bout de terre quelque part sur le royaume de Kaamelott... voilà en signe de bonne entente, euh... voilà, ce qu'on peut faire. Qu'est-ce que vous en dites, ça vous... ça vous irait, ça ? |
Le duc d'Aquitaine |
Ouais, moi ça me va... très bien, sauf... que je suis pas sûr de posséder un bout de terre du royaume de Kaamelott, je... pense que j'en ai pas, mais en... en terre d'Aquitaine, ça je peux vous trouver un très joli bout de terre, oui. |
(Arthur et le père Blaise échangent un regard, perplexes.) |
Le père Blaise |
Non ! C'est... c'est nous, qui vous cédons un bout de terre ! |
Le duc d'Aquitaine |
(Perdu.) Je comprends pas hein, pardon... vous voulez que je fasse des excuses, et vous me cédez un bout de terre. |
Arthur |
(Agacé.) Mais qu'est-ce que vous nous... non, ça me gonfle, ça dure trop longtemps... qu'est-ce que vous me faites, là ? On vous fait des excuses et puis on vous cède un bout de lopin, qu'est-ce qu'il y a ? |
Le duc d'Aquitaine |
D'accord. Redites ? |
Arthur |
On vous fait des excuses et on vous cède un bout de lopin. |
Le duc d'Aquitaine |
D'accord. Mais je fais quand les excuses à la dame ? |
Le père Blaise |
Mais... quand est-ce que vous vous excusez de quoi ? |
Arthur |
D'avoir pris de la binette dans la cuisse ? |
Le duc d'Aquitaine |
Écoutez... ce que je vais faire, c'est que je vais lui offrir un joli cadeau pour me faire pardonner. Hein ? Qu'est-ce qu'elle aime ? |
(Arthur et le père Blaise réfléchissent.) |
Arthur |
Les pièges à loups. |
Le père Blaise |
Les pendaisons. |
Le duc d'Aquitaine |
(Acquiesce.) Les pendaisons... |
Chambre du duc d'Aquitaine, matin. Le duc d'Aquitaine dort aux côtés d'un homme, Séli se tient au pied de son lit avec un sonneur de corne ; elle est armée d'une arbalète, pointée sur le duc. |
(Le sonneur sonne un grand coup de corne. Le duc et son compagnon de lit se réveillent.) |
Séli |
Debout là-dedans, les pognes bien en l'air ! |
Le duc d'Aquitaine |
(Se protège le visage.) Attendez ! Attendez, attendez, attendez... |
Séli |
Qu'est-ce que c'est que ce micmac ? |
Le duc d'Aquitaine |
Alors... j'ai bien compris la problématique de la chambre à deux, du coup, j'ai été en bas dans le couloir avec les notables, là, qui attendent d'être logés, j'ai proposé à cette personne de partager le lit... voilà, et... comme ça la chambre est remplie le temps que ma femme arrive ! |
Séli |
Et c'est qui, celui-là ? C'est le roi de quoi ? |
Le duc d'Aquitaine |
Alors bah, c'est un petit peu là que ça pèche, euh... cette personne ne parlant pas la langue, j'ai jamais en fait euh... vraiment pu lui faire dire d'où elle venait, quoi. |
Séli |
Mais vous l'avez trouvé où ? |
Le duc d'Aquitaine |
Bah en bas, dans le couloir avec les autres ! Alors au début, je me suis dit : « C'est le roi Bahram VI. » |
Séli |
Le couloir en bas, c'est les clodos qui viennent pour qu'on leur donne à bouffer. |
Le duc d'Aquitaine |
Comment ça ? |
Séli |
Votre pote là, c'est pas Bahram VI... c'est un clodo. |
Le duc d'Aquitaine |
Ah bon ! |
Séli |
Au fait, je suis venue vous... présenter mes excuses. |
Le duc d'Aquitaine |
Vos excuses ? Et l'arbalète, là ? |
Séli |
Ah non, l'arbalète c'est pour vous dire que excuses ou pas excuses, au moindre pet de travers je vous flanque un carreau dans les miches. Par exemple, ramener un clodo dans la chambre, ça fait partie des pets de travers. |
Le duc d'Aquitaine |
C'est un petit peu délicat de lui demander de partir maintenant, quand même... |
Salle à manger, jour. Arthur et Léodagan discutent, Arthur est sur le départ, Léodagan est à table. |
Arthur |
Bon, euh... voilà, c'est... tout est prêt, là ? Parce que, euh... j'ai pas tout à fait fini, moi ! Faut que j'y retourne, je vous... hein, c'est bon ? |
Léodagan |
(Acquiesce machinalement.) Quoi qui est bon ? |
Arthur |
« Quoi qui est bon », je sais pas, euh... vous les recevez ? |
Léodagan |
Ouais... mais qui, euh... genre ? |
Arthur |
(Épuisé.) Non, non... non, là ça me soûle là, vous avez pas regardé le registre. |
Léodagan |
(Un peu penaud.) Non... mais de toute façon on bouffe avec euh... du péteux en visite, là, du gars qui vient essayer de retirer l'épée, non ? Comme tous les jours depuis deux semaines, alors qu'est-ce que vous voulez que je foute à... à aller regarder le... registre ? |
Arthur |
Ouais, d'accord. Bon, en l'occurrence il s'agit donc du duc et de la duchesse d'Aquitaine, hein, ça vaut ce que ça vaut mais vous le saurez, comme ça vous pourrez euh... |
Léodagan |
Bah je pourrai quoi ? |
Arthur |
(Agacé.) Vous pourrez quoi, euh... dire leurs noms, peut-être, au moins ? |
Léodagan |
Ben pour quoi faire, dire leurs noms ? |
Arthur |
Oh p... (Part.) |
Léodagan |
Oh ben non, mais... |
Salle à manger, jour. Léodagan est à table avec le duc et la duchesse d'Aquitaine. |
Le duc d'Aquitaine |
Donc euh... nous, pour la petite histoire, on arrive tout droit d'Aquitaine. |
Léodagan |
(Sourit et acquiesce.) |
La duchesse d'Aquitaine |
(Lance un regard noir au duc.) |
Le duc d'Aquitaine |
Bah quoi ? |
La duchesse d'Aquitaine |
(Hausse les sourcils, méprisante.) |
Le duc d'Aquitaine |
Et... |
Léodagan |
Et ? |
Le duc d'Aquitaine |
Et vous ? |
Léodagan |
Quoi et moi ? |
Le duc d'Aquitaine |
Bah et vous. je sais pas, euh... d'où venez-vous ? |
La duchesse d'Aquitaine |
(Pour elle-même.) Oh là là, le pécore... |
Le duc d'Aquitaine |
Mais quoi ? |
La duchesse d'Aquitaine |
Non rien, c'est juste le fils de Goustan de Carmélide, on est en train de passer pour des gros touristes, mais sinon c'est sympa. |
Le duc d'Aquitaine |
Ah, mais... Léodagan de Carmélide. |
Léodagan |
Ouais ! |
Le duc d'Aquitaine |
D'accord ! Ah, je... suis confus, hein. |
Léodagan |
(Fait mine que ça n'a pas d'importance.) |
Le duc d'Aquitaine |
(À la duchesse.) En même temps c'est pas marqué dessus... |
La duchesse d'Aquitaine |
Mmh. Y a que vous au monde pour être largué à ce point là. C'est le père de la reine, juste. |
Le duc d'Aquitaine |
Alors question : est-ce que j'ai la possibilité de me montrer courtois envers les gens, même si je les ai pas reconnus, ou est-ce que je suis obligé d'être désagréable pour faire bourgebourge (n.) Personne qui expose son aisance matérielle et financière au travers de signes extérieurs de richesse En savoir plus ? |
La duchesse d'Aquitaine |
Ça fait une heure que vous admirez des bibelots en souriant comme un mongole. Vous êtes dans la salle à manger du roi pour un déjeuner protocolaire. Vous visitez pas le Parthénon ! |
Le duc d'Aquitaine |
Et c'est marqué où, dans le protocole, que je peux pas euh... juste engager poliment la conversation avec mon voisin de table ? |
La duchesse d'Aquitaine |
Bon, le repas commence dans cinq minutes. Alors on stoppe l'engueulade, et on essaie de coller un peu à l'ambiance, OK ? |
Léodagan |
Alors si vous voulez coller à l'ambiance, moi je vous conseillerais plutôt de vous maintenir dans un registre... au moins équivalent, quoi. Non non, parce que même là, après une heure de repas, euh... si vous voulez tenir la distance... non non non, vous serez sûrement obligés de revoir le volume à la hausse, hein ! |
Séli |
(Entre.) Je vous préviens, la matinée a eu sa bonne dose de pignoufs, je suis plus que crevée. Alors je préconise un déjeuner dans le calme. |
Léodagan |
(Au duc et à la duchesse.) Souvenez-vous de cette phrase, parce que dans un moment, quand vous essayerez d'éviter les tirs d'assiettes, vous me direz ce que vous en pensez. |
Le duc d'Aquitaine |
(À la duchesse.) Donc là, c'est dame Séli... |
La duchesse d'Aquitaine |
Non mais c'est bon, je sais qui c'est... |
Le duc d'Aquitaine |
Comment vous savez ? |
La duchesse d'Aquitaine |
Parce que j'ai pas été élevée chez les sangliers et que je connais quand même le nom des gens qui vous invitent... |
Léodagan |
Alors, euh... euh, test, voilà : (à Séli) c'est quoi le bocal, là ? |
Séli |
C'est pour faire parler les glands. |
Léodagan |
Ah ! Ah bah, dis donc, euh... aujourd'hui c'est sans échauffement, là ! (Au duc et à la duchesse.) Ah non non, mais... soyez sur le coup, parce que ça peut monter en chauffe en moins de trente secondes. |
La duchesse d'Aquitaine |
Mais attendez, euh... le roi vient pas, là ? |
Séli |
Pourquoi, on vous revient pas, nous ? On a trop la touche paysanne pour vous, Duchesse ? |
La duchesse d'Aquitaine |
(Au duc.) Euh... ouais ? Un petit commentaire, quelque chose ? |
Le duc d'Aquitaine |
Un commentaire ? Euh... |
La duchesse d'Aquitaine |
Bah si vous le sentez hein ! Je viens de me faire quicherquicher (v.) Frapper, gifler En savoir plus la tête, il me semble que vous étiez là... ça vous inspire, là ou y a rien qui vient ? |
Arthur |
(Entre.) |
La duchesse d'Aquitaine |
(Se lève, et tape sur le bras du duc.) |
Le duc d'Aquitaine |
(Se lève.) |
Arthur |
(S'assoit.) |
Le duc d'Aquitaine |
(Voyant que Léodagan et Séli sont toujours assis.) Euh... peut-être il fallait pas se lever, là ? |
Léodagan |
Oui, peut-être pas, non... |
Arthur |
Bien sûr qu'il faut se lever... c'est marqué dans le protocole je vous signale, à chaque fois que je rentre dans une pièce vous êtes censés vous lever. Si un jour j'additionne toutes les fautes diplomatiques que ça fait, je pense que je peux demander une jolie réparation. |
Léodagan |
Ah non mais ça demander, euh... vous pouvez toujours... |
Arthur |
Ouais. Asseyez-vous, cher Duc ! |
(Le duc et la duchesse s'assoient.) |
Arthur |
Ça fait plaisir de vous voir, ça fait longtemps ! |
Le duc d'Aquitaine |
Ouais, ouais, ouais, bah ouais ça fait... combien ? |
Arthur |
Je sais pas. |
Le duc d'Aquitaine |
Dans les... euh... combien, à peu près ? |
Arthur |
J'en sais rien. Qu'est-ce que je veux dire ? (Insistant, lançant des regards en direction de la duchesse.) Euh... voyez ? |
La duchesse d'Aquitaine |
(Au duc, à voix basse, hors d'elle.) Présentez-moi... |
Le duc d'Aquitaine |
Oui ! Pardon. Alors... j'ai envie de dire en toute simplicité : la duchesse d'Aquitaine. |
La duchesse d'Aquitaine |
(Salue Arthur d'un signe de tête poli.) |
Arthur |
(Perplexe.) D'accord... |
Le duc d'Aquitaine |
Y a... |
Arthur |
De quoi ? |
Le duc d'Aquitaine |
Non je sais pas j'ai l'impression que vous... |
Arthur |
Non non non non, pas du tout, pas du tout ! Euh... si, alors là... non, parce que... (à la duchesse) depuis la dernière fois que je vous ai vue, vous avez perdu quoi ? Deux cents livreslivre (n.f.) Ancienne unité de mesure de masse En savoir plus, à vue de pied ? En tout cas ça vous va très bien ! Ça vous rajeunit, vous faites trente ans de moins ! |
Le duc d'Aquitaine |
Ah mais non, mais... d'accord ! Vous, vous êtes encore sur l'ancienne ! |
Séli |
Ah mais oui mais c'est ça ! C'est pas celle que je connais ! |
Le duc d'Aquitaine |
Tout à fait. |
Séli |
Voilà ! |
Le duc d'Aquitaine |
Excusez-moi, je... j'ai pas percuté, non non l'autre elle est morte, euh... les articulations soutenaient plus son poids. Donc elle a commencé par se remplir d'eau par les coudes, et après c'est passé aux chevilles, c'est remonté aux genoux, et un matin elle avait tellement gonflé que j'ai appelé la garde ! Alors, euh... ils sont venus, ils lui ont mis un coup de lance, et puis elle a essayé de se, de se... de se faufiler, comme ça, pour se cacher sous le buffet... et puis elle passait pas, parce que bon, ben.... elle avait plus conscience de sa masse, donc elle est restée là, comme ça, pouf. Et puis... quoi, six heures après, elle était crevée ? |
(Un silence pesant flotte dans la pièce.) |
Le duc d'Aquitaine |
Donc : la duchesse d'Aquitaine. |
La duchesse d'Aquitaine |
Alors là, je cherche... mais je me souviens pas m'être autant tapé la honte, comme ça. |
Arthur |
En tout cas bienvenue. Hein, voilà. Bienvenue, cher Duc, la pêche ? Vous êtes venu un petit peu pour euh... essayer de retirer l'épée du rocher ? |
Le duc d'Aquitaine |
Euh... |
La duchesse d'Aquitaine |
(Acquiesce.) Ouais... ouais ! |
Le duc d'Aquitaine |
On était plus ou moins partis là-dessus, on n'est pas hyper fixés en fait, euh... |
La duchesse d'Aquitaine |
Ah non mais ça y est ! D'accord, je comprends. Non mais ce que vous allez faire, c'est que vous allez arrêter de parler, en fait... et ce sera plus simple. Oui, il vient pour ça. Carrément, Sire. |
Léodagan |
Non parce que c'est vrai, on n'a pas vu votre tronche depuis, depuis, euh... vingt-cinq ans, là... vous êtes bien venu chercher quelque chose, quand même. |
La duchesse d'Aquitaine |
Voilà. |
Le duc d'Aquitaine |
Bah c'est plutôt la petite, enfin c'est plutôt ma femme, euh... vous savez, elle se monte le bonnet, là depuis des semaines sur cette histoire de... d'épée, alors je sais pas, peut-être qu'elle se voit euh... reine de Bretagne ! |
(Le duc et Léodagan rient.) |
Arthur |
(Sourit, un peu gêné.) |
La duchesse d'Aquitaine |
Ouais ! Ouais voilà, voilà... voilà. Non c'est la bonne solution, de me faire passer pour euh... une connasse ambitieuse... non c'est très bien ! |
Séli |
Dites euh, je pense à un truc là, puisqu'on est partis dans la convivialité, euh... est-ce que j'annulerais pas la bouffe tout de suite, non ? Non ben... |
Salle à manger, jour. Arthur, Léodagan, Séli, le duc et la duchesse d'Aquitaine mangent ensemble. |
Le duc d'Aquitaine |
Alors, le plus simple qu'on avait trouvé pour la transporter, c'était une barge. Sauf qu'une fois, les amarres ont lâché, et elle se retrouve à foutre le camp vers la cascade... |
Séli |
Comment ça se fait que vous mangez pas vos desserts ? |
Arthur |
Bah euh... non, non, ça va. |
Séli |
Non mais ça va très bien, je vous remercie, je voudrais savoir pourquoi vous mangez pas vos desserts. |
Léodagan |
Bah... bah c'est-à-dire que pour être franc, euh... ça, ce que ça m'évoque, c'est... c'est des abricots ! |
La duchesse d'Aquitaine |
Ouais, pareil... on est juste un peu en plein hiver... |
Arthur |
Bah oui, et puis ils sont pas confits... enfin, je... je comprends pas, et moi quand je comprends pas, je mange pas. |
Séli |
Y a pas si longtemps, vous aviez un enchanteur qui s'appelait Merlin, vous vous souvenez ? À force d'être traité comme une sous-merde il a foutu le camp. Hé bah ça ça fait partie des trois bricoles qu'il a pas prises avec lui. C'est des abricots vieux de trois ans, conservés selon un procédé qu'il a inventé et dont il a jamais pu vous parler, parce que vous aviez pas le temps ! |
Le duc d'Aquitaine |
Hé bah moi j'ai envie d'essayer ! |
Léodagan |
Non non non non non ! Non, arrêtez vos conneries, non on vous dit que c'est Merlin ! |
Le duc d'Aquitaine |
(Porte un abricot vers sa bouche.) |
Arthur |
Non non non ! Non mais... non mais cher Duc, non ! La seule chose que vous risquez c'est de gerber, et éventuellement de mourir. |
Le duc d'Aquitaine |
(Mange l'abricot, et semble ravi.) Mmh ! Mmh ! |
Arthur |
(Mange un abricot et acquiesce.) C'est hyper bon. |
Séli |
Bah voilà. Finalement, ce serait peut-être pas mal que ce soit le duc qui retire l'épée. Il se comporterait peut-être un peu moins comme un fumier ! |
Taverne, nuit. Perceval, Karadoc, Merlin et le tavernier boivent un verre dans la salle déserte. |
Le tavernier |
(Bâille.) Bon... bah va peut-être falloir penser à faire dormir les yeux ! |
Perceval |
Ouais, ça commence à se faire tard. Hé, tavernier... vous avez pas une chambre de rab' ? |
Le tavernier |
Euh... oui, je... j'en dispose, mais qu'est-ce que vous entendez par euh... « de rab' » ? |
Karadoc |
Bon, bah vous voyez bien que c'est un peu la pagaille, ce soir ! J'ai une de mes gamines, ma femme, celui-là, euh... peut-être que pour notre enchanteur, vous pourriez faire un geste commercial... |
Merlin |
Vous allez pas nous entasser comme des harengs dans une seule chambre, quand même ! |
Perceval |
Ouais... je pense que y a un minimum de dignité... |
Le tavernier |
Ah non mais moi la dignité je suis drôlement pour hein, je vais même vous dire, au nom de la dignité je suis prêt à vous donner toutes les chambres que vous voulez ! La seule chose que je vous demande, c'est de les payer ! C'est tout ! |
Karadoc |
Non mais oh, c'est notre quartier général ou quoi, là ? |
Le tavernier |
Oui, et à ce titre comme convenu, vous jouissez de l'usufruit d'une chambre. Une, pas quarante. |
Perceval |
(À Merlin.) Bon, bah vous allez dormir avec nous ! Vous ferez gaffe, Karadoc il pète en dormant. |
Karadoc |
Ah ouais ? |
Perceval |
Ouais. |
Karadoc |
Classe ! |
Chambre de la taverne, nuit. Karadoc et Mevanwi dorment dans le lit du bas, Perceval et Mehgan dans le lit du haut, et Merlin sur une paillasse. |
Mehgan |
(Passant la tête à travers un trou dans son sommier.) Père ! |
Karadoc |
Quoi ? |
Mehgan |
Elle est où Mehben ? |
Karadoc |
(Soupire bruyamment.) |
Mevanwi |
Jamais elle dort, cette gosse ? |
Karadoc |
Mehben, elle est à Kaamelott avec tata Demetra ! Alors maintenant tu dors. |
Mehgan |
Mais je peux pas dormir ! |
Karadoc |
Hé bah tu dors quand même. |
Mevanwi |
(Soupire.) Elle va avoir les yeux au milieu de la figure, demain... |
Mehgan |
Mais pourquoi Mehben elle est à Kaamelott et pas moi ? |
Karadoc |
(Soupire.) Ta sœur, elle est à Kaamelott, parce que... voilà, et on est là... dors. |
Mehgan |
Mais tonton Perceval il prend toute la place ! |
Perceval |
C'est même pas vrai ! |
Merlin |
Mais vous allez la boucler à un moment, oui ? |
Karadoc |
Oh, vous, si vous supportez pas le bruit, vous avez qu'à vous payer votre chambre ! |
Merlin |
Ah attention hein ! Si c'est pour être reçu à contrecœur, je préfère encore partir ! |
Perceval |
Hé bah qu'est-ce que vous attendez ? |
Mevanwi |
Oh, mais taisez-vous ! |
Merlin |
Franchement, je me demande ce que vous foutez à vingt-cinq dans ce clapier, alors qu'il vous reste une piaule au château ! |
Karadoc |
(Criant.) On n'a plus de piaule au château, parce qu'on est autonomes ! |
Mevanwi |
Mais si, on a encore une piaule au château... |
Karadoc |
Quoi ? |
Mevanwi |
Ils l'ont donnée à personne encore, mais si on veut, on peut y aller ! Et je vais vous dire... ils nous doivent bien ça hein. |
Mehgan |
Allez ! On y va ! |
Karadoc |
Non mais attendez, c'est quoi cette histoire ? On est indépendants, on n'a rien à faire dans un château ennemi ! |
Merlin |
« Ennemi », vous croyez pas que vous poussez un peu, non ? |
Perceval |
Et vous, au lieu de critiquer, vous l'avez rendue votre piaule à Kaamelott ? |
Merlin |
(Criant.) Mais parfaitement, Monsieur Perceval ! J'ai dit à tous ces braves gens que je foutais le camp, c'est pas pour me garder une piaule au cas où ! Je suis pas du genre à faire demi-tour dès que ça devient difficile ! |
Karadoc |
Mais qui... qui... qui fait demi-tour, là ? |
Merlin |
J'ai pas besoin d'eux, moi... j'ai même pas besoin de vous non plus, j'ai... (hurlant) j'ai même pas besoin de piaule tiens, je peux très bien dormir dans la nature, avec la voie lactée pour seule couverture, alors flûte ! |
Perceval |
Hé bah allez-y dans la nature, personne vous retient ! |
Merlin |
C'est ce que je vais faire pas plus tard que demain, parce que votre clan autonome, il commence à me courir sur le haricot, vous vous débrouillerez sans moi ! |
Karadoc |
Bon, maintenant ça suffit, tout le monde dort ! |
Mevanwi |
En plus à force de gueuler, on va se faire virer de la taverne ! On aura gagné la timbale ! |
Karadoc |
On peut pas se faire virer de notre quartier général... |
Perceval |
Mais elle comprend vraiment rien, celle-là ! |
Merlin |
Chut euh ! |
Mehgan |
On peut aller à Kaamelott ? |
(Karadoc et Mevanwi soupirent.) |
Chambre d'Arthur, nuit. Arthur et Guenièvre sont au lit, Arthur lit un parchemin. |
Guenièvre |
Je peux vous poser une question ? |
Arthur |
(Baisse son parchemin, lève les yeux au ciel et soupire.) Allez-y, oui... |
Guenièvre |
(Vexée.) Non mais dites, ça va, oui ? |
Arthur |
Bon bah c'est bon, je vous ait dit « allez-y » ! |
Guenièvre |
J'ai pas prononcé un mot depuis qu'on est au lit ! Il me semble que je vous embête pas beaucoup ! |
Arthur |
Bah justement, c'était bien ! |
Guenièvre |
(Agitant le parchemin.) Mais qu'est-ce qu'il y a de si important, dans ce parchemin, qu'on puisse pas vous en tirer, là ? |
Arthur |
Posez-moi votre question pourrie et foutez la paix à mon parchemin. |
Guenièvre |
(Après un moment.) Hé ben je sais plus. Voilà. Je m'en souviens plus. |
Arthur |
Ça devait être capital... |
Guenièvre |
Si ! Je voulais savoir pourquoi vous laissiez tous vos chevaliers former des clans séparatistes, alors que l'une de vos plus importantes missions a toujours été de fédérer les clans existants autour de votre royaume et de la quête du Graal ? |
Arthur |
(Ouvre de grands yeux.) Euh... (Soupire.) |
Guenièvre |
Enfin c'était pas exactement ça... |
Arthur |
Ah oui voilà, c'était pas exactement ça ! |
Guenièvre |
Non mais c'est presque pareil... |
Arthur |
Ah oui non mais... non mais c'est trop facile aussi, hein, moi il me faut un peu de précision, je suis désolé. |
Guenièvre |
Non mais c'était pas formulé pareil, mais... |
Arthur |
Hé bah démerdez-vous pour formuler correctement vos phrases ! Voilà... ça me semble un minimum. (Se replonge dans son parchemin.) |
Guenièvre |
(Agite le poing, frustrée.) |
Couloir du château, nuit. Perceval et Karadoc, couverts de neige, tentent d'ouvrir la porte de l'ancienne chambre de Karadoc et Mevanwi. |
Karadoc |
(À voix basse.) C'est fermé à clé... |
Perceval |
(À voix basse.) Qu'est-ce qu'on fait ? On crochète la serrure ? |
Karadoc |
Attendez, on va pas cambrioler la piaule, quand même ! |
Perceval |
On n'est pas des cambrioleurs, puisque les gardes nous ont laissé rentrer dans le château ! |
Karadoc |
Mais les gardes, qu'est-ce qu'ils y comprennent ? Ils savent même pas qu'on n'est plus chevaliers ici... ils sont tous à moitié débiles, de toute façon... |
Perceval |
Après y a pas cinquante solutions, hein... soit on crochète, soit on réveille quelqu'un qui nous ouvre. |
Karadoc |
Mais vous savez crocheter les serrures, vous ? |
Perceval |
Bien sur que je sais, le seul ennui c'est qu'on n'a pas les outils... à la limite, j'ai ma chemise, mais c'est trop mou. |
Karadoc |
Qu'est-ce qu'il faut comme outils... une tige ? |
Perceval |
Le mieux c'est une clé, c'est sûr. |
Karadoc |
Une clé, euh... n'importe laquelle ? |
Perceval |
Ah bah non, une clé qui correspond à la serrure ! Les clés de toute façon, il faut que ça soit pile-poil, sinon ça marche pas. Sécurité. |
Karadoc |
Je suis désolé, je l'ai rendue ma clé ! |
Perceval |
Bah... je suis désolé aussi, mais je me lance pas dans un crochetage de serrure avec une clé qui correspond pas ! C'est un coup à bousiller tout le mécanisme... |
Karadoc |
Bon bah j'ai pas de solution. On peut pas essayer avec une tige ? |
Perceval |
(Agacé.) Oh ! Vous voulez que je me foute en rogne ? C'est ce que vous cherchez ? La serrurerie, c'est une technique extrêmement précise, d'accord ? Des fois, y a six mois de boulot sur une serrure ! Alors vos tiges, vous vous les foutez quelque part. Moi en tout cas, j'ai le respect des artisans, et si j'ai pas exactement la bonne clé, je crochète pas. C'est vu ? |
Karadoc |
Ou alors ce qu'on fait, on enfonce la porte. |
Perceval |
Ah bah là oui, d'accord. |
Karadoc |
Ouais, sauf que si la serrure est fermée à clé... je vais me bousiller. Il faudrait au moins la crocheter un petit peu avant, pour préparer le terrain. |
Perceval |
Oh, mais vous allez prendre des tartestarte (n.f.) Coup, gifle En savoir plus maintenant hein ! Si je vous vois bricoler la serrure avec autre chose que la clé d'origine, je vous largue ici et je rentre à la taverne ! |
Karadoc |
Avec votre chemise, non ? |
Perceval |
La chemise c'est bien parce que ça abîme pas, mais c'est trop mou. |
Calogrenant |
(Arrive.) Bah... qu'est-ce que vous foutez là, tous les deux ? |
Laboratoire de Merlin, jour. Mevanwi et Élias discutent. |
Mevanwi |
Non, officiellement on n'habite plus ici... seulement, mon mari, qui est toujours à la recherche de nouvelles techniques de combat, a obtenu du roi de continuer à s'entraîner à la salle d'armes ! C'est pour ça, j'en profite pour venir vous... vous voir ! |
Élias |
Oui. Non mais vous avez bossé depuis la dernière leçon ? |
Mevanwi |
Euh... euh non, j'ai pas eu le temps, parce qu'en fait j'avais... |
Élias |
Oui, mais euh... oui, bon, alors moi, à partir du moment où vous payez, hein, vous pouvez rien glander moi ça me dérange pas. Mais par honnêteté, moi il faut quand même que je vous prévienne : la magie, c'est pas pour les feignasses. |
Mevanwi |
Ah mais je peux être très assidue ! |
Élias |
Oui, non mais assidue d'accord, mais moi je vous parle pas de trier des oignons ou de laver les slibards de Monsieur ! Je vous parle de travail ! |
Mevanwi |
Mais... je peux très bien travailler, euh... |
Élias |
Bon, attendez, moi, encore une fois, je m'en fous. Si vous faites ça en dilettante, vous allez perdre du fric, et vous saurez rien faire. Bon alors il faut choisir, hein ? Si vous sentez que votre truc c'est plus le côté bobonne, hein, il faut renoncer à tout ça... après, euh... vous allez faire une tarte aux quetsches. |
Couloir du château, jour. Arthur se tient sur le seuil de sa chambre, devant Bohort et le père Blaise. |
Arthur |
Quoi ? |
Bohort |
Nous avons un petit problème, Sire. |
Le père Blaise |
Non... |
Bohort |
(Au père Blaise.) S'il vous plaît... |
Le père Blaise |
Y a pas de « s'il vous plaît ». J'estime qu'il n'y a pas de problème alors je le dis : il n'y a pas de problème. |
Arthur |
Et pourquoi vous venez, du coup ? |
Le père Blaise |
Euh... je sais pas bien... Bohort m'a dit « Venez avec moi », je l'ai suivi... mais je ne cautionne pas. |
Bohort |
Il s'agit du seigneur Perceval, Sire. |
Arthur |
Mais il est où, le seigneur Perceval, ici ? |
Bohort |
Oui Sire, dans la salle d'armes ! |
Arthur |
Ben décidément... il a jamais été autant là que depuis qu'il est plus censé y être, celui-là... |
Le père Blaise |
C'est exactement ce que j'ai dit. Il a voulu monter son clan avec l'autre pomme, il a rien à faire ici. |
Arthur |
Mais c'est ça, le problème ? |
Bohort |
Mais non, Sire... |
Le père Blaise |
En plus il s'annonce même pas, il arrive à l'improviste... |
Bohort |
Il est venu s'entraîner avec le seigneur Karadoc. Seulement, je ne sais pas exactement ce qui s'est passé... une altercation entre nos deux compères, probablement... il s'est enfermé dans un tonneau. |
Arthur |
Quoi ? |
Bohort |
Voilà. Et il refuse d'en sortir ! |
Le père Blaise |
Moi je trouve pas que ce soit un problème... |
Bohort |
Et moi, je trouve que c'en est un ! |
Le père Blaise |
En tout cas c'est pas celui du roi ! |
Arthur |
Mais... attendez, depuis l'intérieur du tonneau, il... qu'est-ce qu'il fait, il demande quelque chose ? |
Bohort |
Non... quand on tente de lui adresser la parole, il nous intime farouchement de sortir de la pièce. |
Le père Blaise |
On n'a qu'à l'écouter, on le laisse dans son tonneau... de toute façon il finira bien par en sortir... au pire, on l'enfume par le trou du bouchon. |
Salle d'armes, jour. Arthur est assis à côté d'un tonneau dans lequel se trouve Perceval. |
Perceval |
(De l'intérieur du tonneau.) Ça fait quinze fois que je lui dis qu'il est hors de question qu'on aille retirer l'épée. C'est comme s'il avait rien entendu, ce gros malhonnête. |
Arthur |
Vous savez, si je me fais caguer à replanter Excalibur dans le rocher, c'est pour que tout le monde essaie. Même ceux qui sont proches de moi. J'espère que vous renoncez pas par peur de me vexer ! |
Perceval |
Mais je m'en fous ! Y a un roi, il s'appelle Arthur, c'est tout. On laisse les épées tranquilles. |
Arthur |
Mais c'est un symbole, Perceval... les gens réussissent pas à la retirer, et du coup comme moi j'y arrive, hé ben... ça remonte ma cote. Considérez ça comme une sorte de cérémonie. |
Perceval |
Et si j'y arrive, moi, vous vous rendez compte ? |
Arthur |
Mais vous y arriverez pas, soyez tranquille. |
Perceval |
Comment vous le savez ? Il paraît que j'ai une destinée et tout, hein... |
Arthur |
Bah justement ! Si vous avez une destinée et tout, vous serez jamais roi de Bretagne... si vous avez une destinée, vous n'avez pas de temps à perdre avec les boulots de seconde zone... croyez-moi. Maintenant vous sortez parce que j'en ai marre. |
Perceval |
Non, je sors pas. Je suis en protestation. |
Arthur |
Mais si vous voulez pas retirer l'épée, vous n'avez qu'à pas faire votre essai, et puis c'est tout ! Qu'est-ce que vous venez nous emmerder avec vos protestations ? |
Perceval |
C'est l'autre gros hareng qui veut rien savoir. |
Arthur |
Mais laissez-le faire, puisque je vous dis qu'il va pas y arriver ! |
Perceval |
C'est une question de respect. |
Arthur |
Sortez. Sans déconner, sortez. |
Perceval |
Non ! |